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évidente, impose silence à toute conjecture contraire. Nous touchons maintenant la section de la correspondance de saint Paul qui se rapporte à son séjour à Rome :

git ici de Narcisse, l'affranchi de Claude, donne au lecteur à choisir entre la fixation de la date de l'épître qui contient cette mention, à une époque moins rapprochée de l'arrivée de l'auteur à Rome, et l'interprétation du passage en ce sens qu'il désigne seulement les serviteurs de Narcisse, lorsqu'il était, lui, déjà mort: Domus porrò Narcissi illius, ut opinor, qui Claudii Cœsaris libertus in primis gratiosus et polens, principio imperii Neronis, Agrippinæ operá est interfectus, vel mortuo jam tum domino, aliquâ adhuc ex parte cohærebat, vel tempus quo scripta est hæc epistola non exiguum ante adventum Pauli ad urbem significat (Comment. in ep. Pauli ad Rom. in-fo, Lugd. 1586, p. 223). Baronius soutient (Ad ann. 58, LVI) que le Narcisse en question n'est point le favori de Claude, par la raison chronologique analogue à celle qu'invoque J. Cappel, savoir que Narcisse était mort lors de l'avénement de Néron au trône, époque où fut écrite l'épître aux Romains. Mais cette raison, contestable d'ailleurs, ne suffit pas, on vient de le voir, puisque saint Paul, dans son épître, parle moins de Narcisse que de ses serviteurs, et que rien n'empêche qu'il ait désigné les serviteurs de Narcisse déjà mort. Il y a un motif plus spécieux pour supposer que le Narcisse de l'épître aux Romains n'a de commun que le nom avec l'ancien ministre de l'empire; c'est l'observation de l'Ambrosiaster ou ancien Commentaire sur l'épître aux Romains, faussement attribué à saint Am

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broise, observation suivant laquelle le nom de Narcisse se trouverait, dans quelques exemplaires, accompagné de la qualité de prêtre, presbyter. L'Ambrosiaster ajoute (p. 333, Ambrosii Op. t. II, suppl, col. 109) que si saint Paul né salue pas Narcisse en personne, c'est que celui-ci était alors absent de Rome, sans doute pour le service de l'Eglise. Or, la conduite de l'affranchi Narcisse jusqu'à sa mort ne permet guère de penser que ce soit lui qui se fit chrétien ni qu'il ait été enrôlé parmi les serviteurs actifs de la religion nouvelle. La note de l'Ambrosiaster cadrerait donc avec les bagiographes grecs et latins (Menca, 31 oct. Baron. Martyrol. rom. 31 oct.), qui reconnaissent un saint Narcisse martyr, évêque d'Athènes selon les uns (Hippolyt. De 70 disc.), de Patras selon les autres (Doroth. Synops.). De là Tillemont (Mém. etc., saint Paul, art. LIII, note LXXXIV) conclut, contrairement à l'opinion de Grotius qui ne voit qu'un païen dans le Narcisse de saint Paul, que ce Narcisse était un personnage de l'Eglise romaine, tout à fait différent de l'affranchi de Claude. Cependant M. Greppo (Trois Mémoires, etc., 1 re partie, c. VII, p. 61 et suiv.), sans nier absolument que la mention de l'Apôtre puisse s'appliquer à la maison du favori de l'empereur Claude, insinue qu'elle désignerait plutôt peut-être un autre Narcisse, connu dans le monde païen, qui paraît avoir occupé un certain rang sous Néron, et dont l'historien Dion révèle l'existence (Hist. Rom. LXIV, 3). Ce Narcisse

elle comprend l'épître aux Ephésiens, la seconde à Timothée, celles aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon, enfin l'épître aux Hébreux.

XXII.

Suite de la chronologie sacrée. Deuxième série des Épîtres de saint Paul.

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Arrivé en Judée vers la Pentecôte de l'an 58, l'Apôtre n'y demeura que quelques mois, bien qu'en aient dit Ussérius', les deux Cappel, les annalistes de Magdebourg, Pearson et Tillemont après eux, lesquels partant de l'interprétation erronée d'un passage des Actes, veulent qu'il ait été détenu captif à Césarée pendant deux ans, ou du moins qu'il se soit écoulé cet espace de temps entre son retour à Jérusalem et son embarquement pour Rome.

