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fervir de ses mains pour prendre fes armes, étoit paffé de la colere à la rage, & étoit mort en déchirant fon ennemi avec les dents.

Après qu'ils eurent paffé la plus grande partie du jour à dépouiller les vaincus, Annibal les mena à l'attaque du petit camp. Avant toutes choses, il* pofta un corps de troupes fur les bords de l'Ofante, pour ôter aux en◄ nemis la liberté d'aller puifer de l'eau.. Mais comme ils étoient tous accablés de travail & de veilles, & la plupart couverts de bleffures, ils fe rendirent plutôt même qu'il ne l'avoit 'efperé. La convention fut, qu'ils livreroient au vainqueur leurs armes, leurs chevaux & leurs habillements de guerre. Qu'ils payeroient de rançon cent cinquante livres pour chaque citoyen Romain, cent livres pour chaque allié, & cinquante pour chaque efclave: après quoi ils auroient la liberté de fe retirer. Les Carthaginois étant entrés dans leur camp, fe rendirent maîtres de leurs perfonnes, & les garderent, après avoir féparé les citoyens d'avec les alliés. Pendant qu'Annibal perd

* On creufa un foffé entre le camp des Romains & Tofants,

beaucoup de temps de ce côté là, ceux du grand camp, qui eurent affez de force ou de courage, au nombre de quatre mille fantaflins & de deux cent cavaliers, fe retirerent à Canouse, les uns en corps d'armée, & les autres difperfés par les campagnes, ce qui n'étoit pas moins fûr. Il n'y refta que les lâches ou les bleffés, qui fe rendirent au vainqueur, aux mêmes conditions que ceux du petit camp. Annibal fit un butin très-confiderable. Mais excepté les hommes, les chevaux, & le peu d'argent qui fe trouva principalement fur les houffes & les harnois, (car les Romains n'avoient que fort peu de vaiffelle de ce métal à la guerre) il abandonna tout le refte aux foldats. Enfuite il fit mettre en un monceau les corps des fiens, pour les brûler, & leur rendre les derniers devoirs. Il s'en trouva Annibal perenviron huit mille, qui étoient les plus fes plus bra braves de fon armée. Quelques auteurs ves foldats à ont écrit, qu'il fit aufli chercher le Cannes, dont corps du conful; & que l'ayant trou- corps vé, il lui donna une fépulture très- honneur, honorable. A l'égard de ceux qui s'étoient retirés à Canoufe, comme ceux de la ville ne leur donnoient que le couvert, une femme de l'Apouille,

N vj

dit 8oco de

il fit brûler les

avec

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de Canoufe..

confiderable par fa haute naiffance & Génerofité fes grandes richeffes, leur fournit des d'une Dame habits, des vivres, & même de l'argent. Le fénat ne manqua pas, après la guerre, de lui témoigner la reconnoiffance qu'elle méritoit pour une fi grande génerofité, & de lui accorder des honneurs extraordinaires

Au reste, comme il y avoit parmi ces troupes quatre tribuns militaires, Fabius Maximus, fils du dictateur, de la premiere legion; L. Publicius. Bibulus, & P. Cornelius Scipion, de la feconde, & Appius Claudius Pulcher, qui avoit été tout récemment édile, de la troifiéme ; il fut. question de fçavoir qui d'entr'eux commanderoit, jufqu'à nouvel ordre: & du confentement de tous, cet honneur fut déferé à P. Scipion, encore fort jeune, & à Appius Claudius. Mais. dans le temps qu'ils déliberoient en tr'eux fur ce qu'ils avoient à faire en de pareilles conjonctures, P. Furius Phi Deffein for. lus, fils d'un confulaire, leur vint dire, mé par la jeu ». qu'ils entretenoient de vaines efped'abandonnerrances. Que c'en étoit fait de la ré

ne. noblefle,

l'Italie.

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publique. Qu'un nombre confiderable de jeunes gens des plus quaalifiés, qui avoient à leur tête L.

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Cæcilius Metellus, cherchoient des «<<
vaisseaux, dans le deffein de quitter
l'Italie, & de s'embarquer pour le «
retirer chez quelque Roi, ami des «
Romains. Parmi tous les malheurs
qui avoient affligé la république, on n'a-
voit point encore d'exemple d'une ré-
folution fi défefperée & fi funefte.
Ainfi tous ceux qui étoient dans le
confeil, demeurerent interdits à cette
nouvelle. La plupart gardoient un
morne filence. Quelques-uns propo-
foient de mettre la chofe en délibera-
tion; lorsque le jeune Scipion, à qui
les deftins réservoient la gloire de con-
duire cette guerre à une heureuse fin,
foutint, qu'il n'y avoit pas à balan- «
cer dans une affaire de cette nature. «
Qu'il étoit queftion d'agir, & non «
de déliberer. Que ceux qui aimoient «
la république
n'avoient qu'à le «
fuivre. Que les ennemis n'étoient «
en aucun lieu plus veritablement, «<
que dans celui où on formoit de pa- «<
reils deffeins. Après ces paroles, il
marcha droit à la maifon où logeoit
Metellus, fuivi d'un petit nombre des "
plus zelés. Et y ayant trouvé affemblés
les jeunes gens, dont on leur avoit par-
lé, il tira fon épée ; & leur en préfen-

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Action har

die du jeune Scipion, qui

étouffe cette

conjuration

4000 Ro

mains fe reti

rent à Venou

amitié, & fe

leur befoin.

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tant la pointe : Je jure le premier, dit-il, que je n'abandonnerai point » la république, & que je ne fouffri

frirai pas qu'aucun autre l'abandon»ne. Grand Jupiter, je vous prens

à témoin de mon ferment; & je » confens, fi je manque à l'exécuter, » que vous me faffiez périr, moi & » les miens, de la mort la plus cruel»le. Faites le même ferment que

moi, Cæcilius, & tous ceux qui "font ici avec vous. Quiconque refu» fera d'obéir, perdra fur le champ la » vie. Ils jurerent tous, auffi effrayés que s'ils euffent vû & entendu Annibal vainqueur, & permirent à Scipion de les faire garder à vûë.

Dans le temps que ceci fe paffoit à Canoufe, environ quatre mille homfe, où ils font mes piétons, ou cavaliers, que la fuite receus avec avoit difperfés dans la campagne, fe Cours dans rendirent à Venoufe auprès du conful.. Les habitants de cette ville les reçurent dans leurs maifons, où ils prirent un grand foin d'eux. Ils fournirent des vêtements & des armes à tous ceux qui en manquoient, & donnerent à chaque cavalier douze livres dix fols, & cent fols à chaque piéton. Enfin, tant en public qu'en particulier, on leur

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