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dans le milieu. A peine avoit-on jetté les premiers cris, que les frondeurs de Scipion s'enfuirent & fe mêlerent à la feconde ligne. Aufli-tôt la cavalerie des deux partis commença un combat, qui demeura affez long-temps dou-. teux. Mais le défordre s'étant mis parmi les cavaliers, à l'occafion des fantaflins qui fe mêlerent dans leurs rangs, plufieurs tombant de leurs chevaux effrayés, ou fautant eux-mêmes enbas, lorfqu'ils voyoient les leurs plier; le combat commençoit à paffer de la cavalerie à l'infanterie ; lorfque les Numides ayant fait un petit circuit, vinrent attaquer les Romains par derriere. Ce mouvement acheva de les déconcerter. Leur confternation fut. Le jeune Sci+ encore augmentée par la bleffure de pion fauve Scipion, qui eût été pris ou tué, fi fon fils, âgé au plus de quinze ans, ne fût accouru, & ne l'eût tiré des mains des ennemis. C'est à ce jeune Romain. qu'est réservé l'honneur de terminer cette guerre à l'avantage & à la gloire de fa patrie. C'est lui qui recevra le nom glorieux d'Africain, après qu'il aura remporté une victoire célébre fur Annibal & les Carthaginois, fous les murailles même de Carthage. Cepens

fon pere,

cu auprès du

dant ceux qui prirent la fuite avec le plus de précipitation, furent les frondeurs, que les Numides avoient attaqués les premiers. Une troupe de cavaliers bien ferrés ayant reçû le conful parmi eux, & le couvrant non-feulement de leurs armes, mais encore de Scipion vain leurs corps, le remenerent jufques dans Tefiu; & eft le camp, d'un pas qui avoit plutôt l'air fauvé par fon d'une retraite honorable, que d'une fuite honteufe. Cælius donne l'honneur d'avoir fauvé le conful à un efclave Ligurien. Pour moi, j'aime bien mieux que ce foit fon fils qui ait fait une fi belle action : & en effet le plus grand nombre des hiftoriens l'ont ainfi rapporté; & la tradition s'en est confervée jufqu'à nous.

fals.

Tel fut le premier combat des Romains & des Carthaginois. Et l'on jugea dès lors que la cavalerie d'Annibal étoit fuperieure à celle de la républi que; & que pour cette raifon, les Romains devoient éviter les vaftes plaines qui font entre le Pô & les Alpes. C'est pourquoi dès la nuit fuivante, Scipion ayant ordonné à fes foldats de plier fécrettement bagage, il s'éloigna du Tefin, & gagna promptement les rives du Pô, dans le deffein de faire paffer

ce fleuve à fes troupes fans défordre, & fans être pourfuivi des ennemis, par le moyen des radeaux dont on s'étoit déja fervi, & qui n'avoient pas encore été détachés. Ils arriverent à Plaifance avant qu'Annibal fçût qu'ils étoient décampés d'auprès du Tefin. Il fe mit auffi-tôt à les pourfuivre, & fit prifonniers fix cent hommes qu'il trouva encore en-deça du fleuve, & qui n'avoient pas fait affez de diligence pour paffer de l'autre côté. Il n'arriva pas affez tôt pour paffer fur le même pont, que le courant avoit emporté, dès qu'on avoit détaché du bord les barques qui étoient aux extrémités. Cælius écrit que Magon avec la cavalerie d'Annibal & l'infanterie Espagnole, paffa auffitôt le fleuve à la nage; & qu'Annibal fit paffer le reste de fon armée par des gués qu'il trouva en remontant vers fa fource, après avoir difpofé les éléphants de fuite dans toute fa largeur pour foutenir & diminuer l'impétuo fité du courant. Ceux qui connoif fent la nature de ce fleuve, s'en rapporteront difficilement à lui. Car il n'est pas vrai-femblable que les cava liers ayent pû furmonter la rapidité de fes flots, fans perdre leurs chevaux.ou

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Les Gaulois

leurs armes; quand on conviendroit que tous les Espagnols l'avoient déja paffé avec leurs outres; & il auroit fallu faire un long circuit, & y employer bien du temps, pour trouver en remontant, des gués propres à paffer une armée chargée de bagage & de butin. Ceux-là font plus croyables, qui difent qu'on fut deux jours à trouver un endroit où l'on pût placer un pont de batteaux; & que ce que ce fut par là que Magon étant paffé le premier avec. la cavalerie légere des Efpagnols, alla en un jour joindre les ennemis auprès de Plaifance pendant qu'Annibal après avoir donné audience aux ambaffadeurs des Gaulois, au-delà du fleuve, faifoit paffer fon infanterie & fes bagages. Peu de jours après il campa, & dès le lendemain, il préfenta la bataille aux ennemis..

La nuit fuivante, les troupes auxidéfertent du liaires des Gaulois s'étant foulevées camp des Rocontre les Romains, cauferent cependant dans leur camp plus de défordre

mains,

que
de mal. Environ deux mille fan-
taffins & deux cent cavaliers de cette
nation, après avoir tué ceux qui gar-
doient les portes, fe refugierent dans

le

camp d'Annibal. Ce général les re

put avec beaucoup de bienveillance; & leur ayant promis de grandes récompenfes, il les renvoya chacun dans leur pays, avec ordre d'engager leurs compatriotes dans fes interêts. Scipion regarda ce meurtre commis par les Gaulois, comme le fignal d'une révolte générale. Il ne douta point qu'après s'être portés à cet excès de perfidie, ils ne couruffent aux armes comme des furieux. C'est pourquoi, malgré la douleur que lui caufoit encore fa bleffure, il partit fecrettement dès la quatriéme veille de la nuit fuivante; & s'étant avancé du côté du fleuve Trebie, il alla camper fur des éminences, où il n'étoit pas facile à la cavalerie d'aborder. Sa retraite ne fut pas fi fecrette qu'auprès du Tefin. Ainfi Annibal ayant envoyé après lui premierement les Numides, enfuite toute fa cavalerie, auroit infailliblement défait fon arriere-garde, fi les Numides, emportés par l'avidité du butin, ne fe fuffent jettés dans le camp que les Romains venoient d'abandonner. Pendant qu'ils fouillent par tout, fans rien trouver qui foit capable de les dédommager du temps qu'ils perdent, l'ennemi leur échappe des mains. En ef

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