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XVII.

Associations d'ouvriers. Chirurgiens associés.

Aussi voyons-nous que plusieurs s'associaient ensemble, afin de trouver dans leurs clientèles réunies assez d'occupation pour fournir à leur entretien, comme nous avons vu que plusieurs ouvriers s'associent entre eux pour ce même motif. Ainsi Bouchard s'était associé avec Forestier, et Sauvageau de Maisonneuve avec le sieur de la Roussillière. Pour faire connaître ici les mœurs de ces temps anciens, nous ajouterons que, par leur contrat d'association, ces deux derniers avaient mis en commun, pour l'espace de quatre années, tous leurs biens, meubles, vivres, marchandises, pelleteries, tous les fruits qu'ils avaient recueillis de la terre, leurs instruments de chirurgie, leurs médicaments, et enfin tout le revenu qu'ils tiraient de leur labeur et de leur industrie. Ils convinrent que, pendant ces quatre années, chacun d'eux s'emploirait au profit de la société autant qu'il serait en son pouvoir, sans faire, à l'insu l'un de l'autre, aucune dette excédant la somme de cinq sous, si ce n'était dans une nécessité pressante, et pour empêcher la perte de quelqu'un des biens des deux associés ou quelque dommage relatif à leurs propres personnes; qu'enfin, tout le gain qu'ils pourraient faire, par quelque voie et manière que ce pût être, serait rapporté à la masse de leur société pour être partagé entre eux, par moitié, au bout de quatre ans, ainsi que tous les biens qu'ils avaient mis en commun. Il fut pareillement stipulé qu'en cas de mort de l'un des deux avant l'expiration de ce terme, tous les biens de leur communauté demeureraient en propre au survivant, à la charge par celui-ci de payer les dettes de la société et de faire prier pour le repos de l'âme du défunt.

XVIII.

Le Roi contribue au soutien des hospices pour les malades.

Ce qui devait diminuer encore les ressources de cinq médecins dans un pays si peu considérable, c'est qu'il y avait à Villemarie un Hôtel-Dieu, où tous les habitants peu fortunés étaient reçus, soignés et traités gratuitement; et qu'outre la fondation faite à cet effet par madame de Bullion, les seigneurs avaient attribué au même usage plusieurs fiefs, ainsi qu'il a été dit. Le Roi, qui, pour attirer de nouveaux colons en Canada, ne levait dans ce pays aucune sorte d'impôts, quoiqu'il fît, pour son établissement, des dépenses considérables, contribuait encore lui-même au soutien des hôpitaux: il donnait annuellement à celui de Québec deux mille livres, et depuis quelque temps six cents livres à celui de Villemarie. Comme les habitants de ce dernier lieu désiraient qu'un établissement si utile au public fût confirmé par des lettres patentes du monarque, ils s'adressèrent à M. Talon, qui, le 15 septembre 1667, les autorisa par écrit à s'assembler pour en faire la demande officielle et en commun.

Ils se

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réunirent, en effet, au mois d'octobre suivant, dans la salle du Séminaire, et il n'y eut qu'une voix sur un projet si avantageux et si nécessaire au pays. M. de Laval joignit encore à ces témoignages sa propre déclaration, et enfin des lettres patentes furent expédiées à Paris, dans le mois d'août de l'année 1669. "Les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de "l'île de Montréal, en la Nouvelle-France, dit le Roi, nous ont fait (( exposer que, dès l'année 1659, elles ont été admises et installées dans "l'hôpital qui avait été établi dans cette île quelques années auparavant ; "elles y ont depuis exercé tous les devoirs de l'hospitalité dans un esprit "si désintéressé et avec tant d'économie, de piété et de charité, que l'évêque, les Gouverneurs, les Magistrats et habitants de l'île nous ont "suffisamment fait connaître la satisfaction qu'ils en ont et les "grands avantages que le pays en retire. Et comme il est juste de "rendre ferme, stable et solide pour toujours un établissement si utile, "Nous, afin d'encourager ces Religieuses à continuer leurs bons offices avec la même ardeur, avons estimé que nous ne pouvions le faire plus "efficacement qu'en conformant leur établissement, pour qu'à l'avenir "elles y puissent vivre en corps de communauté. A quoi nous sommes "d'autant plus excité, que les seigneurs de l'île ont augmenté l'emplace "ment de ces Religieuses d'une dotation de cens et rentes, auprès des "lieux dont elles ont déjà fait défricher une partie très-considérable; au moyen de quoi et de leurs autres biens et revenus, elles pourront facilement subsister et s'entretenir à l'avenir."

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ΧΙΧ.

Le Roi fait rechercher les mines du pays. Ardoiserie.

Depuis que le Roi se montrait si désireux de voir fleurir l'industrie et le commerce en Canada, plusieurs particuliers, excités par M. Talon, s'étaient appliqués à la découverte des mines, dont l'exploitation pouvait être d'un si grand avantage au pays. Au mois d'octobre 1669, la Mère Marie de l'Incarnation écrivait: "L'on a découvert une belle mine de "plomb ou d'étain à quarante lieues au-delà de Montréal, avec une mine "d'ardoise et une autre de charbon de terre. M. Talon pourra faire "valoir tout cela avec avantage, et aura de nouveaux moyens d'enrichir le

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pays. Le Roi lui ayant donné tout pouvoir, il fait de grandes entrepri❝ses, sans craindre la dépense." L'ardoiserie dont il est ici question était située à cinq lieues du lac du Saint-Sacrement, et un P. Jésuite qui l'avait explorée en parlait en ces termes dans la Relation de 1668: "Cette mine n'est pas de la nature de toutes celles que j'ai vues, sur les " rivages de la mer ou aux environs de Québec, qui n'ont que de l'apparence, mais est toute semblable celle que j'ai vue dans les Ardennes de "France. La couleur en est d'un beau bleu; les lames se tirent aisément, si grandes et si petites qu'on veut, fort tendres et fort douces."

