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foient auffi de toutes leurs forces. L'e-
xemple leur paroiffoit avoir des confé-
quences dangereufes. Ils craignoient:
que les gens de la lie du peuple ne s'ac-
coutumaffent à s'égaler à eux à force
de leur déclarer la guerre. Q. Be
bius Herennius, tribun du peuple, &.
parent de Varron, déclamoit avec
beaucoup de véhémence, non feule-.
ment contre le fénat, mais encore
contre les augures. Et en les accufant
d'avoir empêché le dictateur de termi
ner les affemblées, il leur attiroit la
haine du peuple, & rendoit la caufe
de Varron plus favorable. Il foutenoit,
que c'étoient les nobles qui, pour
exciter une guerre qu'ils défiroient «
depuis long temps, avoient attiré
Annibal en Italie que c'étoit eux «
qui par leurs artifices, tiroient exprès
la guerre en longueur, pendant qu'on «
pouvoit ailément la terminer. Que
la victoire que Minucius avoit rem- «.
portée fur les Carthaginois pendant e
l'abfence de Fabius, prouvoit bien «
qu'on pouvoit les combattre avec «
toutes les legions. Mais que le dicta- «
teur en avoit expofé deux comme à «
la boucherie, & les en avoit enfuite ce
retirées, pour fe faire donner les noms a

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Bebius, tri. bun du peucontre les no

ple, déclame

bles en faveur de Var eron, fon pas

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rent.

Parmi les plebeiens il y voit des familles nobles.

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» ambitieux de pere & de patron, lui » qui avoit empêché les Romains de » vaincre, avant de les empêcher d'être "vaincus. Que dans la fuite les confuls, "en fuivant la méthode de Fabius, ≫ avoient encore prolongé la guerre, » au lieu de la finir, comme ils le pou» voient. Que c'étoit une efpece de » traité fait entre les nobles: & que

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jamais les Romains n'auroient la "paix, qu'ils n'euffent élevé au confu"lat un homme vraiment plebeien, "c'est-à-dire, un homme nouveau : puifque les plebeiens *nobles étoient » initiés dans les mêmes myfteres; & s que depuis qu'ils avoient remarqué "que les patriciens ceffoient de les méprifer, ils avoient commencé eux» mêmes à méprifer le peuple. Qui ne » voyoit pas que leur deffein avoit été, » en demandant un interroi, que les » fénateurs fuffent les maîtres des affemblées? Que c'étoit là ce qu'avoient prétendu les confuls, en de» meurant à la tête des armées. Qu'en« fuite, voyant qu'on avoit créé un » dictateur malgré eux, ils avoient fait. en forte, de concert avec les augures, que fa nomination parût vicieuse. Qu'on avoit donc nommé un inter

رو

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66.

roi, qui ne pouvoit être pris que " parmi eux mais qu'on ne pouvoit nier que l'un des deux confulats " n'appartint au peuple. Qu'il en con- “ ferveroit affurément la poffeffion, " & le confieroit à un homme qui ai- “ mât mieux vaincre tout de bon les " ennemis que commander long-" tems à fes citoyens.

66.

Trois patriciens fe préfentoient pour le confulat, fçavoir P. Corn. Merenda, L. Manlius Volfon, & Marcus. Emilius Lepidus ; & avec eux, deux plebeiens de familles nobles, C. Attilius Serranus, & Q. Ælius Pætus.. Mais le peuple avoit été tellement animé par les difcours du tribun Bebius qu'il ne nomma que C. Terentius Varron, avec pouvoir de préfider à l'affemblée, dans l'efperance qu'il seroit le maître de fe choifir un collegue.. Mais la nobleffe qui avoit éprouvé le peu de vigueur des competiteurs de Varron, engagea L. Emilius Paulus. à fe mettre fur les rangs, malgré fa longue réfiftance. Car au fortir de fon premier confulat, il avoit eu le déplai fir de fe voir injuftement condamné avec fon collegue M. Livius: & il étoit encore actuellement aigri contre

le peuple, à qui il ne pouvoit pardonner un fi grand affront. Dès le premier jour que le peuple s'affembla, tous ceux qui s'étoient présentés d'abord avec Varron s'étant défiftés par déférence pour Paul Emile, il fut nomPaul Emile mé, plutôt pour s'opposer à la témétius Varron, rité de fon collegue, que pour comconfuls. An. mander de concert avec lui. On tint de. Rome 536. enfuite les affemblées prétoriennes,

& C. Teren

dans lesquelles on nomma Manius. Pomponius Mathon, & P. Furius Philus. Le fort donna au premier la. commiffion de rendre la juftice aux citoyens dans la ville ; & à l'autre celle de juger les differents des citoyens & des étrangers. On nomma deux autres préteurs, M. Cl. Marcellus, pour la Sicile; & L. Pofthumius Albinus pour la Gaule. Tous, excepté Varron, furent nommés pendant leur absence, & à des charges qu'ils avoient déja exercées. On ne croyoit pas que dans les conjonctures préfentes, on dût confier le gouvernement à des gens fans experience: ce qui fit qu'on remit à un autre temps plufieurs fujets, qui avoient d'ailleurs beaucoup de mérite..

On fongea auffi à augmenter les armées. Mais les auteurs font fi peu

d'accord fur la quantité d'infanterie & de cavalerie qu'on ajouta aux forces de la république, que je n'oferois rien affurer là-deffus. Quelques uns difent que les nouvelles recrues montoient à dix mille foldats. D'autres, qu'on ajouta quatre legions à celles qui étoient déja fur pié, pour compofer en tout le nombre de huit. Il y en a qui rapportent auffi qu'on augmenta le nombre des foldats dont les legions. étoient compofées, en forte que chacune contenoit cinq mille fantaffins & 300 cavaliers; & que les alliés eurent ordre de doubler le nombre des cavaliers, avec la quantité ordinaire de gens de pié. Quelques-uns ont écrit que l'armée qui combattit à Cannes étoit compofée de quatre-vingt-fept mille deux cent hom mes. Tous les hiftoriens conviennent qu'on fit cette année de plus grands efforts, & qu'on témoigna plus de confiance que jamais, le dictateur ayant fait connoître qu'Annibal n'étoit pas invincible. Mais avant que les nouvelles legions partiffent de Rome, les decemvirs eurent ordre de confulter les. livres de la Sybille, pour raffurer le peuple, que de nouveaux prodiges avoient allarmé. Car on contoit, qu'à

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