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venerit) videbo vos1: « Faites accueil à notre frère Timothée qui a recouvré sa liberté je vous verrai avec lui, s'il se hâte de me rejoindre en route. » Pour s'annoncer ainsi à ses correspondants, il fallait que l'Apôtre se sentît désormais. en position d'aller les visiter, et quoiqu'il parle encore de ses fers, il devait être à la veille de sa délivrance. Il atteignait donc, en ce moment même, le terme de sa captivité; or ce terme, d'après les calculs qui précèdent, fondés sur l'expiration des deux ans de séjour à Rome, du biennium énoncé par saint Luc 4, échoit en l'an 61. L'an 61, par conséquent, est la date de l'épître aux Hébreux. Si nous en croyons le verset précité, Timothée aurait partagé la prison de son maître, puisque celui-ci nous le représente « affranchi de ses liens », tandis que lui-même ne faisait que se préparer à en sortir. Toutefois l'interprète arabe, au lieu de dimissum, áoλskóμavov, « délivré de sa captivité », paraît avoir lu discessisse à nobis ad vos, áttenλubóta, « qui m'a quitté pour aller vous joindre. » Cette variante ne seraitelle pas la véritable leçon? Nulle part, en effet, à moins que ce ne soit au figuré, saint Paul n'appelle Timothée son compagnon de captivité, ainsi qu'il le dit d'Epaphras et d'Aristarque, par exemple. Bien plus, dans l'épître aux Philippiens, tandis que lui-même n'exprime que vaguement l'espoir d'aller les rejoindre, il ne fait aucune difficulté de leur promettre l'envoi prochain vers eux de son cher disciple". Il n'eût point établi cette distinction (très-marquée aussi, pour qui veut y regarder de près, dans l'intitulé de l'épître à Philémon), s'ils avaient été soumis tous deux aux rigueurs du même sort.

1 Hebr. XIII, 23.

Ibid. X, 34; XIII, 3, 19.

3 Chrysost. in ep. ad Hebr. argu

ment. 1. Op. t. XII, p. 1.

Act. XXVIII, 30.

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5 Lud. Cappel, Ubi, quando et quomodo scriptæ Paulinæ epistolæ, Critic. sacr. t. VII, col. 529.

Philipp. I, 1.
7 Philipp. II, 19.

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Quoi qu'il en soit, ce n'est pas seulement Baronius', mais encore les chronologistes que nous avons mis en présence avec lui dans le cours de ces recherches, qui datent, après saint Chrysostôme, Théophylacte et autres Pères, l'épître aux Hébreux de la fin du premier séjour et de la première captivité à Rome, de même que nous les avons vus d'accord pour grouper ensemble les épîtres aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon. Il n'y a entre notre autorité et les autres critiques cités qu'une légère différence: c'est qu'ils rapprochent les épîtres aux Colossiens, aux Philippiens et à Philémon, d'aussi près que possible de l'épître aux Hébreux, et les rangent toutes, chacun à sa manière, dans une même année, soit pour nous l'année 61, au lieu de ne reléguer à cette date que l'épître aux Hébreux, en rattachant les trois épîtres précitées aux années 59 ou 60; encore cette disposition a-t-elle été admise par Louis Cappel et par Pearson .

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XXIII.

Sommaire récapitulatif.

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Révision générale des écrits de Sénèque, faite par lui-même, à la fin de sa vie.

Les cartes géographiques sont, pour les explorateurs de contrées inconnues, l'accompagnement ordinaire et essentiel de leurs relations de voyage. De même l'excursion minutieuse que nous venons de faire dans le domaine peu étudié de la chronologie comparée des productions litté→ raires de Sénèque, et des divers livres du Nouveau Testament, qu'il a mis à profit pour ces productions, se résumera utilement à l'œil du lecteur dans le tableau synoptique suivant :

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D'après ce tableau, où il nous a paru d'ailleurs superflu de faire figurer le De irâ, et quelques autres écrits antérieurs en date à l'Evangile saint Matthieu, il n'y a, on le voit, que les Traités De brevitate vitæ, et De remediis fortuitorum, avec les Lettres à Lucilius et les Questions natu

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67 et préc.

