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foldats les mêmes fentimens. Et fi le commandement eût dépendu de leurs fuffrages, ils ne diffimuloient pas qu'ils auroient préferé le maître de la cavalerie au dictateur..

Mais Fabius, encore plus en garde contre les Romains que contre les Carthaginois, & perfuadé qu'il ne feroit en fureté de la part de fes ennemis, qu'autant qu'il ne fe laifferoit pas vain ere par fes citoyens, demeura ferme pendant toute la campagne, dans le deffein qu'il avoit formé de ne point combattre, malgré les bruits injurieux qu'il fçavoit qu'on avoit fait paffer du camp jufques dans la ville, contre fa timidité & fa nonchalance prétendues; en forte qu'Annibal défefperant de Fattirer au combat, qu'il fouhaitoit avec tant d'ardeur, fongeoit déja à fe retirer dans quelque canton, où il pût. commodément paffer l'hyver, ne pouvant pas fubfifter long-temps dans le pays qu'il occupoit alors, dont la terre couverte de vignobles & d'arbres frui tiers, produifoit prefque par tout des biens plus agréables qu'utiles. Fabius en fut averti par les coureurs. Et com me il étoit perfuadé que pour fortir de la Campanie, il prendroit néceffaires

ment le même chemin par où il y étoit entré, il envoya une partie de fes gens s'emparer de la montagne de Callicule & du fort de Cafilin. Le Vulturne, qui paffe par le milieu de cette ville, fépare le territoire de la Campanie d'avec celui de Falerne. Pour lui, ib ramena fon armée par les mêmes collines, & envoya cependant L. Mancinus à la découverte avec 400 cavaliers. Ce jeune officier avoit ordre d'examiner les démarches des ennemis fans se montrer, s'il étoit poffible; au moins fans s'expofer, & d'en venir rendre compte. Mais étant du nombre de ceux que les difcours féditieux & emportés de Minucius avoit féduits, il n'eut pas plutôt apperçu quelques cavaliers Numides répandus dans les villages, qu'il courut für eux, & tua même quelques-uns de ceux qui lui tomberent fous la main. Il n'en fallut pas davantage pour lui faire oublier fa commiffion. L'avidité de combattre. l'emporta fur l'obéiffance qu'il devoit au dictateur. Les Numides partagés en plufieurs pelottons, le vinrent char ger les uns après les autres. Puis fuyant à deffein devant lui, l'attirerent infenfblement jufqu'auprès de leur camp

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fort fatigué, auffi bien que tous fes gens & leurs chevaux. Carthalon, qui commandoit toute la cavalerie en fortit auffi-tôt ; & les ayant mis en fuite même avant de les joindre, il les pourfuivit pendant deux lieux fans leur donner de relâche., Mancinus voyant qu'ils ne pouvoient échapper à fes ennemis, obftinés à le fuivre, exhorta les fiens à fe défendre de leur mieux, & retourna contre les Numides, à qui il étoit bien inferieur, tant en nombre, qu'en force & en confiance. Auffi futil tué lui-même, avec les plus braves. des fiens. Les autres fe fauverent à courfe de cheval, premierement à Cales, & de là, en prenant les fentiers les plus détournés, jufques dans le camp du dictateur. Par hazard ce jourlà, Minucius étoit venu rejoindre Fabius, qui quelques jours auparavant, l'avoit détaché pour aller fe faifir, au deffus de Tarracine, d'un paffage fort étroit qui domine fur la mer ; afin d'empêcher Annibal d'aller du côté de... Rome, comme il auroit pû faire, fr on ne lui avoit pas fermé la voye Ap pia. Le dictateur & le maître de la cavalerie ayant réuni leurs troupes, vinrent fe camper fur le chemin par où

Annibal devoit passer, environ à deux inilles de lui.

Le lendemain, les Carthaginois oc cuperent tout le terrein qui étoit entre les deux armées. Les Romains fe pofterent fur leurs retranchements, où ils avoient furement l'avantage du lieu: mais les ennemis ne laifferent pas d'a, vancer, ayant à leur tête leurs foldatsarmés à la legere, ce qui occafionna diverses efearmouches entre les deux partis. Annibal alternativement venoit attaquer, & fe retiroit vers fon gros.. Mais les Romains ne quitterent point leurs poftes, Fabius moderant leur ar deur en forte que l'action fe passa conformément au goût du dictateur, plutôt qu'aux intentions d'Annibal. Il fut tué dans cette mêlée huit cent Carthaginois, & deux cent Romains. Annibal ayant perdu l'efperance de se retirer par Cafilin, fe trouvoit enfermé de toutes parts, dans la trifte néceffité de paffer l'hyver entre les rochers de Formies d'un côté, & de l'autre, les fables & les marais affreux de Linterne au lieu que les Romains avoient derriere eux Capoue & le Samnium, & un grand nombre de riches alliés, qui pouvoient leur envoyer des vivres.

Stratagemmes

en abondance. Annibal s'apperçut bien qu'on employoit contre lui fes rufes & fes artifices ordinaires. Ainfi voyant qu'on lui avoit ôté le paffage de Cafilin, & qu'il étoit obligé de fe retirer par les montagnes de Callicule; pour empêcher les Romains de venir fondre fur fon armée, tandis qu'elle traverferoit les vallées qui font au-desfous, il imagina un ftratagême, moins capable de nuire en effet, que d'éblouir & d'effrayer par le fpectacle. Il affembla environ deux mille boeufs, tant fingulier.. fauvages que domeftiques, qui fe trouvoient parmi le butin qu'il avoit fait dans le pays ennemi. Il donna ordre qu'on ramaffât dans la campagne dus farment, & autres bois fec & menu, dont on fit de petits fagots, qu'on attacha adroitement aux cornes de ces animaux. Il chargea Afdrubal d'y faire mettre le feu dès le commencement de la nuit, & de chaffer les bœufs vers les hauteurs, fur tout du côté des dé filés, dont les Romains s'étoient emparés..

Ses mesures ainfi prifes, il commen. ça lui-même à marcher en filence vers les montagnes dès que le jour eut fini.. Les boeufs précedoient de beaucoup

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