Le séjour de l'Apôtre parmi les Juifs à cette époque se trouve entièrement rempli par les persécutions dont il fut l'objet de la part de ses anciens coreligionnaires, de plus en plus irrités de son ardeur et de son zèle pour la foi nouvelle. Il fut même arrêté et mis en accusation devant le gouverneur, nommé Félix, qui, avant de l'avoir jugé, fut remplacé par Festus, « à l'expiration des deux années», biennio expleto, dit saint Luc. Qu'entend l'historien sacré par

fut mis à mort par ordre de Galba avec plusieurs autres citoyens de Rome, pour un motif que l'on ignore (Dio Cass. loc. cit.). Ne serait-ce pas là le Narcisse martyr canonisé par l'Eglise en même temps que le Narcisse de saint Paul? On trouvera, plus loin, quelques recherches sur les païens convertis, dont la conversion a été plus ou moins explicitement indiquée dans les auteurs profanes: le nom de ce Narcisse, signalé par l'abbé Greppo, devrait être ainsi ajouté à la no

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cet intervalle de deux années? On a proposé trois interprétations différentes : ou bien il s'agit de la durée de la magistrature de Félix qui se serait terminée au bout de deux ans, ou bien de l'incarcération de Paul en Judée, qui aurait déjà daté de deux ans lorsque Festus succéda à Félix, et telle est l'erreur qu'il nous importe de relever chez Ussérius et autres; ou bien enfin saint Luc veut dire que le remplacement de Félix par Festus eut lieu à l'expiration de la seconde année du règne de Néron. C'est ce dernier sens qui nous paraît le plus vraisemblable, ainsi qu'à Baronius1; non-seulement il laisse intactes, mais il confirme nos supputations précédentes, puisque l'an 59, pris par nous pour date de l'arrivée à Rome, coïncide précisément avec l'accomplissement des deux premières années du règne de Néron, ou en d'autres termes avec le commencement de la troisième. Si l'on veut que cet espace de deux ans s'applique à la durée des fonctions de Félix, cette interprétation ne détruirait point non plus notre calcul; mais on s'en trouve empêché par les paroles de saint Paul lui-même qui, au dire des Actes, rappelle à Félix qu'il exerçait déjà sa judicature depuis plusieurs années, ex multis annis te esse judicem genti huic sciens, ce qui fait présumer beaucoup plus de deux ans. Quant à l'application de ces deux années à la durée de la captivité de l'Apôtre, à partir du commencement de son procès, elle n'est pas raisonnablement admissible, puisque, pour l'admettre, on est obligé de se placer en dehors des faits racontés par saint Luc qui, à l'exception des deux mots fort douteux, biennio expleto, n'aurait consacré aucune mention à cette longue captivité, dans une partie de son récit où cependant il a évidemment à cœur de ne rien omettre de tout ce que fit alors et de ce qu'endura son héros. D'un autre côté, nous l'avons vu, les Pères ne reconnaissent

Ad ann. 58, CLVIII.

Act. XXIV, 10.

pas que l'Apôtre ait eu à subir nulle part un emprisonnement prolongé, excepté et avant celui de Rome.

Le calcul d'Eusèbe, qui fait arriver saint Paul à Rome dans la troisième année de Néron 1, en même temps qu'il vient exactement en aide à notre interprétation, achève de détruire l'opinion d'Ussérius, des Cappel, de Pearson et de Tillemont, qui rattachent cette arrivée, Ussérius à la neuvième année, Louis Cappel à la première, Jacques Cappel à la sixième", Pearson à la septième, et Tillemont à la huitième du règne en question.

On voit qu'il n'y a pas à remonter au delà de l'an 59, troisième année de Néron, pour chercher la date des six épîtres dont il nous reste à nous occuper, et qui sont incontestablement reconnues pour avoir été envoyées de Rome. Ici toutefois nous avons encore à nous demander si c'est pendant ce premier séjour à Rome auquel saint Luc assigne seulement deux ans de durée, ou pendant un séjour postérieur, que lesdites épîtres sont sorties de la plume de leur auteur; car, suivant une croyance qui appellera plus loin notre attention, et dont très-anciennement déjà le même Eusèbe,

1 Chron. ed. Scaliger, p. 160. Eusèbe ne donne pas directement la date de l'arrivée de l'Apôtre à Rome; il parle seulement de son départ de Césarée; or, ce départ eut lieu, selon lui, à la fin de la deuxième année du règne de Néron: Anno Neronis secundo (sub finem)... Paulus apostolus religionis suæ rationem exponens, vinctus Romam mittitur (loc. cit.): ce qui remet bien à la troisième année l'époque de son arrivée effective dans la ville des Césars. Il est vrai que la version arménienue de la Chronique d'Eusèbe présente une rédaction et un ordre chronologique fort différents: Anno Claudii 14 Felici datur successor Festus, apud

quem publicè Paulus apostolus, quum ad quæsita respondisset, præsente etiam pro tribunali Agrippa rege, vinctus Romam missus est (Euseb. Chron. lib. II, ed. Maii et Zohrab, p. 374). Mais il y a là une erreur évidente, et nul doute qu'il ne faille préférer le texte de saint Jérôme que l'on vient de lire.

