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NOTES ADDITIONNELLES

I

Livre III, Chap. 40 (Pag. 326).

Nous avons promis d'éclaircir le fait de la décision attribuée au pape Innocent III, concernant le secret de la confession. Est-il vrai que ce grand pape ait été d'avis qu'on pouvait révéler une confession sacrilége?

Cesarius, écrivain du XIIIe siècle, est le seul auteur qui rapporte le fait; les historiens qui en ont parlé n'indiquent aucune autre source. Il s'agit d'un religieux qui, n'ayant reçu aucun ordre, célébrait la messe : « In « domo quadam Cisterciensis ordinis, monachus quidam sine ordine cele❤ bravit... Nec tamen cessare vellet a tanta præsumptione... Ille vero ti• mens notari si cessaret, celebravit ut prius... In sequenti capitulo gene«rali, abbas idem proposuit casum eundem. Que doit-on penser d'un homme qui dit la messe sans être prêtre, et ne veut pas promettre de s'en abstenir peut-on supposer qu'il se confesse sérieusement, afin de recevoir l'absolution? Les saints canons prescrivent de traiter comme suspectus in fide tout homme qui dit la messe ou confesse sans être prêtre. Innocent III, cousulté par le chapitre général, répond, si nous pouvons ajouter foi à Césarius: « Ego dico in tali casu confessionem esse prodendam, quia potius <est blasphemia quam confessio. » En effet, une pareille confession n'a pas été faite avec l'intention sérieuse d'obtenir par l'absolution le pardon d'un péché aussi énorme.

Innocent III rendit cette décision cinq ans avant l'époque où Césarius écrivit son livre : « Ipsas vero personas prodere non debet (confessarius) < nisi in uno casu, quem infra hoc quinquennium dominus Innocentius « Papa tali modo determinavit. » Césarius composa son livre en 1222, les biographes sont d'accord sur ce point. La décision devrait par conséquent être rapportée à l'année 1217; or Innocent III était mort l'année précédente. Nous avons compulsé avec le plus grand soin le volumineux bul

laire d'Innocent III, et nous n'y avons pas remarqué le plus petit vestige de la réponse dont il s'agit. On peut consulter la collection des lettres d'Innocent III dans la Porte du Theil et Baluze.

Manrique rapporte le fait à l'année 1208, ce qui ne peut se concilier avec l'assertion de Césarius, lequel, de l'aveu de tout le monde, écrivit son livre longtemps après l'année 1213. Voici donc ce qu'on lit dans les Annales Cistercienses de Manrique, année 1208, chap. 8: « Haud tamen dubium res«ponsum Innocentii, SI TALE FUIT, non diffiniendo, sed consulendo tan«tum, neque a pontifice datum, sed a doctore. Alias ipse in concilio « generali Lateranensi, quod septem infra annos celebravit, contrarium, «< inter alia huic fortassis responso corrigendo, sancivit decretum, sine « ulla exceptione, limitationeve, cunctis indicens: Caveat omnino confes« sor, ne verbo, vel signo, vel alio quovis modo prodat aliquatenus peccato« rem.... Doctores, extra licentiam pœnitentis, nullum casum admittunt, << in quo liceat arcanum revelare. Quod ab eisdem communiter receptum « contra Gabrielem, ex Gregorii pontificis decreto sunt qui confirmant. « Sed possent melius probare ex Innocentio, SUPPOSITO EVENTU, QUEM « PRODIT CESARIUS. Quippe, SI IPSE CONTRARIUM OLIM RESPONDERAT IN « CASU ILLO SPECIALI, nullum excipere, sed absolute detractionem pro«hiberi, manifestum retractatæ sententia indicium fuit. »

Tissier a inséré le livre de Césarius dans la Bibliotheca patrum Cisterciensium, tome 2 (Bonofonte, 1672). A l'exemple de Manrique, il élève des doutes sur l'authenticité du fait : Credibile est, a Cæsario omissum aliquid ad decisionem hujus casus pertinens. Le chapitre 32 du livre III est imprimé en petits caractères; c'est le châtiment que Tissier inflige aux faits apocryphes ou douteux, ainsi qu'il en avertit dans le frontispice même : Quæ minus certa aut etiam fabulosa videbantur, fere diverso charactere exarata sunt, et in annotationibus in fine operis positis ostensa eorum falsitas aut exigua probabilitas. Au surplus, Tissier explique la réponse d'Innocent II, en faisant observer que la confession n'est pas sérieuse : « Supposuit Pon« tifex, ut videtur, eum qui se sine ordine sacrum facere confessus est et << noluit a sacrificando in posterum recipiscentiam polliceri, ficte confessum « fuisse, et non serio, seu animo absolutionis a peccato obtinendæ : alioqui << enim non diceretur blasphema illa confessio, nec esset revelanda, qua quis serio ad sacramentum pœnitentiæ accessisset, licet onus a confessario injunctum non acceptaret. »

