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fein de livrer fa patrie aux Carthaginois; ou, s'il n'en pouvoit venir à bout, de fe retirer lui-même dans leur armée. Il étoit vif & entreprenant; & les Romains n'avoient pas, alors parmi leurs alliés un cavalier plus di ftingué par fa bravoure. Annibal l'ayant trouvé, après la bataille de Cannes, prefque fans vie, au milieu d'un tas de corps morts, avoit fait panfer fes bleffures avec beaucoup d'attention & de bonté, & après fa guérison, l'avoit renvoyé chez lui comblé de préfents. En reconnoiffance de ce bienfait, il avoit déja fait tous fes efforts pour mettre Nole entre les mains d'Annibal. Et Marcellus le voyoit encore inquiet & remuant. Mais comme il falloit ou le reprimer par des châtiments, ou l'attirer par des bienfaits, il aima mieux fe donner à lui-même un allié fi courageux, que de l'ôter à fes ennemis. Il le fit venir; & l'ayant reçû avec beaucoup de bienveillance, » il lui dit: Que ce qui lui faifoit ju»ger qu'il avoit beaucoup d'ennemis » & d'envieux parmi fes citoyens, » c'est que perfonne ne lui avoit parlé » dans Nole des actions de courage qu'il avoit faites en beaucoup d'oc

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cafions. Mais que la valeur de ceux "* qui fervoient dans les armées Ro- " maines, ne pouvoit demeurer dans " l'obscurité. Qu'il apprenoit de ceux " qui avoient fervi avec lui,quel hom- " me il étoit, & à combien de périls il s'étoit exposé pour le falut & la “ gloire de la république, fur tout à " la journée de Cannes, où il n'avoit " point ceffé de combattre, qu'il n'eût “ été accablé sous le poids des hom. “ mes, des chevaux & des armes. Ne " vous rebuttez point, continua-t'il & perfuadez-vous que je ne laifferai " paffer aucune occafion de vous don- " ner des marques de ma bienveillan- " ce: & plus vous vous attacherez à “ moi, plus vous connoîtrez que je “ fçai eftimer & récompenfer le mé- " rite. Il ajouta à un accueil qui avoit déja comblé ce jeune homme de joie, le don d'un fort beau cheval, & d'une fomme de deux cent cinquante livres, qu'il lui fit compter par fon tréforier: & en fa préfence, il ordonna à fes licteurs de le faire entrer, toutes les fois qu'il fe préfenteroit pour le

voir.

*La modicité de cette fømme fait juger que ce n'étoit qu'un fimple cavalier.

Annibal &

yant Nole,

Par ces façons généreufes, Marcel lus adoucit tellement l'efprit féroce de ce jeune cavalier, qu'il fut dans le reste de fa vie l'allié de la république le plus brave & le plus fidele. Cependant Annibal quitta Nucerie, & revint une feconde fois jufqu'aux portes de Nole. A fon approche, Marcellus fe renferMarcellus en ma dans la ville, non qu'il craignît préfence de d'être attaqué dans fon camp; mais parce qu'il vouloit ôter au peuple l'occafion qu'il cherchoit de livrer la ville aux Carthaginois. Dans les jours fuivants, les deux armées furent prefque toujours rangées en bataille, les Romains fous les murailles de Nole, & les Carthaginois devant leurs retranchements. Cette pofture dans laquelle ils demeuroient, donnoit lieu à de fréquentes efcarmouches, où les deux partis avoient alternativement quelque avantage l'un fur l'autre. Les deux chefs vouloient bien permettre à un petit nombre des plus hardis de fortir de leurs rangs, pour aller attaquer les ennemis; mais ils n'ofoient donner le fignal pour une bataille qui expoferoit toute l'armée. Tandis que les deux partis étoient ainfi attentifs à s'obferver, les principaux de Nole donnerent

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avis à Marcellus, qu'il y avoit toutes les nuits des conferences fecrettes entre le peuple & les Carthaginois : Qu'ils étoient convenus, qu'à la premiere fortie que feroit Marcellus avec fes « troupes, les habitants donneroient << fur fon arriere-garde, pilleroient ses «<< bagages, lui fermeroient les portes, «<< & s'empareroient des murailles : & « qu'auffi-tôt qu'ils fe verroient les «<< plus forts, ils recevroient les Car- <<< thaginois dans la ville, au lieu des «< Romains. Marcellus remercia les fénateurs de Nole de leur zele & de leur affection. Mais avant qu'il arrivât aucun tumulte dans la ville, il réfolut de tenter la fortune d'un combat. Il partagea fes troupes en trois corps, prépare à qu'il rangea en bataille devant les trois combattre portes, qui s'ouvroient vis à vis des ennemis. Il mit ses bagages à l'arrieregarde. Il ordonna aux foldats infirmes & aux valets de l'armée de porter des pieux, pour faire des paliffades. Il plaça à la porte du milieu fes meilleures legions, avec la cavalerie Romaine; aux deux autres, les nouvelles recruës, les foldats armés à la legere, & la cavalerie des alliés. Il défendit aux habitants d'approcher des portes & des

Marcellus fe

Annibal.

murailles ; il deftina une partie de l'armée à garder les bagages, de peur qu'on ne vint fe jetter deffus, pendant que les legions feroient occupées au combat. Toutes fes forces ainfi difpofées fe tenoient près des portes, en-dedans de la ville. Annibal s'étant mis fous les armes, (comme il avoit fait plufieurs jours) & y étant refté une gran de partie de la journée, fut d'abord étonné, de ne point voir l'armée Romaine fortir des portes, ni les foldats défendre les murailles comme à l'ordinaire. Mais enfuite, ayant foupçonné que fes conferences avoient été découvertes, & que la crainte d'être furpris avoit rendu les Romains plus retenus, & moins entreprenants; il renvoya une partie de fes fodats dans fon camp, avec ordre d'apporter promptement à l'avant-garde, toutes les machines dont on a befoin pour forcer une ville, fe perfuadant que pour peu qu'il fit d'efforts, le peuple de Nole exciteroit quelque tumulte, dont il pourroit profiter. Pendant que toutes fes troupes font en mouvement, chacun s'empreffant pour exécuter les ordres dont il eft chargé, & que les foldats s'avancent en bataille vers les murailles;

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