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ses contemporains. Le nombre en serait infini. Il suffira d'en rappeler ici quelques-unes.

Le nom seul d'évangile explique la pensée qui l'anime. L'évangile, sú-ayyeλíov, veut dire « la bonne nouvelle >> de la venue prochaine du règne de Iahveh sur la terre.

<< En ces jours-là vint Jean-Baptiste prêchant dans le désert de Judée et disant: «Faites pénitence, car le « royaume des cieux approche. » Alors accouraient à lui Jérusalem, toute la Judée et tout le pays autour du Jourdain... Et beaucoup de Pharisiens et de Saducéens venaient à son baptême. Il leur dit : « Race de vipères, qui « vous a montré à fuir devant la colère qui va venir? << Faites donc de dignes fruits de pénitence... Déjà la co«gnée a été mise à la racine des arbres. Tout arbre donc <«< qui ne produit pas de fruits sera coupé et jeté au feu.» (Matth., 1,1-11.)

Jésus va se faire baptiser comme les autres, et « depuis ce temps-là il commença à prêcher et à dire «< Faites <«< pénitence, car le royaume des cieux approche. >> (Matth., Iv, 17.) Le point de départ de sa mission est donc bien marqué. C'est la prédication de Jean qui lui en a in- | spiré l'idée. Il suit l'impulsion reçue.

Quand il a réuni ses apôtres, il ne leur donne pas d'autre mission que celle qu'il s'est assignée à lui-même:

Ce sont ces douze que Jésus envoya, leur commandant en disant «< N'allez point vers les Gentils et n'entrez point dans les villes des Samaritains, mais allez plutôt aux brebis perdues de la maison d'Israël. Allant donc prêchez: « Le royaume « des cieux est proche»... En vérité je vous le dis: vous n'aurez pas fini de porter la bonne nouvelle à toutes les villes d'Israël, jusqu'à ce que vienne le Fils de l'homme.» (Math., x, 7-23.)

Voilà qui est clair, c'est l'affaire de quelques mois, de quelques années tout au plus. « Le Fils de l'homme viendra dans la gloire de son père avec ses rendra à chacun selon ses mérites. En

anges, et alors il

vérité je vous le

dis il y en a quelques-uns ici présents, qui ne goûteront pas de la mort jusqu'à ce qu'ils voient le Fils de l'homme venant dans son royaume. » (Matth., xvi, 21.)

Comme ils descendaient de la montagne,

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où venait de se produire la transfiguration de Jésus, il leur commanda disant «Ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme ressuscite d'entre les morts. » Et les disciples l'interrogèrent disant : « Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'il faut qu'auparavant Élie vienne ?» Jésus répondant leur dit : « Élie est déjà venu et ils ne l'ont point connu. >> Alors les disciples comprirent qu'il leur avait parlé de Jean-Baptiste. » (Matth., xvII, 9-13.)

Ailleurs :

Pierre lui dit : « Et nous, voici que nous avons tout quitté pour vous suivre. Qu'y aura-t-il donc pour nous ? » Et Jésus

<< Sa face resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Et voilà que Moïse et Élie lui apparurent, s'entretenant avec lui..... Une nuée lumineuse les couvrit. Et voici une voix de la nuée disant : « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances. Ecoutez-le.» (Matth., xvII, 2-5.)

Au chapitre XIII, après une série de paraboles relatives au royaume de dieu, Jésus ajoute: «Tout scribe instruit de ce qui touche le royaume des cieux est semblable au père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. » Cette phrase montre assez que Jésus ne prétend pas apporter une doctrine nouvelle. Les scribes, armés des prophéties, en savent autant que lui. Ce qu'il leur reproche c'est de s'en tenir à cette vague connaissance et de ne rien faire pour préparer les hommes au jugement. Ils savent comme Jésus que le royaume des cieux doit venir, mais ils ne se sentent pas en face de cette idée la même émotion que lui :

La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?

leur dit : « En vérité je vous dis que, vous qui m'avez suivi, lorsqu'à la régénération le Fils de l'homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël. » (Matth., xix, 27-28.)

«< En vérité je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération.» (Matth., xxm, 36.) « Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » (Matth., xxvi. 29.)

Voici plus fort encore:

Le prince des prêtres dit à Jésus : « Je t'adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es le Christ, fils de Dieu. » Jésus lui répondit: « Tu l'as dit. De plus je vous le déclare, vous verrez dès à présent le Fils de l'homme assis à la droite de la majesté de Dieu et venant dans les nuées du ciel. » (Matth., xxvi, 63-64.)

Ces textes sont bien gênants pour les croyants, qui considèrent les évangiles comme l'expression directe et authentique de la pensée de Jésus, et qui cependant n'osent pas récuser la réalité des faits. Mais

Il est avec le Ciel des accommodements.

