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prit & en tua une partie, & défarma prefque tout le refte. Ce mouvement obligea Afdrubal, qui s'étoit retiré vers l'ocean, de repaffer l'Hebre, & de venir au fecours de fes alliés. Les Carthaginois étoient campés dans le territoire d'Ilercaon, & les Romains, au lieu appellé, la Flotte-neuve, lorfqu'un bruit inopiné tourna tout d'un Les Celti- coup la guerre d'un autre côté. Les beriens pren Celtiberiens, qui avoient envoyé les mes contre les principaux de leur nation en ambaffaCarthaginois, de vers Scipion, & lui avoient donné

nent les ar

P. Scipion

des ôtages de leur fidelité, prirent tout d'un coup les armes par l'ordre du géneral Romain, & entrerent avec une puiffante armée, dans la province des Carthaginois, où ils prirent trois villes d'affaut. Ils défirent enfuite Afdrubal lui-même en deux combats differents, où ils lui tuerent quinze mille hommes, & firent quatre mille prisonniers, & lui enleverent un grand nom bre de drapeaux.

Les affaires d'Efpagne étoient dans vient en Ef cette fituation, lorfque P. Scipion, à pagne avec la qui on avoit continué le commande

Flotte.

ment après fon confulat, arriva dans cette province, où le fénat lui avoit ordonné de fe rendre avec trente vaif

feaux de guerre, un renfort de huit mille hommes, & de grandes provifions d'armes & de vivres. Cette flotte caufa une joye extrême aux citoyens & aux alliés, dès qu'on l'apperçut en mer, & lorfqu'elle entra dans le port de Tarragone avec un auffi grand nombre de barques chargées de munitions. P. Scipion ayant débarqué fes foldats, alla joindre fon frere Cn. Et depuis ce temps-là, ils firent conjointement la guerre, avec beaucoup de concert & d'union. Comme ils virent que les Carthaginois étoient occupés contre les Celtiberiens, ils pafferent promptement l'Hebre, & fans trouver d'ennemis fur leur route, s'avancerent jufqu'à Sagonte, fçachant qu'on gardoit, avec fort peu de troupes dans la citadelle de cette ville, les ôtages qu'Annibal avoit pris de tous les peuples d'Espagne, pour s'affurer de leur fidelité. La crainte d'expier leur révolte par le fang de leurs enfans, étoit le feul lien qui les attachât encore au parti des Carthaginois, qu'ils avoient grande en vie de quitter pour prendre celui des Romains. Cette chaîne qui retenoit une grande partie de la province, fut rompue par un Efpagnol, plus adroit

& livrés en

mains, par la

lox.

que fidele. Abelox, gentilhomme du pays, qui fe trouvoit alors dans Sagonte, avoit été attaché jusques-là aux Otages EC Carthaginois. Mais par une inconftanpagnols tirés des mains des ce affez ordinaire à ces barbares, il les Carthaginois, avoit abandonnés avec la fortune. Au celles des Re- refte, étant bien perfuadé qu'on n'a rufe d'Abe- que du mépris pour un transfuge, qui ne porte que fa perfonne dans le nouveau parti qu'il embraffe, il fongeoit à procurer aux Romains quelque grand avantage, afin de fe rendre confiderable parmi eux. Ayant donc examiné mûrement tout ce qu'il étoit en état de faire pour leur fervice, il s'en tint au deffein de leur mettre entre les mains les ôtages qu'Annibal faisoit garder dans Sagonte, comme au moyen le plus fûr de leur concilier l'affection des principaux de la province. Mais comme il fçavoit que les foldats qui veilloient fur eux, ne feroient rien fans l'ordre de Boftar, leur commandant, il entreprit de tromper Boftar tout le premier. Cet officier, pour empêcher les Romains d'entrer dans le port de Sagonte, étoit campé avec fes troupes hors de la ville, fur le bord même de la mer. Ce fut là qu'Abelox l'alla trouver; & l'ayant tiré à l'écart,

il lui expofa l'état de la province, feignant de croire qu'il n'en étoit pas affez informé. Il lui fit entendre, que la crainte avoit retenu les Espagnols ce dans le devoir, tant que les Ro- « mains avoient été éloignés. Mais que «< depuis qu'ils étoient arrivés dans la « province, leur camp étoit devenu « l'azile de tous ceux qui aimoient le « changement. Qu'ainfi il falloit gagner par des graces & des bienfaits, « des gens que l'autorité ne pouvoit « plus contenir. Boftar étonné, lui « ayant demandé ce que l'on pouvoit faire pour s'affurer d'eux: Ren- «< voyons, dit-il, les ôtages dans leurs « pays. Cette faveur fera agréable en ce particulier à leurs parents qui font « les premiers de leurs villes, & en ge. « neral à tous les peuples. Il n'y a « perfonne qui ne foit bien aife qu'on « ait de la confiance en lui. Et pour « rendre les hommes fideles, il fuffit ce fouvent de leur témoigner qu'on ne « fe défie pas d'eux. Je me charge de <<< remener moi-même les ôtages dans « leurs maifons. Et comme je m'inte- « reffe plus que quique ce foit au fuccès «<< d'un projet dont je fuis l'auteur, je « fçaurai faire valoir aux Efpagnols un «

«

» bienfait qui eft déja très grand par » lui-même. Boftar étoit un homme fimple, & en cela fort peu Carthaginois. Abelox ne l'eut pas plutôt perfuadé, qu'il paffa de nuit dans le camp des Romains. Et s'étant abouché avec quelques Efpagnols des troupes auxifaires, il fut conduit par eux à Scipion, à qui il expofa de quoi il étoit queftion. Il lui donna fa parole, & reçut la fienne: & étant convenu du temps & du lieu où les ôtages devoient être livrés, il retourna à Sagonte. Il paffa tout le jour fuivant à prendre avec Boftar les mesures nécesfaires pour l'exécution de leur entreprife. Et l'ayant averti qu'il partiroit de nuit pour mieux tromper les fentinelles des ennemis, il prit congé de lui. La nuit, à l'heure marquée, il éveilla les gardes, qui lui remirent auffi-tôt les ôtages. Dès qu'il fut forti de la ville, il s'alla jetter avec eux, comme fans le fçavoir, dans les embûches qu'il s'étoit fait dreffer lui même. Il les conduifit tout droit dans le camp des Romains. Le refte fut exécuté de la même maniere & dans le même ordre dont il étoit convenu avec Boftar, avec cette difference, qu'ils furent ren

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