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gent aujourd'hui Sagonte contre la foi « du traité; mais bientôt les armées ro- « maines affiégeront Carthage, fous la a conduite des mêmes dieux qui les « ont déja vengés dans la premiere << guerre. Je voudrois bien fçavoir quel eft le motif de votre confiance. Eft-c ce que vous ne connoiffez pas vos « ennemis? Ne vous connoiffez-vous << pas vous-mêmes ? & ne fçavez-vous « pas quelle eft la fortune des deux nations? Et cependant avant de fe dé- « clarer aujourd'hui, ils vous envoyent « comme alliés, & pour des alliés, des « ambaffadeurs que votre grand géné- te ral n'a point admis dans fon camp. « N'eft-ce pas violer le droit des gens, « que de refufer aux ambaffadeurs d'un « peuple allié, une audience qu'on ac- « corderoit à ceux d'une nation enne- « mie? Pour eux, peuvent-ils donner «< une plus grande marque de inodéra. « tion, que de venir ici, munis d'un « traité, vous demander réparation de tant d'injures ? Ils veulent bien fuppofer que le confeil public de Carthage n'a point de part à l'outrage: « & c'est pour cette raifon qu'ils exigent qu'on leur livre Annibal, com- « me le feul 'coupable. Mais plus ils

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font paroître de patience & de rete"nue dans le commencement, plus je crains qu'ils ne foient inéxorables quand ils auront une fois pris les ar"mes pour fe venger. Souvenez-vous » du mont Erix: fouvenez-vous des "ifles Egathes. Remettez vous devant » les yeux les maux que vous avez » foufferts, & les pertes que vous avez » faites pendant 24 ans par mer & par terre. Et vous n'aviez pas pour lors » à votre tête un jeune téméraire comme Annibal, mais fon pere Amilcar lui-même, cet autre Mars, comme l'appellent fes partifans. Pour» quoi donc avez-vous été vaincus ? c'eft que les dieux vouloient venger l'outrage que les Romains avoient ➜ reçû de nous en Italie, auprès de Tarente; comme ils vengeront celui » que nous leur avons fait en Espagne, en affiégeant Sagonte. Oui, ce font » les dieux qui vous ont punis: & quand on auroit pu douter d'abord » de quel côté venoit l'injure, ils ont " voulu que l'événement, comme un » juge équitable, décidât la queftion, en accordant la victoire au parti qui avoit la juftice de fon côté. C'est >contre les murailles de Carthage, qu'Annibal

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qu'Annibal fait avancer aujourd'hui « fes tours & fes mantelets. Ce font les « murailles de Carthage qu'il bat à « coups de bélier. Je fouhaite que ma « prédiction foit fauffe: mais je pré- « vois que les ruines de Sagonte retom. « beront fur nos têtes, & qu'il nous faudra foutenir contre les Romains.<< la guerre que nous aurons entreprise «<< contre ceux de Sagonte. Vous voulez.. donc qu'on livre Annibal aux Romains, dira quelqu'un. Je fçai bien que l'inimitié qui a toujours été entre fon pere & moi peut me rendre fufpect, & ôter à mon fentiment une partie de l'autorité qu'il devroit avoir dans l'affemblée. Mais je ne ce vous diffimulerai pas que je me suis réjoui de la mort d'Amilcart, par- « ce que s'il eût vécu plus long-tems, « nous ferions déja aux prifes avec les Romains. A l'égard de fon fils, je le hais & le détefte comme la furie & le flambeau de cette guerre ; & nonfeulement je fuis d'avis que pour expier la rupture du traité, on le livre aux Romains, comme ils le demandent; mais quand ils ne nous fommeroient pas de le faire, je vous con- «e feillerois de le transporter aux extré❤ « B

Tome I.

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Le fenat de

Annibal.

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»mités de la terre & de la mer, fi loin » que jamais fon nom ne pût fraper » nos oreilles, ni troubler le repos de »notre république. Mon fentiment eft » donc, que vous décerniés trois am» baffades. La premiere, pour aller fur » le champ à Rome, faire fatisfaction » au fénat. La feconde, pour déclarer » à Annibal, de votre part, qu'il ait à retirer les troupes de devant Sagon» te, & le mettre lui-même en la puiffance des Romains. Vous chargerés la troifiéme, de dédommager »les Sagontins des pertes qu'ils ont faites pendant que leur ville a été affiégée.

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Tous les fénateurs étoient telleCarthage fe ment dans les interêts d'Annibal, déclare pour qu'aucun d'eux ne fut obligé de prendre la parole pour répliquer à Hannon. Bien loin qu'on approuvât fon avis, on lui reprocha d'avoir parlé contre le fils d'Amilcar avec plus de violence & d'animofité que Valerius même chef des ambaffadeurs Romains. Ainfi toute la réponse qu'on leur fit, fut que ce n'étoit point Annibal, mais les habitans de Sagonte, qui avoient donné lieu à la guerre : & que les Romains auroient grand tort, s'ils préfe

roient cette nation aux Carthaginois, les plus anciens de leurs alliés. Pendant que les Romains perdoient le tems à envoyer des ambassades, Annibal n'étoit occupé que du fuccès de fon entreprise. Comme il vit que fes foldats étoient fatigués par les travaux & les combats qu'ils avoient effuyés fans relâche, il leur accorda quelques jours de repos; ayant cependant pris la précaution de difpofer quelques troupes pour la confervation des mantelets & des autres ouvrages. Pendant ċe tems-là il animoit leurs courages, en leur représentant l'orgueil infupportable des ennemis, & en leur promettant de grandes récompenfes. Mais quand il eut déclaré publiquement qu'il leur accorderoit tout le butin qui fe trouveroit dans la ville, après qu'ils l'auroient prife, ils témoignerent tant d'ardeur d'en venir aux mains, que fi on leur eût donné auffi-tôt le fignal, il fembloit que rien n'eût été capable de leur refifter. Les Sagontins de leur côté n'employerent pas à fe repofer le tems que les attaques cefferent de la part des Carthaginois. Mais fans faire eux-mêmes aucune fortie, ils pafferent les jours & les nuits à refaire un

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