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Bataille de

dont nous venons de parler, ils fe trouvaffent enfermés par le lac & les montagnes, fans pouvoir retourner en arriere. Flaminius s'étoit avancé dès la veille jufques au lac, fans avoir pris la précaution de faire reconnoître les lieux; & ce jour-là, ayant traversé ce paffage étroit, fans attendre que le jour l'éclairât fuffifamment, quand il eut étendu fes troupes dans la plaine, il crut n'avoir affaire qu'à ceux des Carthaginois qu'il voyoit devant lui & qui avoient Annibal à leur tête. Il ne penfa jamais à ceux qui s'étoient mis en Trafimene, embufcade derriere lui, & au-deffus de fa tête, à couvert des montagnes. Dès qu'Annibal vit que fon projet avoit reüffi au-delà de fes efperances, & que fes ennemis étoient enfermés de toutes parts, il donna aux fiens le fignal de venir fondre fur eux tout à la fois. Les Romains furent d'autant plus furpris de cette attaque imprevûë, qu'il s'étoit élevé de deffus le lac un brouillard beaucoup plus épais dans la plaine que fur les montagnes; ce qui fit que les Carthaginois pouvant aifement fe diftinguer entr'eux, tomberent fur les ennemis dans le même moment, quoiqu'ils fortiffent de diffe

rentes embufcades. Les Romains entendirent les cris que les Carthaginois poufferent de tous côtés, avant de comprendre qu'ils étoient inveftis: & Les Remains ils fe virent preffez par devant, par enfermés de derriere & par les flancs, avant qu'ils toutes parts. euffent eu le temps de fe ranger en bataille, ou de tirer leurs épées.

L'armée étoit dans un défordre effroyable. Les foldats diftinguant à peine leurs officiers à travers du brouillard épais qui couvroit toute la campagne, fe tournoient au hazard du côté qu'ils entendoient parler. Le feul Flaminius, auffi intrepide qu'on le peut être dans une telle confternation, rétablit le combat autant que le lieu & le temps le permettent: & par tout où il peut fe faire voir, ou fe faire entendre, il ordonne aux fiens de tenir » ferme & de fe bien battre. Que ce » n'étoit pas par des vœux & par des prieres qu'ils fe tireroient d'un fi » mauvais pas, mais par le fecours de » leur courage & de leurs armes. Qu'on pouvoit, l'épée à la main, s'ouvrir un paffage au milieu des ba» taillons les plus nombreux & les plus » ferrés: & que ceux qui avoient le plus de valeur, étoient ordinaire

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ment les moins expofés au danger. Mais le tumulte & le fracas les empêchoit d'entendre fes confeils, ou de recevoir fes ordres. Et bien-loin de reconnoître leurs étendarts, & de garder leurs poftes, à peine avoient-ils affez de préfence d'efprit pour prendre leurs armes & s'en fervir contre l'ennemi. Elles étoient pour eux un fardeau inutile, plutôt qu'un inftrument falutaire; d'autant plus que dans une telle obfcurité, ils faifoient encore moins ufage de leurs yeux, que de leurs oreilles. Ils alloient & venoient, comme des aveugles, par tout où ils entendoient le cliquetis des épées, les cris des bleffés, & les gemiffements des mourants. Ceux qui fuyoient étoient arrêtés dans leur course par un pelotton de gens qui combattoient encore. D'autres qui revenoient du com bat, étoient emportés, malgré eux, par une troupe de fuyards. Enfin lorfqu'ils eurent fait en tous fens d'inutiles efforts pour s'ouvrir un chemin & fe fauver, voyant que le lac & les montagnes les enfermoient par les flancs, & les ennemis par devant & par derriere, & qu'ils ne pouvoient trouver leur falut que dans leur valeur & dans

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leurs armes; alors chacun ne confultant plus que fon défespoir, ils recommencerent un combat d'une nouvelle efpece. Ce n'étoit point une bataille rangée dans l'ordre & avec la difcipline accoutumée; en forte que les * Princes, les Piquiers & les Triariens occupaffent leur place ordinaire; qu'on remarquât les drapeaux au premier rang, & qu'on pût diftinguer la premiere ligne de la deuxième, ou qu'en fin chacun reconnût fa legion, fa cohorte ou fa compagnie. C'étoit le hafard qui les affembloit, & leur courage qui les plaçoit au front ou à la Acharne queue. Mais après tout, ils combatbat empêche toient avec tant de chaleur & d'animoqu'enne s'ap fité, & leur efprit étoit tellement ocpercoive d'un horribletrem cupé du défir de vaincre, qu'aucun ne de s'apperçut d'un tremblement de terre épouvantable, qui renverfa des villes prefqu'entieres en plufieurs contrées de l'Italie, détourna le cours des fleuves, fit remonter la mer bien avant dans le lit des rivieres, & fit écrouler de hautes montagnes.

ment au com

blement

terre,

L'action dura trois heures, & la furie des combattants fut égale par tout. C'étoit cependant autour du conful Efpece de troupes chez les Romains.

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que fe donnoient les plus grands coups. Il étoit fuivi de l'élite de fes troupes. Il combattoit lui-même avec une ardeur incroyable, & fe trouvoit par tout où il voyoit plier les fiens. Et fi les ennemis qui le reconnoiffoient à l'éclat de fes habits & de fes armes, attaquoient fa vie avec beaucoup.d'acharnement, les plus braves des Romains n'en faifoient pas moins paroître pour la défendre. Enfin un cavalier Infubrien, qui le connoiffoit depuis long-temps, pouffant fon cheval de fon côté: Voilà, dit-il à fes compa- " gnons, celui qui a taillé en pieces " nos legions, & ravagé nos villes & " nos campagnes. Je m'en vas l'im- " moler aux mânes de mes compatriotes, qu'il a fait perir d'une maniere " fi cruelle. En parlant ainfi, il piqua σε des deux ; & s'étant fait jour à travers Flaminius tué de ceux qui fe tenoient ferrés autour d'un coup de de Flaminius, il coupa la tête à fon Ecuyer, qui préfentoit fon corps pour couvrir celui de fon maître, & perçale conful lui-même d'un coup de lance. Il fe mettoit en devoir de le dépouiller; mas les Triariens le couvrirent de leurs boucliers. Dès ce moment les Ro mains prirent ouvertement la fuite

Hy

lance,

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