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fet, ils apperçurent auffi-tôt les Ro mains occupés à fe retrancher au-delà du fleuve qu'ils avoient eu tout le temps de paffer: & tout leur avantage fe borna à tuer un petit nombre de traîneurs qu'ils trouverent encore de leur côté. Scipion ne pouvant plus fupporter la douleur que lui caufoit l'agitation du chemin, & croyant de voir attendre fon collégue, qu'il fçavoit avoir été rappellé de Sicile, choifit le long du fleuve le lieu où il crut pouvoir féjourner avec le plus de fûreté, & s'y retrancha. Annibal n'étoit pas campé loin de là. Mais fi la victoire qu'il avoit remportée fur la cavalerie des Romains lui donnoit de la joye; la difette qui augmentoit tous les jours dans une armée obligée de marcher par un pays ennemi, fans trouver aucunes provifions préparées fur fa route, ne lui donnoit pas moins d'inquiétude. C'est ce qui l'obligea d'envoyer un parti du côté de Claftidium, où les Romains avoient fait un grand amas de blés. Celui qu'il avoit chargé de cette expédition, tenta d'abord de s'en rendre maître par la force. Mais Dafius de Brindes, qui commandoit dans cette place, ayant offert de la lui livrer

pour de l'argent, il accepta la propofition de ce traître: & il n'en couta à Annibal que * quatre cent pieces d'or, pour acheter de quoi nourrir fes troupes, pendant tout le temps qu'il de meura aux environs de Trebie. Il traita favorablement la garnison qu'on lui avoit livrée avec la place, afin de fe donner dans le commencement la réputation d'un genéral plein de clé

mence.

Pendant qu'on faifoit la guerre parterre aux environs de Trebie, le conful Sempronius, en continuant les expéditions de ceux qui avoient commandé la flotte avant lui, la faifoit par terre & par mer, aux environs de la Sicile & des autres ifles voifines de l'Italie. De vingt galeres à cinq rangs de rames que les Carthaginois avoient mifes en mer, pour aller ravager les côtes de l'Italie, neuf gagnerent les ifles de Lipari, & huit celle de Vulcain. Les trois autres furent emportées dans le détroit par un coup de vent. Le roi Hieron, qui pour lors étoit par hazard à Meffine, où il attendoit le conful, les ayant apperçuës, envoya douze galeres, qui les

Que quelques-uns évaluënt à 6000 liv. de notre monnoye.

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prirent fans peine, & les amenerent dans le port de cette ville. On apprit des prifonniers qu'on fit fur ces vaiffeaux, qu'outre la flotte de vingt galeres dont ils avoient fait partie, il y en avoit une autre de trente-cinq bâtiments de même efpece, qui venoient en Sicile pour folliciter les anciens alliés des Carthaginois. Qu'ils croyoient que cette feconde flotte étoit principalement destinée à faire la conquête du Promontoire & de la ville de Lilybée. Mais qu'elle avoit été pouffée vers les ifles Egates par la même tempête, qui les avoit dispersés eux-mêmes. Le Roi écrivit fur le champ à M. Emilius, préteur de Sicile, pour lui apprendre ces nouvelles, & l'avertir qu'il veillât à la confervation de Lilybée. Le préteur envoya auffi-tôt des lieutenants & des tribuns à Lilybée, & dans les villes du voifinage, avec ordre de tenir leurs foldats dans le devoir, & de conferver fur tout Lilybée, où étoient renfermées les provifions & les machines qui étoient néceffaires pour la guerre. On publia un Edit, qui enjoignoit aux matelots, & aux foldats qui devoient fervir fur mer, de faire cuire des vivres pour dix jours, de les porter

porter dans leurs vaiffeaux, & de s'embarquer dès le moment qu'on leur en donneroit le fignal. On commandoit à ceux qui faifoient fentinelle fur les côtes, de veiller exactement, & de donner avis de l'arrivée de la flotte ennemie, dès qu'ils l'appercevroient en mer. Ainfi quoique les Carthaginois euffent reglé leur courfe de façon qu'ils puffent arriver à Lilybée avant le jour, on les vit cependant d'affez loin, parce que la lune étoit claire, & qu'ils venoient à hautes voiles. Dans un même inftant, les fentinelles donnerent leur fignal on courut aux armes dans la ville, & les vaiffeaux furent remplis de matelots & de foldats. Ces derniers furent partagés, en forte que les uns combattiffent de-deffus les galeres, pendant que les autres défendroient les murs & les portes de la ville. Les Carthaginois, de leur côté, voyant que les ennemis étoient fur leurs gardes, ne voulurent point entrer dans le port avant le jour. Ils pafferent le refte de la nuit à plier leurs voiles & à difpofer leurs vaiffeaux pour le combat. Dès que le jour parut, ils fe retirerent en pleine mer, afin d'avoir affez d'efpace pour agir eux-mêmes, & de laiffer aux Tome I.

F

ennemis la liberté de fortir du port. Les Romains ne refuferent point la bataille, fiers de l'avantage qu'ils fe fouvenoient d'avoir remporté fur les Carthaginois, à peu près dans le même lieu, & comptant fur le nombre & la valeur de leurs foldats. Lorsque les deux flottes furent en pleine mer, les Romains fe mirent tout de bon en devoir de mesurer leurs forces avec celles des Carthaginois. Ceux-ci au contraire tâchoient d'éviter le combat employoient la rufe au lieu de la force, & laiffoient la difpute à la légereté des vaiffeaux, & non à la valeur & aux armes des foldats. Effectivement ils avoient beaucoup plus de gens propres à manoeuvrer qu'à combattre : & à l'abordage on voyoit paroître fur leurs galeres bien plus de matelots que de Les Cartha foldats. Cette difference ayant dimiginois défaits nué leur confiance, & augmenté celle Frès de Lily- des Romains, ils prirent bien- tôt la fuite, laiffant au pouvoir des ennemis Tept de leurs vaiffeaux, avec dix-fept cent prifonniers, tant nautonniers que foldats; parmi lesquels fe trouverent trois Carthaginois de la premiere nobleffe. La flotte des Romains fe retira faine & fauve, à l'exception d'une feule

fur mer, all

bée.

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