milieu de la ceremonie, le taureau qu'on immoloit, après avoir reçû le coup de hache, échappa des mains des facrificateurs, & couvrit de fon fang un grand nombre des affiftants. Tout le monde fe mit à fuir. Les plus éloignés de l'autel eurent encore plus de frayeur, parce qu'ils ignoroient la caufe d'une fi grande confternation. On regarda cet accident comme le préfage de quelque grand malheur. Flaminius s'étant mis à la tête des legions que lui remit Sempronius, conful de l'année précédente, & des deux qu'il reçut du préteur Atilius, traverfa les fentiers de l'Apennin, pour se rendre dans PEtrurie.

Annibal perd un œil en paffant dans l'ES trurie par des marais froids & bumides. Le conful Flaminius donne bataille malgré les dieux & les hommes, & eft. défait & tué à Trafimene. Annibal tient fa parole en Carthaginois à 6000 › hommes qui s'étoient rendus à lui. Deux: meres meurent de joye à Rome à la vûë de leurs fils revenus de la bataille contre leur efperance. Printemps facré pro

mis aux dieux à des conditions. Fabius créé dictateur. Sa fage conduite. M. Minucius fon maître de cavalerie le dé

crie dans l'efprit des foldats & du peuple, & à force d'invectiver contre lui, obtient une autorité égale à celle de fon fuperieur. Il donne bataille à Annibal &prêt d'être défait, eft délivré de danger par ce même Fabius qu'il avoit maltraité. Vaincu par ce bienfait, il fe reconcilie avec lui, & rentre fous fon obéiffance. Stratagême d' Annibal, pour Le tirer d'un mauvais pas où il s'étoit engagé. En ravageant tout le pays, it épargne les terres de Fabius, afin de le rendre fufpect de quelque intelligence. Bataille de Cannes, encore plus funefte aux Romains que les trois premieres. Le conful Paul Emile y eft tué fur la place avec un grand nombre de confulaires, de prétortens & d'ediliziens, & plus de 40000 foldats. P. Scipion, furnommé depuis l'Africain, empêche, par fon courage & Ja fermeté, une confpiration de la jeune nobleffe, qui pouvoit entraîner la ruine de la république. Confternation extraordinaire à Rome après. cette défaite. Heureux fuccès en ESpagne confolent des malheurs de l'Italie. Vierges Veftales punies pour incefte. On arme des efclaves, faute de trouver affez de foldats libres. Prifenniers de Cannes demandent à être rachetés. On va

au-devant de Varron, & on le remercie
de n'avoir point défefperé de la repu-

blique.

D

Cn. Servilias & Caius Fla fuls. An. $35

minius con

Annibal a

Gaulois,

E's qu'Annibal fentit les approches du printemps, il fortit de fes quartiers d'hyver, après avoir tenté inutilement de traverfer l'Apennin, avoir perdu beaucoup de temps à cette entreprife, & s'être vû en danger d'y périr avec toute fon armée. Les Gaulois n'avoient été engagés à le fuivre, que par l'efperance du butin. Mais fitôt qu'ils virent qu'au lieu de s'enri- bandonné des chir aux dépens d'autrui, leur pays. étoit devenu le théâtre de la guerre, & étoit également foulé par les quartiers d'hyver des deux armées; ils l'abandonnerent à fon tour, pour revenir au parti des Romains. Les principaux de cette nation drefferent fouvent des embuches à fa vie: & il ne les évita que par la trahifon qu'ils exerçoient. les uns contre les autres, en lui découvrant la confpiration qu'on avoit formée contre lui, avec la même legereté qu'ils y étoient entrés. Il fe fauva auffi plufieurs fois par l'erreur où il les jet-. toit, en changeant fouvent d'habits ou de cafques. La crainte de périr par

Plaintes con

leur perfidie, fut encore une des raifons qui l'obligerent à fe mettre de fi bonne heure en campagne. Cependant le conful Cn. Servilius entra en charge à Rome aux ides de Mars, & affembla les fénateurs pour les confulter fur l'état de la république. Cette déli beration réveilla la haine mal éteinte qu'ils avoient pour C. Flaminius. Ils reFlaminius. fe plaignoient, d'avoir créé deux confuls, & de n'en avoir qu'un. Que Flaminius ne pouvoit paffer pour tel, étant parti de Rome fans autorité & fans aufpices. Que c'étoit au capitole que les confuls recevoient ces deux caracteres, à la vûë de leurs dieux publics & particuliers; après avoir célé bré les féries latines, & fait fur la montagne d'Albe, & dans le temple du grand Jupiter, les facrifices accoutumés; & non pas dans la province & dans une terre étrangere, où il n'avoit porté que la qualité de particulier.. Leur crainte étoit augmentée par les prodiges qu'on annonçoit de toutes Frodiges. parts. On affuroit qu'en Sicile on avoit vû des javelots s'allumer entre les mains de plufieurs foldats; & en Sardaigne, un bâton en celles d'un cavalier qui faifoit fa ronde. Qu'on avoi