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de pierres qui étoit tombée dans le ter ritoire de Picene. Et enfuite tous les citoyens furent occupés fans interruption à appaiser la colere des dieux, annoncée par tant d'évenements miracuJeux, en fuivant les regles que la Sibylle avoit prefcrites. Avant toutes chofes on fit des facrifices expiatoires, pour purifier la ville & les habitans de toute fouillure. On immola de grandes victimes aux dieux qui étoient défignés. On fit à Junon, dans fon temple de Lanuvium, une offrande du prix de quarante livres d'or: & les Dames préfenterent une ftatuë de bronze à celle qui préfide fur le mont Aventin. A Cere, où les lettres de l'Oracle avoient paru fi diminuées, il fut ordonne qu'on defcendroit les dieux de leurs niches, pour les coucher dévotement fur des couffins, & les expofer à la piété des citoyens. On décerna des proceffions publiques, à l'honneur de la Fortune, fur le mont Algide. A Rome on defcendit auffi la ftatuë de la Jeuneffe de fa place, & on fit des proceffions dans le temple d'Hercule. Et tout le peuple eut ordre d'aller faire des prieres généralement dans tous les temples, aux piés des Dieux couchés tout de leur Gy

fénat,à cau

long fur leurs lits de parade. On immola cinq grandes victimes au Génie. Enfin le préteur C. Atilius Serranus fut chargé de promettre aux dieux des honneurs extraordinaires, fi dix ans après, la république fe trouvoit dans fon état ordinaire. Les efprits des Romains fe trouverent fort foulagés après qu'on eut achevé ces facrifices, & fait aux dieux les voeux que la Sibylle avoit marqués.

Flaminius, celui des confuls défignés à qui le fort avoit fait tomber en partage les légions qui hyvernoient à Plaifance, manda à Sempronius qu'il eût à tenir cette armée campée à Ri mini aux ides de Mars, pour la lui remettre en ce lieu, dès qu'il y feroit ar Flaminius rivé. Il avoit deffein de faire la céréodieux au monie de fon inauguration dans la province, n'ayant pas encore oublié les conteftations qu'il avoit eues avec les fénateurs pendant fon tribunat premier lieu: & une feconde fois dans fon premier confulat, d'abord au fujet du confulat même, qu'on vouloit l'o bliger d'abdiquer, puis à l'occafion du triomphe dont on avoit deffein de le priver. Il étoit encore odieux aux fénateurs, à caufe.d'une nouvelle loi que

fe de fa té

érité.

en

C. Claudius avoit portée contre leur ordre, n'ayant de tous les fénateurs que le feul Flaminius qui l'appuyât dans ce deffein. Cette loi faifoit défense à tout fénateur & à tout citoyen qui feroit pere de fénateur, d'avoir une barque qui tint plus de trois cent feptiers. C. Claudius trouvoit que c'étoit affez pour transporter à Rome les fruits que les fénateurs recueilloient dans leurs terres, & qu'il étoit indigne de leur rang de faire fervir leurs vaiffeaux de charge à tranfporter la récolte des autres citoyens pour de l'atgent. L'affaire ayant été débattuë avec beaucoup de chaleur de part & d'autre, rendit Flaminius, qui avoit appuyé cette loi de fon crédit, odieux à la nobleffe; mais lui acquit la faveur du peuple, qui par reconnoiffance, l'éleva une feconde fois au confulat. Il fe perfuada que les fénateurs, pour fe venger de lui, le retiendroient à Rome, foit en alleguant de mauvais préfages, foit en l'obligeant de célébrer les féries latines, ou enfin en appor tant quelqu'un des prétextes dont on avoit coutume de fe fervir, pour em pêcher les confuls d'aller commander les armées. Pour éviter cet inconvé➡

nient, il feignit d'avoir affaire à la campagne ; & étant forti de' Rome, s'en alla, fans en rien dire, dans fon département, n'étant encore que par ticulier. Cette évafion étant devenue publique, anima encore davantage les. fénateurs, déja irrités contre lui. On. » difoit hautement, que Flaminius » avoit déclaré la guerre, non-feule »ment au fénat, mais aux dieux» mêmes. Qu'ayant été fait conful la » premiere fois contre les aufpices. qui s'oppofoient à fon élection, il s'étoit mocqué des hommes & des. » dieux, qui de concert, lui défen» doient de donner bataille. Et que. » maintenant, tourmenté par les reproches que fa confcience lui faifoit, » de fon impiété, il avoit évité de

paroître au capitole, & d'y faire la cé»rémonie augufte de fon entrée dans: le confulat; pour n'être point obligé d'invoquer le grand Jupiter un jour → fi folemnel; pour ne point voir ni » confulter le fénat, qu'il haïffoit, &: » de qui il étoit haï; pour ne point;

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indiquer les féries latines; pour ne; » point faire à. Jupiter, fur la monta» d'Albe,le facrifice accoutumé; pour ne point confulter les, Aufpices, &.

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faire dans le capitole les vœux ordi- «< naires pour la profperité de la république, & la fienne propre, & par- «< tir enfuite pour fa province, revêtu « des marques honorables de fa dignité. Qu'il étoit forti de Rome à la « dérobée, comme un miferable fol- «e. dat, fans être précédé de fes lic- « teurs, fans faire paffer devant lui les « haches & les faifceaux, à peu près « comme s'il eût quitté fa patrie pour « aller en exil. Qu'il étoit apparem- « ment plus glorieux pour lui & pour « l'empire Romain, de faire une cé« rémonie fi fainte & fi éclatante, à ce Rimini, qu'à Rome, & dans une « auberge, qu'à la vûë de fes dieux do- « meftiques. Tous furent d'avis qu'on le rappellât, ou qu'on le fît revenir par force, s'il refufoit d'obéir; & qu'on l'obligeât à rendre en perfonne tousles honneurs qu'il devoit aux dieux & aux hommes, avant d'aller joindre fon armée dans fa province. On lui députa pour cet effet Q. Terentius & M. Antiftius. Mais il ne fit pas plus de cas de leurs remontrances, qu'il en avoit fait dans fon premier confulat des lettres que le fénat lui avoit écrites. Quelquesjours après il entra en charge: &.au:

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