Obrazy na stronie
PDF
ePub

troupes la même difcipline qu'auparavant, ne défefperant pas encore de les détacher de l'alliance des Romains. Lorsqu'il fut arrivé à Salapie, comme le lieu lui parut commode pour des quartiers d'hyver, & qu'on étoit fur la fin de la campagne, il y fit transporter tous les blés qu'il pût enlever aux environs de Metapont & d'Heraclée. De là il envoyoit les Maures & les Numides au fourage dans le pays de Salerne & fur les montagnes de l'Apouille, dont ils enlevoient peu de butin, fi ce n'étoit des chevaux, qu'il donna à fes cavaliers, pour les dompter, au nombre d'environ quatre mille.

Les Romains voyant qu'il s'élevoit dans la Sicile une guerre affez dangereufe, & que la mort du tyran, bien loin d'abbattre le courage des Syracufains, & de leur faire changer de parti, n'avoit fervi qu'à leur donner des géneraux habiles & entreprenants, chargerent Marcellus, l'un des confuls, du gouvernement de cette province, & de la conduite des troupes qui y étoient employées. Auffi-tôt après le meurtre d'Hieronyme, les foldats s'étoient foulevés dans Leonce contre les

[blocks in formation]

conjurés, & les avoient menacés hauttement de les immoler aux manes de leur roi. Mais le doux nom de la liberté, qu'on fit fouvent fonner à leurs oreilles, l'efperance qu'on leur donna d'avoir part aux tréfors du tyran, & de faire la guerre avec plus d'avantage, & fous des capitaines d'une plus grande experience, fit un changement fi grand & fi prompt dans leurs efprits, qu'ils laifferent étendu par terre & privé de fépulture, le corps de ce prince, qu'ils venoient de regretter fi fort un moment auparavant. Ainfi les conjurés fe partagerent: & pendant que les autres refterent à la tête des troupes pour les commander Theodotus & Sofis étant montés fur les chevaux du Roi, coururent à toute bride à Syracuse, pour furprendre & opprimer les partifans d'Hieronyme, qui n'étoient point encore informés de ce qui s'étoit paffé. Mais ils avoient déja été prévenus, non-feulement par la renommée, dont la diligence en ces fortes d'événements, eft auffi grande quelle est étonnante ;. mais encore par un courrier que les. royalistes avoient dépêché. Ainfi Andranodore s'étoit déja emparé de l'ifle,, de la citadelle, & des autres places

dont il avoit pû difpofer, & qui lui avoient paru en état de défense, & avoit mis des troupes par tout. Theodotus & Sofis étant entrés après le coucher du foleil par le quartier d'Hexapyle, firent voir aux citoyens le diadême du Roi, & fes habits tout enfanglantés; & traverfant la partie de la ville appellée Tyche, fans ceffer d'inviter le peuple à prendre les armes. & à fe remettre en liberté, ils fe rendirent dans Achradine, & l'exhorterent à s'y affembler avec eux. Mais la multitude étoit fort agitée & fort incertaine. Les uns couroient de tous côtés par les rues ; les autres fe tenoient à l'entrée de leur demeure: d'autres regardoient ce qui fe paffoit de leurs fenêtres, & du haut de leurs maisons, demandant de quoi il étoit question. Toute la ville eft illuminée, & en même-temps pleine de trouble. Ceux qui font armés s'attroupent dans les places publiques. Ceux qui ont les mains vui des, courent au temple de Jupiter Olympien, & en arrachent les armes que le roi Hieron y avoit fait attacher, après les avoir reçûës en préfent du peuple Romain, qui en avoient dépouillé les Gaulois & les Illiriens: &

prient ce dieu de vouloir bien leur prêter ces armes facrées, & feconder le deffein qu'ils ont de s'en fervir, pour la défense de leur patrie, des temples des dieux, & de leur liberté. Cette populace, alla fe joindre aux corps de garde qu'on avoit poftés dans les principaux quartiers de la ville. Dans l'ifle, Andranodore s'attacha fur tout à fortifier les greniers publics. Ils étoient entourés d'un mur de pierres de taille, en forme de citadelle. Mais les jeunes gens, à qui on en avoit confié la garde, furent les premiers, à envoyer affurer le fénat affemblé dans Achradine, qu'ils étoient prêts à lui livrer les gre niers publics & le blé qu'ils renfer

moient.

Dès que le jour le jour parut, tout le tout le peuple armé & fans armes courut dans Achradine. Là, Polyenus, l'un des principaux des fénateurs, s'étant placé devant l'autel de la Concorde, fit un difcours également libre & moderé. Il repréfenta à fes auditeurs, qu'ayant éprouvé les indignités de l'esclavage, ils étoient irrités contre un mal qui leur étoit connu. Qu'à l'égard des calamités que les guerres civiles en,, traînent après elles, ils en avoient

Difcours de bre & mode.,,

Polyenus li

ré tout à la fois.

[ocr errors]
[ocr errors]

plûtôt entendu parler à leurs peres, «<< qu'ils n'en avoient été témoins eux- «<< mêmes. Qu'il les louoit d'avoir pris « les armes avec courage & fans héfi- « ter; mais qu'il les loueroit bien da- « vantage, s'ils ne s'en fervoient que « dans la derniere néceffité. Que pour «< le préfent, il étoit d'avis qu'on en- «< voyât des députés à Andranodore, «< pour lui ordonner de fe foumettre «<< au fénat & au peuple; d'ouvrir les «<< portes de l'ifle, & d'en faire retirer la garnifon. Mais que s'il prétendoit <<< demeurer le maître d'un royaume, « dont il n'avoit été que l'adminiftra- « teur, lui-même étoit d'avis qu'on « fe déclarât contre la tyrannie d'An- «< dranodore, encore plus hautement <<< qu'on n'avoit fait contre celle d'Hie- « ronyme. Après cette harangue, on fit Andranodore partir les députés. On commença de eft fommé de ce jour-là à tenir l'affemblée du fénat, au fénat & au qui avoit toujours été le confeil public peuple. du roi Hieron; mais qui, depuis fa mort, n'avoit été ni convoqué ni confulté fur aucune affaire. Quand Andranodore eut entendu les députés qu'on lui avoit envoyés, il étoit affez difpofé par lui-même, à fe rendre au confentement unanime des citoyens

fe foumetre

« PoprzedniaDalej »