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guerre Puni

ble qui fut jamais, & la plus fertile en grands évenements. Car jamais deux Grandeur nations fi opulentes & fi belliqueufes de la feconde ne méfurerent leurs forces & leurs cou- que. rages : & elles étoient alors parvenuës au plus haut dégré de leur puiffance. D'ailleurs elles employoient l'une contre l'autre des artifices & des talents qui ne leur étoient pas inconnus, mais qu'elles avoient déja mis en ufage dans la premiere guerre ; & les fuccès furent tellement variés, & la fortune fi inconftante entre ces deux peuples, que celui qui demeura vainqueur par l'évenement, fut le plus fouvent expofé au péril de fuccomber. L'animofité qui les portoit à fe détruire l'un l'autre, étoit encore au - deffus de leurs forces; les Romains étant indignés de voir, que des vaincus euffent l'audace de reprendre les premiers des armes qui leur avoient à mal réüffi; & les Carthaginois voulant abfolument fe venger de. l'orgueil infupportable & de l'avarice exceffive des Romains. On ajoute à ces circonftances un trait fingulier. On dit, qu'un jour qu'Amilcar faifoit un facrifice pour fe rendre les dieux favorables dans la guerre qu'il alloit porter en Efpagne, après avoir heureusement ter

miné celle d'Afrique, fon fils Annibal fe jetta à fon col, & le conjura, en lui faifant mille careffes, de le mener avec lui à l'armée ; & que ce général charmé de voir de fi belles difpofitions dans un enfant de neuf ans, le prit entre fes bras, & que l'ayant placé Annibalju près des autels, il le fit jurer, en metre une haine tant la main fur la victime, qu'il fe déaux Romains. clareroit l'ennemi des Romains, dès

immortelle

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qu'il feroit en âge de porter les armes. Ce courage altier ne pouvoit fe confoler de la perte de la Sicile & de la Sardaigne. Il étoit perfuadé que les Carthaginois avoient cedé aux Romains la premiere de ces provinces par un défefpoir trop précipité; & fe plaignoit que ces vainqueurs, également injuftes & intéreffés, non contents de leur avoir enlevé l'autre pendant les troubles de l'Afrique, avoient encore eu la dureté de leur impofer un nouveau tribut.

Agité de ces réflexions qui ne lui laiffoient aucun repos, il n'eut pas plutôt fait la paix avec les Romains, que pour rélever les forces abbattues de Carthage, il fit pendant cinq ans la guerre en Afrique; & enfuite pendant neuf ans en Espagne. Et dans ces deux

expéditions, il fe conduifit de façon, qu'il étoit aifé de voir, qu'il méditoit dans fon ameun projet plus grand & plus hardi, que celui qu'il exécutoit actuellement. Et en effet, s'il eut vêcu plus long-temps, il auroit bien-tôt porté lui-même en Italie la guerre qu'Annibal y porta dans la fuite, & qui ne fut différée que par fa mort trop tôt arrivée; & la trop grande jeuneffe de fon fils. Afdrubal fut à la tête des affaires pendant le temps qui fe paffa entre la mort du pere & la majorité du fils. Amilcar ayant remarqué en lui un heureux naturel, fe l'étoit attaché dès fa plus tendre jeuneffe, par des voies, à ce qu'on dit, peu conformes à l'honnêteté & dans la fuite il lui avoit fait époufer fa fille : enforte qu'aidé de fon propre mérite & du crédit immense que la faction Barcine avoit parmi le peuple & dans l'armée, il fe rendit le maître du gouvernement, malgré les efforts que les grands firent pour l'empêcher. Cet Afdrubal étoit plus propre à négocier, qu'à faire la guerre ; & ne fut pas moins utile à fa patrie par les alliances que fa dextérité lui fit ménager avec de nouvelles nations dont il fcut gagner les chefs, que s'il eut rem

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drubal,

porté plufieurs victoires par la force des armes. Mais il ne trouva pas plus de fureté dans la paix, qu'il auroit pu Mort d'Af faire dans la guerre. Il fut tué par un efclave, dont il avoit fait mourir le maître. Ce barbare fut auffi tôt pris, & puni par les fupplices les plus affreux.. Mais la douceur de la vengeance l'emporta tellement fur la rigueur des tourmens, qu'on le vit rire au milieu des bourreaux qui le déchiroient. Les Romains connoiffant l'adreffe qu'Afdrubal avoit pour gagner les peuples, avoient fait avec lui un nouveau traité, dont les principales conditions étoient: que l'Hebre ferviroit de borne aux deux empires; & que les Sagontins, placés dans le milieu, demeureroient neutres, & vivroient libres & indépen

Annibal a

drubal,

dans.

Après la mort d'Afdrubal, les folla place d'Af dats porterent au ffi-tôt Annibal dans la tente du général; & d'un confentement unanime le choifirent, tout jeune qu'il étoit, pour les commander en fa place: & le peuple ne fit aucune difficulté d'approuver leur choix. Il avoit à peine atteint l'âge de quatorze ans, qu'Afdrubal avoit écrit à Carthage, pour demander qu'on le lui envoyât à l'armée.

Et l'affaire ayant été mise en délibéra tion dans le fénat, la faction Barcine, qui fouhaitoit lui voir remplir la place d'Amilcar fon pere, avoit appuyé de tout fon crédit le deffein d'Afdrubal. D'un autre côté, Hannon, chef de la faction oppofée, avoit fait tous fes cfforts pour le retenir dans la ville. Il «e paroît, dit-il alors, que la demande <<< d'Afdrubal eft jufte; & je ne fuis ce- «< pendant pas d'avis qu'on la lui accor. ce de. Une propofition fi ambiguë ayant attiré fur lui les yeux & l'attention de toute l'Affemblée; Afdrubal, «< continua-t-il, s'étant dévoué à « Amilcar dès fon enfance, femble «< avoir raifon d'exiger de fon fils la «< même complaifance. Mais il ne nous <<< convient pas de permettre à notre « jeuneffe de fe livrer au caprice & « à la paffion de nos commandans. «e Craignons-nous qu'un fils d'Amil- «<< car n'imite pas affés-tôt l'ambition « tyrannique de fon pere? Craignons- ce nous d'être trop tard les efclaves du « fils, après avoir vû le gendre pren- « dre, après la mort de fon beau-pere, «< le commandement de nos armées, << comme un bien héréditaire dans la «< même famille ? Mon avis eft, que «

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