2 Ann. Vet. et Nov. Test. p. 695. Hist. apostolic., Crit. sacr. t. VII, col. 493-494.

4 Compend. chron. tab., Crit. sacr. t. VII, col. 493-494.

logie.

Ann. Paul. p. 18.

Mém. etc. t. I, p. 698. Chrono

7 Act. XXVIII, 30.

qui vient d'être cité, se constitue l'interprète, il est admis que saint Paul, après une détention préventive de deux ans à Rome, fut relaxé par le jugement qui intervint, et que ce n'est que beaucoup plus tard, lorsqu'il y retourna, qu'il scella de son sang l'œuvre de propagande à laquelle il s'était voué 1. On ne doute guère que les six épîtres ne se doivent dater toutes de la première de ces deux époques', à l'exception de l'épître II à Timothée, que les Pères regardent comme le témoignage écrit le plus voisin de la fin

1 Hist. eccles. II, 22.

Eusèbe ajoute, par forme de confirmation de cette tradition: «Tels sont les détails que nous avons recueillis et desquels il résulte que ce n'est point durant le séjour de Paul à Rome, mentionné par saint Luc, que s'accomplit son martyre » : ταῦτα δὲ ἡμῖν εἴρηται παριστα μένοις, ὅτι μὴ καθ ̓ ἣν ὁ Λοῦκας ἀνέγραψεν ἐπὶ τῆς Ρώμης ἐπιδήμιαν τοῦ Παύλου, τὸ μαρτύ ριον αὐτῷ συνεπεράνθη, κτλ. (Hist. eccles. II, 22). Saint Jérôme paraît suivre la même tradition dans la notice du De script. eccles., consacrée à saint Paul. Chrysostôme dit à son tour: « Après donc que l'Apôtre eut passé deux ans à Rome dans les fers, il obtint enfin sa liberté... Il revint plus tard à Rome, et c'est alors qu'il fut martyrisé par ordre de Néron » (Argum. in epist. ad Hebr. Op. t. XII, p. 1). Outre ce passage copié à peu près littéralement par Théophylacte (Argum. in ep. ad Hebr. Op. p. 873), saint Chrysostôme s'explique encore sur les deux captivités de Paul à Rome, dans la préface de son Commentaire concernant l'épître aux Philippiens (T. XI, p. 190). Enfin, la distinction des deux séjours est adoptée par OEcumenius (Op. t. II, p. 283),

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2 Toutefois, saint Chrysostôme semble croire qu'il faut grouper sous la date du dernier séjour à Rome, à côté de l'épitre II à Timothée, celle aux Colossiens, celle à Philémon, et peut-être celle aux Ephésiens. I tient en effet l'épitre aux Colossiens pour écrite vers la fin de la prédication de l'Apôtre (In ep. ad Coloss. Op. t. XI, p. 322). Ailleurs il dit qu'elle suivit celle à Philémon (Præf. in ep. ad Rom. Op. t. IX, p. 426). Or, l'épitre à Philémon est rangée par lui dans les derniers écrits de la vieillesse de saint Paul (In ep. ad Rom. loc. cit.). Il est moins précis sur l'épitre aux Ephésiens; cependant il paraît la classer avec les précédentes, à en juger par cette réflexion: « Toutes les epîtres de l'Apôtre sont saintes; mais sous ce rapport, il y a comme un degré de plus encore dans celles qu'il a écrites au milieu des fers; telles sont les épitres aux Ephésiens, à Philémon, à Timothée, et la présente aux Colossiens» (In Coloss. t. XI, p. 322).

5 Chrysost. Præf. in ep. ad Rom. Op. t. IX, p. 426.-Theod. Præf. in ep. Pauli, Op. tom. III, p. 3.-OEcum. Op. t. II, p. 283.-Euseb. Hist. eccl. II, 22.

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