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Cartaginois aucune injure, qui dût » les engager à prendre les armes pour > les uns contre les autres. Qu'ils ap » prenoient au contraire que les Romains chaffoient des confins de l'Italie ceux des Gaulois qui vouloient » s'y établir: ou que s'ils les y fouf » froient, ils leur faifoient payer tri» but, en les outrageant encore de di» verses façons. Ils ne furent pas traités plus favorablement dans tout le reste de la Gaule. Et les Marfeillois furent les feuls qui les reçurent comme hôtes & comme amis. Ces alliés auffi attentifs que fidéles, apprirent aux Romains tout ce qu'ils avoient interêt de fçavoir, après s'en être informés euxmêmes avec beaucoup de foin. Ils leur firent entendre qu'Annibal avoit déja pris les devants, pour s'affurer de l'amitié des Gaulois. Mais que cette na tion féroce & avide d'argent, ne lui demeureroit attachée, qu'autant qu'il auroit foin de gagner les chefs à force de préfents. Ayant ainfi parcouru les differentes contrées de l'Espagne & de la Gaule, ils arriverent à Rome, immédiatement après que les confuls furent partis pour leurs provinces; & trouverent tous les citoyens occupés de

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la guerre, qu'ils alloient avoir fur les bras, perfonne ne doutant plus qu'Annibal n'eût déja paffé l'Hebre.

Ce général après la prife de Sagonte, étoit allé paffer le quartier d'hyver. à Carthagene, comme nous l'avons déja dit. Ce fut là qu'il apprit tout ce qui s'étoit paffé à fon fujet, tant à Carthage qu'à Rome. Ainfi fe regardant non-feulement comme le chef, mais encore comme l'auteur de la guerre, il distribua ou vendit ce qui lui reftoit de butin. Et perfuadé qu'il n'avoit point de temps à perdre; après avoir affemblé les foldats efpagnols: Je crois, leur dit-il, mes amis, que « vous voyez bien vous-mêmes, qu'a- « près avoir pacifié toute l'Espagne, le « feul parti que nous avons à prendre, fi nous ne voulons pas quitter les <<< armes & congedier nos armées, c'est « de porter la guerre ailleurs. Car le << feul moyen de procurer à ces na- «< tions-ci les avantages de la paix & de « la victoire, c'eft de marcher contre <<< des peuples dont la défaite nous <<< puiffe acquerir de la gloire & des « richeffes Mais comine nous allons «< entreprendre une guerre éloignée, & qu'il peut arriver que nous ne «< Tome I.

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d'Annibal & fes foldats,

Difcours

» reviendrons pas fi-tôt dans notre patrie; fi quelques uns de nous ont en

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» vie d'aller voir leur famille & ce qu'ils ont de plus cher, je leur en > donne la permiffion. Vous vous raf>>femblerez aux premiers jours du printemps, afin que fous la protection des Dieux nous allions com» mencer une guerre qui nous com» blera de gloire & de biens. Ce congé qu'il leur accorda de lui-même leur fit plaifir à tous, parce qu'ils avoient déja un defir extrême de revoir leurs parents, dont ils prévoyoient qu'ils alloient être éloignés plus que jamais. Le repos dont ils jouirent pendant tout l'hyver, placé entre les travaux qu'ils avoient déja foufferts, & ceux qu'ils devoient effuyer dans la fuite, rendit à leurs corps & à leurs courages, toute la vigueur dont ils avoient befoin pour exécuter de nouvelles entreprifes.. Ils fe trouverent au rendezvous dès le commencement du printemps. Annibal ayant fait la revûë des differentes nations qui compofoient * Aujourd'hui fon armée, retourna à Gadès, * où il fit à Hercule les facrifices aufquels il s'étoit engagé, & lui en promit de nouveaux, en cas qu'il réuffit dans fes def

Cadis.

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feins. Mais n'étant pas moins occupé du foin de défendre fes citoyens, que de celui d'attaquer fes ennemis, il réfolut de laiffer en Afrique des forces affez confiderables, pour la mettre à couvert contre les entreprifes des Romains, en cas qu'ils priffent le parti d'y faire des defcentes par mer, tandis qu'il traverferoit l'Efpagne & la Gau le, pour fe rendre par terre en Italie. Pour cet effet il fit faire des levées en Afrique & en Efpagne, fur tout de frondeurs & de gens de trait. Mais il vou❤ lut que les Africains ferviffent en Efpagne, & les Espagnols en Afrique perfuadé qu'ils vaudroient mieux dans un pays étranger que dans le leur propre, fur tout ayant contracté par cet échange, une obligation réciproque de fe bien défendre. Il envoya en. Afrique 13850 piétons armés de boucliers legers, & frondeurs des ifles Baleares, avec 1200 cavaliers de differents pays. Il mit une partie de ces troupes en garnifon dans Carthage, & diftribua le refte dans l'Afrique. En même-temps, il ordonna qu'on levât dans les differentes villes de la province 4000 hommes de jeunesse choifie, qu'il fit conduire à Carthage,

autant pour y fervir d'ôtages, que pour défendre la ville.

Il ne crut pas devoir négliger l'Efpagne, d'autant plus qu'il étoit informé que les ambaffadeurs de Rome avoient fait tous leurs efforts pour engager les principaux de cette province dans leurs interêts. Il chargea Asdrubal fon frere, homme hardi & entreprenant, de la défendre, & lui donna pour cet effet des forces tirées la plupart de l'Afrique; fçavoir 1 1 850 pié❤ tons Africains, 300 Liguriens, 500 frondeurs Baleares. A ces fecours d'infanterie il ajouta 3 50 cavaliers Libypheniciens, 1800 tant Numides que Maures, de ceux qui habitent le long de l'Ocean, & 200 Ilergetes, nation Espagnole. Et afin qu'il n'y manquât aucun des fecours qu'on employe par terre, il y joignit 14 élephants. Et comme il ne doutoit pas que les Romains n'agîffent fur un élement où ils avoient remporté la victoire dans la premiere guerre, il lui donna pour défendre les côtes cinquante galeres à cinq rangs de rames, deux à quatre rangs, & cinq à trois. Mais il n'y avoit que 32 galeres à cinq rangs, & les cing qui en avoient trois, qui fuffent

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