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& dix cavaliers, au lieu que fon colle gue, en mourant, fut prefque accompagné de toute l'armée. Comme ceux des vaincus qui s'étoient retirés dans les deux camps étoient fans armes & fans chefs, ceux du grand envoyerent avertir les autres de les venir trouver : qu'ils s'en iroient tous ensemble à Ca- " noufe, tandis que les ennemis, fati- " gués des travaux du combat, & enni- " vrés des douceurs de la victoire,étoient" enfevelis dans le fommeil. Parmi ceux " du petit camp, les fentimens furent partagés. Les uns rejetterent abfolument cette propofition. Pourquoi, " difoient-ils, ceux qui nous invitent " à les aller trouver, ne viennent-ils " pas eux-mêmes dans notre camp, " pouvant le faire avec la même " facilité ? Qu'il étoit bien aifé de " voir que ce qui les retenoit, étoit “ la crainte de tomber entre les mains " des ennemis, qui occupoient tout le " milieu : & qu'ils aimoient mieux ex- “ pofer les autres à ce péril, que de " s'y expofer eux-mêmes. Les autres " ne trouvoient pas le confeil déraisonnable: mais ils n'avoient pas le courage de le fuivre. Alors P. Sempronius Tuditanus, tribun des foldats, éton

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né qu'ils refufaffent d'aller se joindre à leurs concitoyens : Vous aimez donc mieux, leur dit-il, devenir les prifonniers du plus cruel & du ,, plus avare de tous les ennemis : ,, vous aimez mieux qu'on mette vos têtes à prix, & que votre * ignominie faffe honneur aux autres ,, lorsqu'on vous fera paffer en revûë, en vous demandant: Etes-vous Romain, ou Latin? Je ne croi ,, pas que vous foyés dans ces fenti,, mens, pour peu que vous fongiez 1 que vous êtes les compatriotes du ,, conful Paul Emile, qui a préferé ,, une mort honorable à une vie honteufe; & les compagnons de ,, tant de braves Romains, qui font ,,morts en combattant à fes côtés. Il eft bien plus glorieux pour nous, que fans attendre que le jour nous expofe au péril, & que le chemin nous foit fermé par un plus grand nom→ bre d'ennemis, nous nous ouvrions un paffage à travers ce petit nombre de Carthaginois qui font répandus fans ordre & fans précaution autour des portes de notre camp. Avec

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Annibal chargeoit les Romains de chaînes, K renvoyoit les Latins fans rancon,

l'audace & le fer, on fe fait jour au "
milieu des ennemis les plus ferrés. "
Pour nous, en formant un bataillon "
pointu, nous percerons fans peine "
cette troupe d'ennemis épars au ha- "
zard autour de nous. Ainfi fuivez- "
moi, tous tant que vous êtes, qui
aimez votre falut & celui de la ré- "
publique. Ayant ainfi parlé, il tira
fon épée; & avec ceux qui voulurent
le fuivre rangés en pointe, il enfonça
les ennemis. Mais voyant que les Nu- .
mides lançoient leurs javelots fur leur
droite qui étoit découverte, ils paffe-
rent adroitement leurs boucliers d'une
main dans l'autre, & arriverent dans le
grand camp, au nombre de fix cent.
De là s'étant joints à un plus grand
nombre, ils fe rendirent tous fans dan-
ger à Canoufe. Voilà ce qui fe paffoit noufe.
parmi les vaincus, plutôt au hazard,
ou par un mouvement volontaire des
foldats, qu'à deffein, & par l'ordre de
ceux qui commandoient.

Comme tous les officiers d'Annibal le felicitoient de fa victoire, & lui confeilloient, après avoir terminé une guerre fi confiderable, de prendre quel. ques jours de repos pour lui & pour fes foldats: Donnez-vous-en bien «<<

Une partie retire Ca

des vaincus (e

Confeil de

Maharbal rejetté par An

nibal plus

habile à vaincre, qu'à profiter de fa vicFoire.

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(

de garde, lui dit Maharbal, comman dant de la cavalerie, qui étoit perfuadé qu'il n'y avoit pas un moment de tems à perdre: Car afin que vous fçachiez, ajouta-t'il, de quelle confequence eft pour vous le gain de cette ba» taille, dans cinq jours je vous fais » préparer à dîner dans le capitole.. » Suivez moi, feulement avec l'in» fanterie je vas prendre les devants » à la tête de ma cavalerie avec tant » de diligence, que j'opprimerai l'en> nemi avant qu'il ait appris mon def» fein. Annibal trouva ce confeil d'une trop grande confequence, pour fe réfoudre à l'exécuter fi promptement. C'eft pourquoi il répondit à Maharbal, qu'il louoit fon zele & fa bonne volonté mais qu'il avoit befoin de quelque temps, pour faire de férieuses réflexions fur l'avis qu'il lui donnoit. >Je vois bien, repliqua fur le champ » Maharbal, que les dieux n'ont pas >> accordé au même homme tous les » talents. Vous fçavez vaincre, Anni» bal, mais vous ne fçavez pas profiter » de la victoire. Tout le monde convient qu'un feul jour paffé dans l'inaction de la part d'Annibal, fauva Rome & l'empire. Le lendemain, dès

que le jour fut venu, les Carthaginois fe mirent à ramaffer les dépouilles des vaincu. Mais quelque haine qu'ils euffent pour les Romains, ils ne purent confiderer fans horreur le carnage qu'ils avoient fait. Le champ de bataille & tous les environs étoient jonchés de corps morts épars çà & là, felon qu'ils avoient été tués pendant le coinbat, ou dans la fuite. Ils en affommerent quelques uns que le froidi du matin avoit réveillés de leur affoupiffement, en rendant leurs bleffures plus fenfibles, & qui tâchoient de s'ar racher du milieu des morts. Ils en trouverent d'autres à qui on avoit coupé les jarets, & qui découvrant leur gozier, les invitoient à les égorger, & à boire le peu de fang qui leur reftoit encore dans les veines. Il y en avoit, qui ayant enfoncé leurs têtes dans des trous qu'ils avoient eux-mêmes creufés dans la terre, s'étoient ôté la refpiration, pour le délivrer plutôt d'une vie plus affreufe mille fois que la mort. Mais ce qui attira davantage leur attention, ce fut un Numide, encore vivant, couché fur un Romain mort. Il avoit le nez & les oreilles tout en

fang Car les Romain ne pouvant fe

Les Cartha ginois euxmêmes font faifis d'hor du carnage qu'ils ont fair. Image du champ de ba taille de Can

reur, à la vûe

nes,

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