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après l'avoir fait battre de verges, il le fit étrangler. Et s'étant fortifié dans fon camp, il envoya Maharbal piller le territoire de Falerne, avec un corps. de cavalerie. Les Numides poufferent jufqu'à Sinverse, mettant tout à feu & à fang, & caufant encore parmi les habitants du pays plus de terreur & de confternation. L'horrible dégât que fit cet officier, ne put obliger les peuples de ce canton à manquer de fidelité aux Romains, dont le gouvernement leur paroiffoit équitable & moderé. On voit par là que la douceur & la fageffe font le moyen le plus fûr de contenir les fujets dans le devoir.

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La diffention du dictateur & du maître de cavalerie avoit ceffé depuis quelques jours. Car comme Fabius qui fuivoit Annibal, avoit fait marcher fon armée plus vite que de coutume, Minucius Minucius & fes partifants avoient crû qu'il fe hâtoit de marcher au fecours de la Campanie. Mais lorf qu'ils furent campés auprès du Vulturne, & que de là ils virent le plus. beau pays de l'Italie en proye à l'ennemi; fur tout lorfqu'ils apperçurent de deffus le fommet du mont Maffique tout le pays de Falerne & de Sinverse

Invectives dė Minucius

ravagé, & toutes les maifons de campagne brûlées par les Garthaginois qu'ils avoient fous leurs yeux, fans que Fabius, obftiné à garder les hauteurs, parlât en aucune façon de combattre alors la fédition recommença plus fort que jamais. Sommes nous yenus « ici, dit Minucius, encore plus fu- « contre le dicrieux qu'auparavant, pour contem- «tateur. pler comme un spectacle agréable à « la vûë, les incendies & les meur- « tres qu'on exerce fur nos alliés? Et « fi le motif de la gloire & de l'interêt e ne peut exciter notre courage, n'a- « vons-nous pas au moins compaffion « de nos citoyens, que nos peres ont « envoyés en colonie à Sinverfe, pour garder contre les incurfions des Samnites, cette belle contrée que nous voyons aujourd'hui pillée, non par un peuple voifin, mais par des étrangers & des barbares, qui font venus jufqu'ici des extremités de la terre « par notre lenteur & notre lâcheté. Grands dieux! avons-nous tellement CB dégeneré, que nous demeurions infenfibles, en voyant au pouvoir des « Numides & des Maures, ces mêmes côtes, le long defquelles nos ancê- « ares auroient regardé comme un

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» déshonneur pour eux, que les flottes » des Carthaginois navigeaffent impunément! Il n'y a que quelques mois, qu'indignés de voir la ville de Sa"gonte affiegée, nous prenions tous » les hommes à témoin de cet outra"ge, & invoquions les dieux vengeurs des traités violés. Et aujour »d'hui nous reftons les bras croisés,

tandis que fous nos yeux, Annibal » va affieger une colonie romaine. La » fumée des incendies qu'il allume » dans les champs & dans les maifons » de nos amis, fe porte jufques dans »nos yeux & nos vifages. Nos oreilles >> retentiffent des cris de nos alliés, qui implorent notre fecours plus fouvent que celui des dieux. Et cependant cachés dans les forêts, & prefque dans les nuës, nous prome»nons nos foldats le long de ces cô»teaux, comme des pafteurs feroient » leurs troupeaux. Si M. Furius s'y »étoit pris, pour retirer Rome des » mains des Gaulois, de la même fa çon que celui-ci, pour chaffer les Carthaginois de l'Italie; s'il fe fût amufé à parcourir les bois & les montagnes, comme fait ce nouveau Camille, qu'on a feul jugé digne de

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la dictature, dans des conjonctures « fi fâcheufes; Rome feroit mainte- « nant au pouvoir des Gaulois. Et je « crains fort; fi nous continuons à de- « meurer dans l'inaction, que nos an- « cêtres ne l'ayent tant de fois fauvée, « que pour devenir la proie d'Annibal & « des Carthaginois. Quelle difference « entre les fentimens de l'un & de « Pautre! Le jour même qu'on apprit « à Veies que Camille avoit été créé « dictateur par l'autorité du fénat & « du peuple; ce general, qui avoit le « cœur vraiement Romain, au lieu de « confiderer l'ennemi, fans rien dire, « ni rien faire, du haut du Janicule, « defcendit dans la plaine; & ce jourlà-même, défit les défit les legions des Gaulois au milieu de la ville, à l'en- « droit qu'on appelle encore aujour- « d'hui le cimetiere des Gaulois, & « les tailla une feconde fois en pieces le lendemain, près de Gabies. Eh! « quoi? plufieurs années après, quand les Samnites nous eurent fait paffer fous le joug auprès des fourches de Caudium, L. Papyrius Curfor, « pour effacer notre honte, fe contenta-t'il de parcourir les hauteurs «» du Samnium ? N'affiegea t'il pas au «

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» contraire la ville de Lucerie? N'alla "t'il pas chercher l'ennemi jufques: "dans fon fort? Ne le preffa-t'il pas,

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jufqu'à ce qu'il l'eût enfin défait & » mis en déroute, & qu'il eut fait paf"fer de deffus nos têtes sur celles de » ces vainqueurs orgueilleux, le joug "honteux qu'ils nous avoient imposé? » Et tout récemment, par quel moyen "Lutatius s'eft il procuré une glo"rieufe victoire, que par fon zele & "fa diligence! Car le lendemain du. » jour qu'il vit les ennemis, il attaqua "leur flotte chargée de vivres & de "provifions de guerre, qui furent la "caufe de fa, défaite. C'est une folie » de croire qu'on puiffe terminer heu"reufement la guerre en fe tenant en "repos, & en invoquant les dieux. Il » faut armer les foldats, les faire defcendre dans la plaine, & les mettre aux mains avec les ennemis. C'eft. par la valeur & l'activité que la république romaine s'eft élevée, & non par cette lâche conduite à qui les timides donnent le nom de prudence.. Minucius, en tenant de pareils dif cours, étoit entouré d'une foule de tribuns & de chevaliers Romains, auffi téméraires que lui.. Il inspiroit aux

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