l'armée de terre étoit campée sur le rivage, vis-à-vis d'elle. C'est pourquoi, afin de jetter tout d'un coup la terreur parmi eux, & de les opprimer en les aftaquant avec toutes ses forces, il fit auffi.tôt lever l'ancre, & marcha contre eux avec beaucoup de diligence. Ona .construit en Espagne un grand nombre de tours fort élevées, qui servent en même temps , & à découyrir de loin les barques des pyrates , & à mettre les côtes à l'abri de leurs defcentes & de leurs brigandages. Ce fut par ce moyen qu'Aldrubal fut averti de l’arrivée des ennemis. Le bruit en étoit déja répandu dans tout son camp, qu'on n'en avoit encore aucune connoiffance für la flotte d'Himilcon ; parce que ses soldats n'entendoient point encore ni le bruit des rames , ni les cris des matelots, & que les promontoires leurs déroboient la vûë des vaisseaux. Ils se promenoient tranquil. lement sur le rivage, ou se tenoient en repos dans leurs tentes, ne s'attendant à rien moins qu’à combattre ce jourlà; lorsque les cavaliers qu'Asdrubal leur envoya en grande hâte & à diverses reprises, leur apprirent enfin que la flotte Romaine étoit prête d'entrer dans le port , & leur ordonnerent de s'embarquer au plus vîte , & de prendre leurs armes. Aldrubal , de son cô. té, se mit sur le champ à la tête de ses troupes. Mais la flotte étoit remplie de tumulte, les soldats & les nautonniers rentrant pêle-mêle dans leurs galeres, & paroissant plutôt fuir l'ennemi, que se préparer à lui donner bataille. A peine étoient-ils tous embarqués, qu'on voyoit d'un côté lever les ancres pour se mettre en mer, de l'autre couper les cable, pour avoir plutôt fait. Et comme ils faisoient tout à la hâte & avec précipitation, les soldats troubloient le ministere des nautonniers , qui de leur côté , empêchoient les soldats de prendre les armes. Cependant les Romains arriverent en bon ordre, & fondirent tout d'un coup sur le Carthaginois, qui n'étant pas moins troubles de la confternation & du désordre qui regnoit parmi eux, que de l'attaque imprévûë des ennemis , prirent aussi-tôt la fuite , ayant à peine tenté de se metFloire des tre en défense. Mais comme l'embou. Carthaginois chure du fleuve n'étoit pas assez large se en fuite par pour donner une retraite aisée à tant les Romains. de bâtiments, qui s'efforçoient tousen même temps de le remonter , les fol. battuë & mi pas de dats effrayés, les poussoient vers le bord; & s'élançant , la plupart sans ar. mes, dans les gués, ou jusques sur la terre même, ils se refugioient dans l'armée d'Asdrubal, qui étoit rangée en bataille le long du rivage. Dès le premier choc, il y avoit eu deux gale. res Carthaginoises prises , & quatre coulées à fond. Quoique les ennemis fussent les maîtres de la terre , & que leur armée fût rangée en bataille le long du bord, les Romains ne laifferent pourfuiyre leur flotte en déroute, avec tanc de promptitude, qu'ils prirent toutes les galeres qui avoient évité de se briser contre la côte, ou qui n'avoient pas été engravées, & les emmenerent avec eux attachées à la prouë de leurs vaisseaux , au nombre de vingt-cinq. Mais le plus grand avantage qu'ils tirerent de ce combat, c'est qu'une victoire qui leur avoit fi peu couté, les rendit maître de toute cette mer & des côtes voisines : en sorte que s'étant avancés jusqu'à Honosca, ils fortirent de leurs vaisseaux; & après avoir pris la ville d'assaut & l'avoir pillée, ils allerent de là à * Carthage même, dé * La nouvelle Carthage, en Elpagne, de ra folerent tout le pays d'alentour, & en fin mirent le feu aux maisons les plus voisines des murailles & des portes. La flotte chargée de butin poussa de là jusqu'à Longantique , où Asdrubal avoit fait, pour l'usage de les vaif. seaux, une graride provision de * Sparte, auquel ils mirent le feu après en avoir enlevé la quantité dont ils avoient befoin. Ils ne se contenterent pas vager les terres du continent qui s'avançoient le plus dans la mer ; mais ils pafferent jusques dans l'isle d'Ebuse. Et après avoir inutilement employé deux jours, & fait de grands efforts pour se rendre maître de la ville capi. tale, craignant d'échouer dans cette entreprise , ils fe mirent à courir la campagne : & après avoir pillé & brûlé quelques bourgs, où ils trouverent plus de butin que dans le continent , ils rentrerent dans leurs vaisseaux. Et ce fut en ce temps-là que Scipion reçut des ambassadeurs des illes Baleares , qui venoient lui demander la paix. La flotte revint de là sur ses pas, vers les contrées de l'Espagne qui font endeçà de l'Hebre. Ce fut là que SciEspece de genet , apparemineni d'usage sur les ga. pion leres. pion trouva les députés de toutes les Il paroisfoit que le reste de la cam- K |