Obrazy na stronie
PDF
ePub

сс

[ocr errors]

le c

[ocr errors]

tre les nouveaux & les veterans, entre ceux qui étoient libres, & « ceux qui ne l'étoient pas. Qu'on étoit allez noble & affez diftingué, quand on portoit les armes pour falut & pour la gloire du peuple <<< Romain. Que la même fortune qui « avoit voulu qu'on fît des loix ex- « traordinaires pour défendre la république, vouloit auffi qu'on les main- «<< tînt & qu'on les obfervât. Les fol- «< dats ne furent pas moins foigneux d'obéir à ces reglements, que les officier à les établir: & on vit bien-tôt regner dans cette armée une fi grande concorde, qu'on oublia prefque la condition dont chacun avoit été tiré pour devenir foldat. Telles étoient les Occupations de Gracchus, quand il apprit des députés qui lui furent envoyés les propofitions que les Campaniens avoient faites à ceux de Cumes, & la réponse qu'ils en avoient reçûë. On lui fit entendre en mêmetemps, que le facrifice dont on a parlé fe feroit au bout de trois jours, & que non-feulement le fénat, mais encore le peuple & l'armée de Capouë, y affifteroient. Gracchus ordonna à ceux de Cumes de transporter tous leurs effets

de la campagne dans la ville, & de fe tenir renfermés dans leurs murailles, Pour lui, la veille du facrifice, il fe mit en marche pour s'approcher de Cumes, qui n'eft éloigné de Hama, que d'environ trois milles. Les Campaniens s'y étoient déja affemblés en grand nombre, comme ils en étoient: convenus: & affez près de là, Marius Alfius, leur premier magiftrat, étoit campé, avec quatorze mille hommes bien armés, occupé, en apparence, aux préparatifs du facrifice; mais beaucoup plus attentif à conduire fon stratagême, qu'à fortifier fon camp, & à le mettre en fûreté par les voyes ufitées dans la guerre. Cette céremonie duroit ordinairement pendant trois jours. Elle commençoit le foir, & finiffoit avant minuit. Gracchus crut que c'étoit le temps où il devoit attaquer les Campaniens. Ainfi ayant mis des gardes aux portes de Cumes, afin d'empêcher que perfonne en fortît pour donner avis de fon deffein, il commanda, à fes foldats de manger fur les quatre heures du föir, & de fe re pofer le refte du jour, pour être en état de s'affembler à l'entrée de la nuit.. Il partit à la premiere veille; & étant

arriyé à Hama, avec beaucoup de fi. lence, fur le minuit, il entra en mêmetemps par toutes les portes dans le camp des Campaniens, qu'il trouva fort négligé, comme il arrive parmi des gens qui ont grand befoin de dormir. La plupart furent tués, les uns dans Gracchus fur leurs lits, où ils étoient enfevèlis dans prend les Campaniensa le fommeil ; les autres, à mesure qu'ils Hama, & les.. revenoient fans armes du facrifice, où leur zele les avoit retenus plus longtemps que les autres. Les Campaniens. perdirent plus de deux mille hommes dans ce défordre nocturne, avec leur chef. Marius Alfius. On leur prit 34 étendarts..

Gracchus ne perdit pas cent foldats. Il demeura maître du camp des ennemis; & après l'avoir pillé, il fe retira promptement à Cumes, craignant qu'Annibal, qui étoit campé fur le mont Tifate, au-deffus de Capoue, ne le vint attaquer. Sa.conjecture fe trouva jufte, & fa précaution falutaire. Car dès qu'on eut reçu à Capouë la nouvelle de cette défaite.,. Annibal partit fur le champ, & marcha avec beaucoup de promptitude vers Ha ma, fe perfuadant qu'il y trouveroit encore les Romains, & qu'une armée:

défait..

de nouveaux foldats, la plupart efclaves, aveuglée par fa profperité, fe feroit amulée à dépouiller les vaincus, & à ramaffer le butin. Il rencontra en chemin ceux qui s'étoient échappés du combat, & ayant fait mettre les bleffés fur des chariots, il leur donna une escorte pour les conduire fûrement à Capoue. Mais quelque diligence qu'il eût faite, il ne rencontra plus d'ennemis à Hama, où il ne vit que les veftiges de la défaite de fes alliés, & la terre jonchée de leurs corps morts. Quelques uns lui confeilloient de courir de là à Cumes, & d'attaquer la ville. Annibal, qui avoit manqué la ville de Naples, auroit bien voulu s'emparer de Cumes, pour avoir une ville maritime en fa poffeffion. Mais comme il n'avoit fait prendre à fes foldats que leurs armes, afin qu'ils marchâffent avec plus de legereté, il retourna fur fes pas dans fon camp de Tifate. De là, fatigué par les prieres des Campaniens, il retourna, dès le lendemain à Cumes, avec toutes les machines dont on fe fert pour prendre les villes d'affaut ; & après avoir ravagé tout le pays, il fe campa à mille pas de la ville. Gracchus fentoit bien

447 qu'avec les forces qu'il avoit, il n'étoit pas en état de la défendre contre les Carthaginois. Mais la honte d'abandonner dans un peril fi preffant des alliés qui imploroient fon affistance, & celle du P. R. l'empêcha d'en fortir. Et Fabius, fon collegue, qui étoit campé à Cales, n'ofoit pas non plus paffer le Vulturne pour venir à fon fecours; ayant été obligé premierement de retourner à Rome, pour y reprendre les aufpices, puis d'offrir, pour expier plufieurs prodiges qu'on annonçoit coup fur coup, des facrifi ces & des prieres, que, felon le rapport des Arufpices, les dieux ne fembioient pas agréer.

Tandis que ces raifons retenoient Fabius, Sempronius étoit investi dans Cumes, & Annibal avoit déja fait avancer fes machines pour y donner l'affaut. Il avoit élevé contre la ville une grande tour de bois : mais le conful, de fon côté, lui en oppofa une beaucoup plus haute, par le moyen de plufieurs groffes poutres qui lui fervoient de baze, & qui étoient pofées en travers fur le mur, déja affez exaucé par lui-même. De là ils défendoient d'abord la ville & la muraille à coups

« PoprzedniaDalej »