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mais il représente l'orgueil et l'égoïsme élevés à leur plus haute expression.

Ce n'est pas tout. Iahveh, comme tous les dieux des races inférieures, trouve un plaisir tout particulier à voir souffrir ses créatures. Par cela même que le spectacle de la souffrance est pour lui une félicité qui lui fait d'autant mieux goûter la joie de se sentir élevé au-dessus de la douleur, il sait gré à ceux qui souffrent de l'occasion qu'ils lui procurent de mesurer une fois de plus sa supériorité. Ceux-là i les aime, il les favorise. Heureux ceux qui pleurent! Heureux ceux qui souffrent! Heureux les pauvres! Il ne s'agit pas ici de la cause de leurs pleurs, de leurs souffrances, de leur pauvreté. Peu importe, c'est le fait qu'il considère. Lazare est au ciel parce qu'il a été pauvre ; le riche est condamné aux tourments, non pas pour avoir mal usé de la richesse, mais simplement, uniquement pour avoir été riche. Il n'y a pas là-dessus d'équivoque possible. L'idée même du sacrifice, de l'immolation, sur laquelle repose tout le christianisme, serait, comme nous le démontrerons plus loin, absolument inintelligible en dehors de cette donnée d'un Dieu que réjouit le spectacle de la souffrance.

Toutes les vertus recommandées aux disciples de Jésus seront donc des vertus d'abnégation, de mortification, de renoncement, d'abaissement, d'obéissance. La vraie vie chrétienne sera la vie à plat ventre.

Mais par la même raison, la préparation au jugement entraîne la suppression de toute la vie humaine, de toutes les institutions sociales: famille, cité, patric, travail, épargne, tout s'écroule, tout s'abîme devant la grande préoccupation de la fin du monde et du jugement prochain.

C'est ainsi seulement que l'on peut espérer la résurrection et la vie bienheureuse dan's la Jérusalem céleste.

Toutes ces conclusions sont si loin des déclamations courantes sur la grande révolution religieuse et morale apportée dans le monde par Jésus, que nous ne devons pas nous borner à des affirmations. Malgré les lenteurs et les lourdeurs de la méthode démonstrative, nous devons nous arrêter à faire la preuve de chacune de nos allégations; et cette preuve, nous ne saurions la faire plus concluante que par des citations empruntées aux écrits mêmes dont les docteurs chrétiens prétendent écraser la libre raison.

Ces citations, nous les prenons textuellement dans la traduction de l'abbé Glaire, approuvée par le pape et par dix-sept évêques et archevêques. On ne pourra donc pas nous accuser de parti-pris contre l'Évangile. Nous ne nous permettons de corriger que là où la fraude ou l'erreur sont évidentes.

Nous avons dit: 1° Que le juge qu'il s'agit de satisfaire ne connaît d'autre loi que son bon plaisir. Nous le prouverons en examinant la doctrine de la grâce et de la prédestination qui s'étale dans les Évangiles. 2° Que ce même juge n'admet d'autre morale que celle qui se rapporte à lui et fait de l'humanité un troupeau uniquement préoccupé de prévenir ses caprices. Nous le démontrerons en étudiant la morale enseignée par Jésus '.

On lira sur cette question, avec autant d'utilité que d'agrément, le livre de M. Yves GuYOT: Etudes sur les doctrines sociales du Christianisme, 2e édit., chez Marpon et Flammarion, et la Morale, du même auteur. Bibliothèque matérialiste, O. Doin, édit.

HIST. NAT. DES RELIGIONS. T. 11.

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CHAPITRE II

DOCTRINES DE LA GRACE ET DE LA PRÉDESTINATION

La première vertu qui est exigée du chrétien ne dépend pas de lui, c'est la grâce. Or qu'est-ce que la grâce? Le plus grand docteur de l'Église ancienne va nous l'apprendre :

La grâce est une action intérieure et cachée de la puissance ineffable de Dieu, par laquelle il change la volonté de l'homme et lui donne, non seulement l'aptitude à vouloir le bien, mais aussi l'impulsion qui doit l'y conduire. Sans la grâce l'homme ne peut par lui-même observer les commandements de Dieu, car la grâce consiste précisément dans la volonté de les observer, et cette grâce vient de Dieu '.

C'est grave pour une religion qui repose tout entière sur l'affirmation du libre arbitre, et dont toute l'histoire n'est que le développement des conséquences de l'abus que le premier homme est censé avoir fait de sa liberté.

Une autre lumière de l'Eglise contemporaine nous con

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Augustin, De Gratia Christi, § 24-Enchirid, ad Laurent.,c. xxx. · Op. imperf contra Julianum, l. II, c. CXLVI. De Gratia et libero arbitrio, c. XVI. De Perfect. justitiæ, c. XIX.- De Corrupt. et gratia, c. II et II.

firmera que la doctrine, sur ce point, malgré certaines subtilités des Jésuites, n'a pas changé depuis Augustin

Nous ne pouvons garder les commandements de Dieu et de 'Église sans le secours de la grâce de Dieu. La grâce est un don surnaturel, parce qu'elle est un bien que nous ne pouvons nous procurer par les forces de notre nature... Ce n'est qu'avec le secours de la grâce que nous pouvons faire des œuvres dignes du paradis..... Sans la grâce nous ne pouvons rien penser ni rien faire d'utile pour notre salut '.

Ce don. que nous obtenons sans le mériter, dépend donc absolument et uniquement de la volonté divine. Elle l'accorde à qui elle veut et comme elle veut, et sans autre raison que cette volonté même. Jésus vient de lancer sur Corozaïn, Bethsaïde et Capharnaum, les plus terribles malédictions, parce que malgré ses miracles, elles n'ont pas fait pénitenee. Il s'interrompt pour dire :

Mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, je vous rends gloire de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents et que vous les avez révélées aux petits. Oui, mon Père, parce qu'il vous a plu ainsi. Toutes choses m'ont été révélées par mon Père, et nul ne connait le Fils, si ce n'est le Père, et nul ne connaît le père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. (Matth., x1, 23 à 28. — Luc, x 21 à 23.) L'esprit souffle où il veut. (Jean, III, 8.) Comme le Père réveille les morts et les rend à la vie, le Fils vivifie ceux qu'il veut. (Id., v, 21.) Il y a des opérations diverses, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous..... A l'un est donnée par l'Esprit la parole de sagesse; à un autre la parole

A Catéchisme du diocèse de Besançon, imprimé par ordre de Mgr Matthieu, cardinal archevêque de Besançon, 1848. III partie, page 83.

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