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relles, qui soient incontestablement postérieurs au Nouveau Testament considéré dans l'ensemble de ses parties. Et cependant, s'il est vrai que les réminiscences du Nouveau Testament se rencontrent surtout chez ces derniers ouvrages de Sénèque, et de la manière la plus frappante dans ses Lettres, les écrits qui précèdent ceux-ci nous offrent à leur tour un assez grand nombre de traits empruntés à l'Evangile; tels sont, pour ne parler que des livres les plus anciens, la Consolation à Marcia et le De irá, qui abondent aussi en souvenirs évangéliques, quoique composés bien avant la plupart des Evangiles et Epîtres, la Consolation à Helvia, où nous avons rencontré une sorte de contreépreuve des définitions de la Trinité et du Verbe divin, la Consolation à Polybius, qui nous peint l'éternité et les joies de l'autre vie, ouvrages composés en exil, loin de Rome où quelques-uns seulement des Livres saints, de date alors toute fraîche encore, commençaient à peine à faire leur apparition; tel est enfin le Traité de la Providence, rédigé sous Claude vers l'an 50, et qui contient sur les misères temporelles du juste une citation de l'Epître aux Hébreux, écrite plus de dix ans après, sous Néron, en l'an 61.

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Comment concilier ces incohérences de date avec les preuves pourtant palpables de l'infusion des idées chrétiennes dans les écrits de l'auteur latin? Un critique moderne 1 a imaginé que ce sont les Evangélistes et saint Paul nommément qui auraient imité Sénèque, et non pas Sénèque qui a imité ceux-ci. Mais on ne fait par là que retourner la difficulté au lieu de la résoudre; car, si certains ouvrages de l'écrivain païen ont précédé quelques-uns des livres sacrés dont pourtant ils semblent porter l'empreinte, d'autres livres saints sont très-certainement antérieurs aux

M. Bouillet, Sénèque-Lemaire, t. IV, p. 470.

écrits de Sénèque auxquels on suppose qu'ils auraient puisé. D'ailleurs, les Evangélistes, parfaitement étrangers à la littérature romaine contemporaine, et saint Paul lui-même, quoiqu'il fût loin d'être illettré, comme nous le verrons, avaient mieux à faire en rédigeant un code de doctrines si merveilleuses par la pensée, que de recourir, pour les faire valoir, à des emprunts de forme ou de style dont une plume profane leur eût fourni l'objet.

Pour échapper à cet embarras, on est conduit à penser, ce qui ne serait pas sans précédent chez les anciens, que notre auteur s'était occupé, à la fin de sa vie, d'une révision générale de ses œuvres, et qu'il avait profité de cette révision pour insérer çà et là, même dans les écrits qui remontent au début de sa carrière, quelques-unes des idées nouvelles dont son esprit, en dernier lieu, venait de s'illuminer, sous l'influence des livres mystérieux que les circonstances lui avaient procurés dans sa vieillesse. Ainsi, remarquons-le en passant, ainsi s'expliquent ces inspirations d'une vertu plus qu'austère, se faisant jour de loin en loin à travers des tolérances de morale que nous condamnons aujourd'hui; ces élans de charité et d'amour des hommes, clairsemés sur un fond de sécheresse et de stérilité de sentiment trop habituel à l'allure des sociétés antiques; enfin ces éclairs de vérité touchant les questions les plus abstruses de métaphysique et de théologie, qui jaillissent au milieu de la nuit des systèmes et des erreurs grossières de la philosophie humaine. Un tel contraste dans les œuvres de notre auteur n'a plus rien qui nous doive étonner du moment qu'on tient pour probable qu'elles ont été écrites par Sénèque païen, mais que c'est le même Sénèque, imbu alors des principes de l'Evangile, qui plus tard les a revues et quelquefois modifiées.

Au surplus, la proposition qu'on vient d'avancer n'est point une simple hypothèse, et l'histoire elle-même en fait foi, si

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