Nous ne remarquons dans le bullaire d'Innocent III qu'une seule lettre qui ait pu donner lieu à la fable dont il s'agit. Mais le cas diffère totalement. Il y est question de l'aveu judiciaire et nullement de la confession sacramentelle. C'est un homme qui a été ordonné prêtre et a fait profession dans l'ordre de Citeaux sans dire qu'il était marié. Voici la lettre d'Innocent III: < ABBATI ET CONVENTUI GRANDISSYLVÆ. Dilectus filius Hugo Vitalis lator præsentium ad Sedem apostolicam veniens, humili nobis confessione « monstravit quod cum esset in acolythatus ordine constitutus, quamdam «puellam R. nomine in Ecclesiæ facie duxit uxorem ; cumque aliquandiu

cohabitassent insimul, et ipse illam carnaliter cognovisset, orta discordia << inter eum et fratres jam dictæ puellæ, dimisit eam motu propriæ volun«tatis. Qui cum ad eamdem recipiendam nullatenus posset induci, habito << super hoc inter eum et amicos puellæ coram venerabili fratre nostro Ruthenensi episcopo diligenti tractatu, dicta puella fuit alii, Vitalis no<< mine copulata; et idem episcopus memoratum Hugonem usque ad or« dinem sacerdotii promovendo, quamdam ecclesiam concessit eidem. Cum « autem eumdem Hugonem propter hoc sua conscientia remorderet, et de consilio quorumdam religiosorum Cisterciensis ordinis habitum assum→ · « psisset, tandem tibi, fili abbas, prædicta omnia revelavit. Quem cum sol« licite monuisses ut super hoc saluti suæ animæ provideret, ipse reatum « proprium recognoscens, supradictam puellam monuit diligenter ut ad « ipsum, relicto adulterio, prout tenebatur, redire curaret, quod ipsa facere « penitus recusarit. Quocirca mandamus quatenus, si ita est, ex quo mo«nita noluit ad ipsum redire, sed potius cum alio permanere, quia jam << ipsum non posset repetere cum effectu, dictum Hugonem in sucepto sa« cerdotii ordine celebrare libere permittatis. (Anno X, 1207, num. 70)

II

(Pag. 327.)

Célestin III ignorait-il que l'hérésie subséquente ne rompt pas le lien matrimonial et ne saurait autoriser le divorce? Il semble difficile de supposer une telle ignorance. En effet, la décrétale, telle que nous l'avons dans les collections (qui d'ailleurs ne sont pas authentiques), est susceptible d'un sens orthodoxe et acceptable. Le pape se fonde surtout sur le jugement de l'archidiacre qui a permis à la femme en question de convoler à de secondes nôces. Ce jugement a été rendu dans les formes légales: Ecclesiæ judicium. Nous ignorons si le premier mariage était simplement ratum et non consummatum, et il n'est nullement prouvé que la discipline alors en vigueur n'autorisât pas la dissolution du mariage ratum, afin de revalider le second mariage pour la paix des consciences et dans l'intérêt des enfants. La décrétale énonce expressément que des enfants étaient nés du second mariage: Assensu archidiaconi sui, ad secundas nuptias convolavit, et filios suscepit ex ipsis. C'est ce qui se fait journellement à Rome, car il n'est pas d'année où quelque mariage ratum ne soit cassé dans de semblables conditions. En outre l'archidiacre ne put autoriser le second mariage qu'après avoir prononcé légalement la nullité du premier. Nous ne savons pas si le jugement fut motivé par la découverte de quelque empêchement dirimant inconnu avant le mariage. Le Pape allègue surtout l'autorité de la chose jugée; en effet, il fallait obtenir d'abord la révocation du jugement. Concluons que l'erreur de Célestin III n'est pas certaine. et qu'il peut fort bien se faire qu'il veuille dire simplement que la femme n'est pas

obligée de retourner auprès de son premier mari tant que le jugement qui a cassé son mariage n'aura pas été révoqué par le tribunal supérieur.

III.
(Pag. 321.)

La bulle Unam Sanctam se compose de trois extraits pris dans des auteurs français dans saint Bernard, dans Hugues de Saint-Victor et dans saint Thomas d'Aquin. Boniface VIII s'étant borné à copier des auteurs connus et vénérés, on s'explique difficilement l'émotion que causa cette bulle. Mettons en présence le texte de la bulle et le passage correspondant de saint Bernard, liv. 4, de consideratione, chap. 3.

BULLE UNAM SANCTAM.