Au point de vue de la facilité avec laquelle les traducteurs pieux dénaturent les textes les plus sacrés, quand ils ne cadrent pas avec leurs préférences, il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que dans le texte grec de Matthieu il y a une gradation bien marquée : « Oui, je suis le Messie, le fils de Dieu; mais ce n'est pas tout. Je vous dis de plus que dès maintenant vous allez voir, etc. »>

L'expression grecque άn'άpt ne peut avoir d'autre sens, c'est-à-dire que aussitôt après sa résurrection il reviendra

assis sur les nuées. Jérôme, qui écrit au Iv° siècle, trouve naturellement ce texte trop précis, puisque plus de trois cents ans se sont écoulés sans que la prédiction se soit accomplie. Il traduit donc an'άpti par amodo. Il remplace aussitôt par bientôt. Mais bientôt devient à son tour compromettant aux yeux des gens qui attendent vainement ce retour depuis plus de dix-huit cents ans, et l'abbé Glaire, avec l'approbation du pape et des évêques, remplace aussitôt et bientôt par l'expression plus commode et plus élastique de un jour. On conçoit ce que peut produire cette méthode savamment et persévéramment appliquée à l'étude du dogme et de la morale.

Pour ne pas trop allonger ces citations, j'ai laissé de côté les chapitres XX, XXIV et xxv de Mathieu, malgré leur importance. Le chapitre XXIV contient une peinture complète des signes qui précéderont et des terreurs qui accompagneront la venue de Dieu et le retour du Messie. Le xx et le xxv sont presque en entier remplis par des paraboles qui toutes se rapportent à ce même événement : le Père de famille et les vignerons, les Vierges sages et les vierges folles, le Maître et ses intendants. Il est impossible de tout donner et difficile d'abréger. Je me contenterai d'extraire quelques versets d'une importance capitale :

Comme l'éclair part de l'orient et apparaît jusqu'à l'occident, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme. Aussitôt après la tribulation de ces jours, le soleil s'obscurcira et la lune ne donnera plus sa lumière. Les étoiles tomberont du ciel et les vertus des cieux seront ébranlées. Alors apparaîtra le signe du Fils de l'homme dans le ciel; alors pleureront toutes les tribus de la terre, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec une grande puissance et une grande majesté. Et il enverra les anges qui, avec une trompette et une voix écla

tante rassembleront ses élus des quatre vents de la terre, du sommet des cieux jusqu'à leurs dernières profondeurs. Apprenez la parabole prise du figuier. Quand ses rameaux sont encore tendres et ses feuilles naissantes, vons savez que l'été est proche. Ainsi vous-mêmes, quand vous verrez ces choses, sachez que le Christ est proche, à la porte. En vérité, je vous dis que cette génération ne passera pas avant que toutes ces choses s'accomplissent. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas 1. (Matth., xxiv, 27-36.)

Il serait oiseux de prendre dans les quatre évangiles et dans les épîtres tous les textes qui se rapportent à la même préoccupation. Ils sont en nombre infini. Nous ne citerons que ceux qui ont une importance particulière.

Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, prêchant la bonne nouvelle du royaume de Dieu et disant : « Parce que le temps est accompli et que le royaume de Dieu est proche, faites pénitence et croyez à la bonne nouvelle. >> (Marc, I, 15.)

« En vérité, je vous le dis, il y en a parmi ceux ici présents qui ne goûteront pas la mort avant qu'ils aient vu le royaume

1 Ce passage de Mathieu et celui de Luc, xx1, 7-37, sont en réalité des résumés très exacts de l'Apocalypse attribuée à Jean. Pour le point qui nous occupe, les idées sont les mêmes des deux côtés. Je suis, pour mon compte, absolument convaincu que l'Apocalypse contient la vraie pensée de Jésus, et je suis persuadé que, de tous les livres soidisant apostoliques, c'est celui qui a subi le moins de remaniements, additions et interpolatious. Certaines obscurités, certaines choses infisamment expliquées au commencement, et surtout le parti pris chez les chrétiens d'attribuer à Jésus un rôle différent de celui qu'il a voulu, ont empêché ce livre de prendre la place à laquelle il avait droit dans le canon chrétien. Mais l'auteur était si plein de son sujet, la vision du royaume messianique était si présente à ses yeux et à ceux de ses contemporains, qu'il n'a pas songé à nous dire: « Voici comment et quand viendra le royaume de Dieu prêché par Jésus et quel il sera, » ce qui est en effet tout le sujet du livre et aurait coupé court à toutes les divagations imaginées par les commentateurs.

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