Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

รา

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Soutiendrez-vous feulement les ré,, gards d'Annibal, qui font trembler le peuple Romain & fes armées ? Et quand il n'auroit point d'autre ,, appui que moi, aurez-vous affez de ,, courage, ou de cruauté, pour me frapper moi-même, quand je me ,, mettrai entre lui & vous? Car, je ne vous le diffimule pas: avant de lui donner la mort, il faut que vous m'ôtiez la vie : avant de lui percer le cœur, il faut que vous perciez le mien le premier. Croyez-moi, re,, noncez à une fi étrange réfolution plutôt que de fuccomber en voulant l'exécuter. Ecoutez les prieres , que je vous fais pour Annibal ,, comme il a écouté celles que je lui ,, ai faites pour vous. Perolla ayant entendu ce difcours, fe mit à pleurer. Alors fon pere l'embraffa avec beaucoup de tendreffe, & ne ceffa point de le conjurer, qu'il ne l'eût obligé à quitter fon poignard, & à renoncer à fon deffein. Je trahis ma patrie, dit alors le jeune homme, pour obéir à mon pere. Pour vous, ajouta-t'il, vous êtes bien à plaindre & bien malheureux, d'avoir à foutenir le fardeau d'une triple trahison. Car

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

vous vous êtes oppofé trois fois au «<
falut de Capoue la premiere, «
quand vous avez porté vos citoyens.
à fe révolter contre les Romains; «<
la feconde, quand vous leur avez «<
confeillé de s'allier avec Annibal; & «<<
enfin aujourd'hui, que vous m'em. «
pêchez de les reconcilier avec les «<
Romains. Chere patrie, recevez ce «<<
fer dont je m'étois armé pour vous «
fauver, puifque mon pere me l'arra- «
che des mains. Après avoir dit ces «
mots, il jetta le poignard derriere la
muraille du jardin où cette fcéne se
paffoit: & pour n'être point fufpect à
Annibal, il revint avec fon pere dans
la falle du feftin, où la plupart des
conviés étoient encore à table.

,

Le lendemain, les fénateurs s'affemblerent en grand nombre, pour recevoir Annibal. Le premier difcours qu'il leur fit, fut très-civil, & rempli de témoignages d'amitié & de bienveillance. Il les remercia d'avoir préféré l'alliance des Carthaginois à celle des Romains. Et parmi les promeffes Promeffes magnifiques magnifiques qu'il leur fit, il les affura d'Annibalaux que dans peu, Capoue feroit la ca- Campaniens. pitale de toute l'Italie, & que les " Romains,eux-mêmes, y viendroient"

recevoir la loi avec les autres peuples. Qu'il y avoit cependant parmi » eux un homme qui ne devoit avoir lui livre De aucune part à l'amitié des Carthaginois, ni être compris dans le trai

Annibal de mande qu'on

cius Magius.

[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

» té qu'on venoit de faire avec eux: qu'il ne méritoit pas même le nom » de Campanien, puifqu'il étoit feul oppofé au fentiment de fes compa »triotes. C'étoit Decius Magius. "Qu'il demandoit qu'on le lui li» vrât; & qu'en fa présence, le fénat, après avoir pris connoiffance de fon » crime, donnât un arrêt de condamnation contre lui. Il ne s'en trouva pas un feul qui ofât répliquer, quoique la plupart fentîffent bien que Magius ne meritoit pas un traitement fi indigne, & qu'Annibal, dès le commencement, donnoit une furieufe atteinte à leur liberté. Le premier magiftrat fortit auffi-tôt de la falle ; & s'étant placé fur fon tribunal, il fit amener Magius devant lui, & lui ordonna de fe défendre. Mais ce citoyen, fans rien rabbattre de fa fierté, foutint hardiment, que le traité qu'on avoit fait, ne donnoit aucun droit fur lui à Annibal. Là-deffus, il fut chargé de chaînes, & conduit par un licteur

dans

[ocr errors]

dans le camp des Carthaginois, hors de la ville. Tant qu'il marcha, la tête découverte, il ne ceffa de haranguer le peuple, qui le fuivoit en foule. Voilà, difoit-il, Campaniens, la liberté dont on vous a flattés, & fur la quelle vous avez compté. En plein jour, au milieu de la place publi- « que, & fous les yeux de tous tant «<< que vous êtes, on charge de chaînes <<< & on méne à la mort, un de vos plus <<< confiderables citoyens! En uferoit- « on autrement, fi Capouë avoit été «< prise d'affaut Allez au - devant « d'Annibal. Ornez vos maisons & <<< votre ville, pour le mieux recevoir. «< Célébrez, comme une fête folem- «< nelle, le jour de fon entrée, & du « triomphe qu'il remporte fur votre «<< compatriote. Comme on vit qu'à ces difcours le peuple commençoit à s'émouvoir, on lui couvrit la tête, & on l'entraîna, au plus vîte, hors des portes de la ville, & jufques dans le camp des Carthaginois. On le mit auffi-tôt fur un vaiffeau, qui avoit ordre de le mener à Carthage. Annibal craignoit que l'indignité d'un tel traitement ne fit repentir le fénat même d'avoir fi facilement livré le premier de la ville:

Tom. 1.

Q

[blocks in formation]

rene en Egyp

conduit à Ale

& que fi on lui envoyoit des députés pour demander fa liberté, il ne fe trouvât dans la néceffité, ou de refufer à fes alliés la premiere grace qu'ils lui auroient demandée, ou de laiffer à Capoue un homme qui chercheroit toujours les occafions de foulever le peuple contre lui, & de le faire rentrer dans le parti des Romains. Le Magius eft porté par la vaiffeau qui le portoit fut pouffé par tempête à Cy- la tempête jufqu'à Cyrene, qui étoit te. Et de la, alors fous la domination des rois d'Exandrie, où gypte. Magius ne fut pas plutôt entré il eft mis en dans cette ville, qu'il alla embraffer la liberté par le ftatue de Ptolomée. Et ceux qui étoient chargés de lui, l'ayant conduit de là à Alexandrie, & préfenté à Ptolomée lui-même ; ce prince n'eut pas plutôt appris qu'Annibal, contre la foi du traité, l'avoit fait charger de chaînes, qu'il le fit mettre en liberté, avec permiffion de retourner à Rome, ou à Capouë s'il l'aimoit mieux. Magius lui répondit, qu'il ne feroit » pas en fûreté à Capoue: qu'il fe re» tireroit volontiers à Rome, fi ce » n'étoit que les Romains étant ac»tuellement en guerre avec les Cam»paniens, il y feroit regardé comme » un déferteur, plutôt que comme un

Roi Prolo

mée.

[ocr errors]

,

« PoprzedniaDalej »