In hac ejusdem potestate duos esse gladios, spiritualem videlicet, et temporalem, Evangelicis dictis instruimur. Nam dicentibus apostolis: Ecce duo gladii hic (in Ecclesia scilicet) cum Apostoli loquerentur, non respondit Dominus nimis esse, sed satis. Certe qui in potestate Petri temporalem gladium esse negat, male verbum attendit Domini proferentis: Converte gladium tuum in vaginam.Uterque ergo est in potestate Ecclesiæ, spiritualis scilicet gladius, et materialis. Sed is quidem pro Ecclesia, ille vero ab Ecclesia exserendus. Ille sacerdotis: is in manu regum et militum, sed ad nutum et patientiam sacerdotis.

S. BERNARD. (de consideratione)

Quem (gladium) qui tuum negat, non satis mihi videtur attendere verbum Domini dicentis sic: Converte gladium tuum in vaginam. Tuus ergo et ipse, tuo forsitan nutu, etsi non tua manu evaginandus. Alioquin si nullo modo ad te pertineret et is, dicentibus apostolis: Ecce duo gladii hic, non respondisset Dominus: Satis, sed, nimis est. Uterque ergo Ecclesiæ, et spiritualis scilicet gladius, et materialis: sed is quidem pro Ecclesia, ille vero et ab Ecclesia exserendus: ille sacerdotis, is militis manu, sed sane ad nutum sacerdotis, et jussum imperatoris.

La ressemblance est on ne peut plus frappante, car évidemment Boniface VIII a copié saint Bernard. Voici une autre preuve :

BULLE UNAM SANCTAM
Dicente Domino

ipsi Petro Pasceoves meas, meas, inquit, et generaliter, non singulariter has, vel illas, per quod commisisse sibi intelligitur nniversas.

S. BERNARD.

Cui enim, non dico Episcoporum, sed etiam apostolorum sic absolute et indiscrete totæ com. missæ sunt oves: Si me amas, Petre, pasce oves meas. Quas? illius vel illius populos civitatis, aut regionis, aut certi regni? Oves meas, inquit. Nihil excipitur, ubi distinguitur nihil.

N'a-t-on pas amèrement reproché ce que dit Boniface VIII des rapports de la puissance civile avec l'autorité ecclésiastique? Et pourtant la bulle Unam Sanctam ne va pas plus loin que le célèbre Hugues de Saint-Victor dont l'autorité était parfaitement reconnue et incontestée. Dans le passage cité plus haut, Boniface VIII s'est abstenu de copier trois mots de saint Bernard: ad jussum imperatoris. Ici, nous ne trouvons que la copie de verbo ad verbum, en ce qui concerne la principale question, l'instituion de la puissance temporelle; il faut même remarquer que Boniface VIII adoucit la doctrine par la suppression de quelques mots.

BULLE UNAM SANCTAM

Oportet autem gladium esse sub gladio, et temporalem auctoritatem spirituali subjici protestati nam cum dicat Apostolus: Non est potestas, nisi a Deo, quæ autem sunt, a Deo ordinata sunt : non autem ordinata essent, nisi gladius esset sub gladio, et tanquam inferior reduceretur per alium in suprema. Nam secundum beatum Dionysium, lex divinitatis est infima per media ad suprema reduci. Non ergo secundum ordinem universi omnia æque, ac immediate, sed infima per media, et inferiora per superiora ad ordinem reducuntur. Spiritualem autem et dignitate, et nobilitate terrenam quamlibet præcellere potestatem, oportet tanto clarius nos fateri, quanto spiritualia temporalia antecellant. Quod etiam ex decimarum datione, et benedictione, et sanctificatione, ex ipsius potestatis acceptione, ex ipsarum rerum gubernatione claris oculis intuemur.

HUGUES DE SAINT-VICTOR.

(de sacramentis fidei, lib. II. part. II.

cap. IV.)

In utraque potestate diversi sunt gradus, et ordines potestatum: sub uno tamen utrinque capite distributi: et quasi ab uno principio deducti, et ad unum relati. Terrena potestas caput habet regem. Spiritualis potestas habet Summum pontificem. Ad potestatem Regis pertinent quæ terrena sunt, et ad terrenam vitam facta omnia. Ad potestatem summi Pontificis pertinent quæ spiritualia sunt, et vitæ spirituali attributa universa.

Quanto autem vita spiritualis dignior est quam terrena, et spiritus quam corpus: tanto spiritualis potestas terrenam sive secularem potestatem honore, ac dignitate præcedit.

Quod autem spiritualis potestas (quantum ad divinam institutionem spectat) et prior sit tempore, et major dignitate, in illo antiquo veteris testamenti populo manifeste declaratur: ubi primum a Deo sacerdotium institutum est, postea vero per sacerdotium (jubente Deo) regalis potestas ordinata. Unde in Ecclesia adhuc sacerdotalis dignitas potestatem regalem consecrat, et sanctificans per benedictionem, et formans per institutionem. Si

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