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gierent à Modene avec beaucoup de précipitation. Lutatius étoit conftamment de ce nombre. Quelques historiens mettent Q. Acilius & Caius. Herennius à la place de C. Servilius. & de T. Annius. D'autres leur fubftituent P. Cornelius Afina & C. Papyrius Mafon. Les auteurs font encore. partagés au fujet de l'injure que la république reçut des Boiens. Les uns difent qu'ils outragerent les ambassadeurs qu'on avoit envoyés de Rome pour fe plaindre de leur foulevement. D'autres, qu'ils fe jetterent fur les Triumvirs, dans le tems qu'ils mefuroient les terres pour en faire la distribution. Que ces officiers s'étant retirés dans Modene pour éviter la mort, les Gaulois les y affiegerent fur le champ. Mais que cette nation peu expérimentée dans les fiéges, & peu propre à fouffrir long-temps les fatigues de la guerre, feignit de vouloir traiter de la paix, & que fes chefs ayant attiré les magiftrats romains à une entrevûë, ces derniers ne furent pas plutôt arrivés au lieu où elle devoit fe faire, qu'ils fe virent arrêtés non-feulement contre le droit des gens, mais encore contre la paroler qu'on venoit de leur donner pour quel..

ques heures de tréve; les Gaulois foutenant qu'ils ne les mettroient point en liberté, qu'on ne leur eût rendu leurs ôtages. Le préteur Manlius qui fe trouvoit alors dans le pays à la tête d'une armée, n'eut pas plûtôt appris le péril où fe trouvoient les députés de Rome, auffi-bien que la ville de Modene, & la garnifon qui la défendoit, que ne confultant que les mouvemens de fa colere, il fit marcher fes troupes vers cette ville, fans avoir pris aucune précaution pour fa fureté. Le chemin par où il lui falloit paffer étoit rempli de broffailles & d'arbriffeaux incultes. S'étant engagé dans ce défilé, avant d'avoir fait reconnoître les lieux, iltomba dans une embuscade, où il perdit une grande partie de fes gens, & eut bien de la peine à fe fauver luimême avec le refte. Dès qu'il eut ga gné la plaine, il campa. Et les Gaulois défefperant de le pouvoir forcer dans fes retranchemens, cefferent de le harceller ce qui fit reprendre courage fes foldats, malgré la perte qu'ils venoient de faire. Il fe mit donc en marche tout de nouveau, & ne rencontra point d'ennemis tant que fes troupes marcherent à découvert. Mais.

à

dès qu'elles fe furent engagées dans les bois, les Gaulois revinrent à la charge; & ayant attaqué l'arriere garde, mirent le défordre dans toute l'armée, tuerent Soo foldats, & prirent huit drapeaux. Dès que les Romains furent fortis des bois & des défilés, ils n'eurent plus. rien à craindre de la part des Gaulois, qui cefferent dès-lors de les incommoder. Ainfi, ils continuerent leur marche en toute fûreté, par des lieux découverts, jufqu'à ce qu'enfin ils arriverent à Tanete, bourgade fituée fur les bords du Pô. Ils s'y retrancherent. Et subsistant aisément des vivres qui leur venoient par la riviere, ou qui leur étoient fournis par les Gaulois* Brixiens, ils réfifterent pendant quelque temps aux efforts de leurs ennemis, dont le nombre fe multiplioit de jour en jour.

Dès qu'on eut appris à Rome qu'à

la guerre qu'on étoit à la veille d'avoir contre les Carthaginois, fe trouvoit encore joint le foulevement des Gaulois, les fénateurs envoyerent au secours de Manlius, le préteur C. Acilius, avec une légion romaine & 5000 alliés, que le conful avoit levés tout récem

Ceux de Breffe,

ment. Et comme les ennemis s'étoient retirés au bruit de la marche d'Acilius, il arriva à Tanete fans aucun obftacle de leur part. P. Cornelius ayant levé une nouvelle légion pour remplacer celle qu'on avoit envoyée avec le préteur, partit auffi-tôt de Rome. Et ayant paffé avec les foixante galeres le long des côtes de l'Etrurie, de la Li gurie & des monts Saliens, il arriva à Marfeille, & campa auprès de la pre miere des embouchures par où le Rhône fe décharge dans la mer; ayant encore affez de peine à fe perfuader qu'Annibal eût déja paffé les Pyrenées. Mais ayant fçu qu'il étoit même fur le point de paffer le Rhône, il fut quelque temps incertain du lieu où il iroit à fa rencontre. Et voyant que fes foldats n'étoient pas encore bien remis » des fatigues de la navigation, il se contenta d'envoyer à la découverte trois cent cavaliers choifis, guidés par des Marfeillois, & des Gaulois tirés des troupes auxiliaires de leur nation; avec ordre d'approcher des ennemis autant qu'ils le pourroient fans s'expofer, & de bien obferver leur marche, leur nombre & leur contenance. An nibal ayant ou contenu par la crainte

bords du

Rhône.

ou gagné par des préfents tous les au tres habitans de cette contrée, étoit arrivé jufques dans le pays des Volques, nation puiffante. Elle habite le long du Rhône, fur l'une & l'autre rive. Mais défefperant de pouvoir défendre contre les Carthaginois celle par où ces étrangers arrivoient dans Annibal aux leur pays; afin de leur oppofer le fleuve comme un rempart, ils pafferent avec tous leurs effets à l'autre bord, & fe mirent en devoir de leur difputer le paffage par la force des armes. Tous les autres peuples qui habitent le long du Rhône, & fur tout ceux fur les terres defquels Annibal étoit campé, fouhaitoient ardemment de le voir de l'autre côté du fleuve, afin d'être délivrés d'une fi grande multitude de foldats qui les affamoient. Ainfi il les engagea facilement à force de préfents, à ramaffer tout ce qu'ils avoient de barques, & à en conftruire même de nouvelles. En très-peu de temps on raffembla une très-grande quantité de barques & de petits batteaux faits à la hâte & fans beaucoup de façon, pour la commodité des habitants, quand ils avoient à traverfer d'un bord à l'autre pour leur commerce. Les Gaulois,

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