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nouveau mur à l'endroit où l'ancien étoit abbattu, & laiffoit la ville expofée. Les ennemis revinrent bien-tôt à la charge, & attaquerent la ville en plus grand nombre & avec plus de chaleur que jamais. En forte que les affiegés étourdis par les cris qui retentiffoient de toutes parts, ne fçavoient de quel côté ils devoient fe tourner pour la défendre. Annibal lui-même encourageoit les fiens de la voix & de la main à l'endroit où il faifoit avancer une tour mouvante plus élevée que toutes les fortifications de la ville. Et par le moyen des arbalêtes & autres machines qu'il avoit difpofées à tous les étages de cette tour, ayant tué ou renversé à coups de pierre & de javelots tous ceux qui défendoient la muraille, il crut que le moment étoit venu où il alloit fe rendre maître de la ville. C'est pourquoi il envoya 500 Africains avec des outils propres à fapper le mur par le pié. Ils n'eurent pas de peine à réuffir. Car les pierres n'étoient pas liées ensemble avec la chaux & le ciment, mais enduites de fimple mortier de terre, felon l'ancien ufage. Chaque coup de pic faifoit une breche beaucoup plus large que la place

où il avoit frappé, & des compagnies entieres entroient dans la ville

Ouvertures.

par ces Ce fut en cette occafion qu'ils s'emparerent d'une éminence où ils firent transporter leurs machines & qu'ils entourerent d'un mur, pour avoir dans la ville une efpece de fortereffe qui dominât au-deffus de la ville même. Les Sagontins à leur tour bâtirent un nouveau mur dans la partie interieure de la ville qui n'étoit pas encore au pouvoir de l'ennemi. Les deux partis fe fortifient ou fe retranchent à F'envi, & ils font fouvent obligés d'en venir aux mains. Mais les affiegés à force de reculer & de fe retrancher endedans, voyent leur ville diminuer de jour en jour. Ils commençoient même à manquer de vivres, la longueur du fiége ayant confumé toutes leurs provifions, fans aucun espoir de fecours étranger, les Romains, leur unique: efperance, étant trop éloignés, & tout

le pays d'alentour étant au pouvoir de l'ennemi. Ils étoient réduits à cette extrémité lorfqu'Annibal leur donna le tems de refpirer un peu, ayant été obligé de marcher promptement contre les Carpetants & les Oretans qui renoient de reprendre les armes. Ces

deux peuples irrités de la rigueur avec laquelle on faifoit des levées dans leur pays, s'étoient foulevés, & avoient même arrêté les officiers d'Annibal. Mais furpris de la diligence de ce général, ils rentrerent auffi-tôt dans le devoir.

La vigueur des affiegeants ne fe rallentit point pendant cette expédition. Maherbal fils d'Himilcon, qu'Annibal avoit laiffé pour commander en sa place, travailla, avec tant d'ardeur, que les deux partis ne s'apperçurent prefque pas de fon abfence. Cet officier eut l'avantage dans tous les combats qu'il livra aux Sagontins, & battit leurs murailles de trois béliers tout à la fois avec tant de furie, qu'Annibal à fon retour eut le plaifir de les voir entiere ment ruinées. Il fit donc avancer fon armée contre la citadelle même. Les affiegés la défendirent avec beaucoup de valeur, mais ne purent empêcher l'ennemi d'en prendre une partie. Les affaires des Sagontins étoient en cet état, lorfqu'Alcon l'un de leurs citoyens, & un Espagnol nommé Alorcus leur donnerent quelqu'efperance d'obtenir la paix d'Annibal. Le premier, fans confulter fes compatriotes,

paffa de nuit dans le camp des affiegeants, ne défefperant pas de fléchir Annibal par fes prieres & par fes lar mes. Mais comme il vit que ce géné ral vainqueur & irrité étoit infenfible à tout, & qu'il ne lui propofoit que des conditions très cruelles, devenant tranffuge d'interceffeur qu'il étoit, il resta dans le camp des Carthaginois, affurant à Annibal qu'il en couteroit la vie à quiconque oferoit propofer aux Sagontins une pareille capitulation. Or Annibal vouloit qu'ils fiffent aux Turdetans la fatisfaction qu'ils exigeoient; qu'ils lui livraffent ce qu'ils avoient d'or & d'argent, & que for tant de leur ville, fans armes, its allaffent habiter le pays qu'il leur affigneroit. Comme Alcon foutenoit que les Sagontins ne fe foumettroient point à ces loix; Alarcus, qui fervoit alors dans l'armée d'Annibal, mais qui étoit hôte & ami des Sagontins, ne fut pas de fon fentiment. Perfuadé au contraire, que quand on a perdu tout le refte, on perd auffi le courage, il fe fit fort de faire accepter aux Sagontins les conditions que leur propofoit Annibal. Etant donc paffé chez les affiegés, il livra fes armes

Alarcus confeille aux affiegés de demander la

paix.

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aux fentinelles, & demanda qu'on le conduifit au préteur de Sagonte. Il y fut fuivi d'une foule de peuple de toute efpece, qu'on fit écarter pour lui donner audience dans le fénat. Il y parla en ces termes : Si Alcon votre » citoyen, après s'être ingeré de de» mander des conditions de paix à » Annibal, avoit eu affez de courage "pour vous rapporter celles qu'il lui » avoit dictées, il auroit été inutile que j'entrepriffe ce voyage, que je ne fais aujourd'hui même ni comme » déferteur, ni comme député d'An»nibal. Mais comme il eft resté parmi les ennemis ou par fa faute ou par la vôtre; par la fienne, s'il a feint mal à propos de vous craindre; » par la vôtre, fi on ne peut vous dire la vérité fans péril ; j'ai bien voulu faire cette démarche comme votre ancien ami & votre hôte, afin de ne " vous pas laiffer ignorer les moyens qui vous restent encore d'obtenir la paix & de vous fauver. Et ce qui doit » vous faire juger que votre seule con» fideration me fait agir, c'eft que je

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ne vous ai fait aucune propofition » tant que vous avez été en état de » vous défendre par vous-même, ou

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