XX.

Mines de cuivre découvertes.

M. Talon fit aussi rechercher des mines de cuivre, voisine du lac Supérieur, déjà découvertes fortuitement par des sauvages avant qu'ils eussent eu aucun commerce avec les Européens. Ces barbares, qui ne connaissaient point alors l'usage des chaudières de métal et ne se servaient encore que des plats d'écorce pour y préparer leur manger, avaient coutume de remplir ces plats d'eau et d'y jeter ensuite des pierres rougies au feu, afin de mettre l'eau en ébullition, et de faire cuire ainsi leurs viandes. Ceux dont nous parlons, ayant donc pris des pierres sur le bord du lac pour les faire rougir au feu, furent fort surpris, en les retirant du foyer, de voir qu'elles étaient presque toutes changées en autant de morceaux de cuivre ; et, frappés par la nouveauté du fait, ils se chargèrent de quantité de ces pierres qu'ils emportèrent avec eux. On racontait même que, dans une île du lac Supérieur, il y avait des coteaux de terre glaise, tout escarpés, où l'on voyait plusieurs couches de cuivre rouge les unes sur les autres, séparées ou divisées par d'autres couches de terre ou de rochers. En 1667, des sauvages donnèrent aux Jésuites un morceau de cuivre rouge de la pesanteur de cent livres, dont ces pères coupèrent une partie qu'ils envoyèrent à M. Talon à Québec; et au printemps de 1669, ils achetèrent, en outre, une plaque de pur cuivre de deux pieds en carré, qui pesait plus de cent livres. Il fallait que ce métal fût très-abondant dans ces lieux, puisque des femmes sauvages, en fouillant dans le sable pour y cacher leur blé, trouvaient quelquefois des morceaux de cuivre, épars çà et là, de dix, vingt ou trente livres de pesanteur. Enfin, un Français appelé Perré ayant trouvé une de ces mines de cuivre vers le lac Supérieur, M. Talon y envoya des hommes pour en faire des recherches plus exactes.

XXI.

Le Roi fait travailler en Canada à la construction de vaisseaux.

La construction des vaisseaux était une autre branche d'industrie que Louis XIV avait à cœur d'introduire en Canada; et, dans ce dessein, il eut soin d'y faire passer tous les ouvriers nécessaires, ainsi que d'autres, pour préparer des bois propres à cette construction et les transporter en France. Peu après son arrivée en Canada, M. Talon donna tous ses soins à un objet de si grande importance. "Il fait couper des bois de toute sorte, lit-on dans la Relation de 1667, qui se trouvent par tout le "Canada, et qui donnent facilité aux Français et aux autres, qui viennent "s'y habituer, de s'y loger dès leur arrivée. Il fait faire des mâtures, "dont il envoie cette année des essais à la Rochelle pour servir à la "marine. Il s'est appliqué, de plus, aux bois propres à la construction "des vaisseaux, dont l'épreuve a été faite en ce pays par la bâtisse d'une

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"barque, qui se trouve de bon service, et d'un gros vaisseau tout prêt à "être mis à l'eau." Dans l'état de la dépense du Roi pour l'année 1671, nous lisons cet article remarquable : "Quarante mille livres pour être " employées à la construction des vaisseanx qui se font en Canada, comme "aussi à la coupe et à la façon des bois envoyés de ce pays pour les cons"tructions qui se font dans les ports du royaume." Le premier de ces navires, auxquels on travaillait l'année 1672, devait être du poids de quatre à cinq cents tonneaux; et, dans le même temps, on se disposait à en construire un autre plus considérable encore, dont tous les matériaux étaient déjà prêts. L'un de ces bâtiments étant enfin achevé, on demanda au Roi qu'il voulût bien le laisser dans la colonie, ce qui pourtant n'eut pas lieu.

Cet élan général pour l'industrie était surtout l'effet du zèle éclairé et infatigable de l'intendant; et c'est avec beaucoup de justice que, dans la Relation de 1663, le P. Le Mercier lui a rendu ce témoiguage. “M. "Talon n'a point cessé d'appliquer tous ses soins pour le bien universel de 66 ce pays, pour la culture des terres, pour les découvertes des mines, pour "les avantages du commerce, et pour toutes les commodités qui peuvent "servir à l'établissement et à l'agrandissement de cette colonie."

(A coutinuer.)

(Suite.)

-Loin d'être écrasé par les Syriens, répondit Judas Machabée à son frère Simon, je triompherai avec le secours de Dieu. Un de mes affidés les plus sûrs va partir immédiatement pour faire connaître à Apollonius, par la voie qu'il jugera la meilleure, la mort de notre père, ajoutant que nous sommes tous plongés dans un grand deuil, et occupés aux prépa ratifs des obsèques solennelles de Mathathias. Apollonius, je le sais, devient facilement imprudent; et la nouvelle qu'il apprendra ne l'engagera pas à se garder sur la route, de sorte que j'aurai toute chance de le surprendre.

-Mais Nicanor, s'il pressent quelque chose, opérera sans doute une diversion qui nous sera funeste.

-Mosa, avec ses hardis cavaliers, s'embusquera sur le chemin de Jérusalem pour arrêter ce chef. Jonathas et Eléazar, avec les soldats qu'ils commandent, surveilleront la route de la Célé-Syrie, et résisteront à Séron, au cas où il prendrait aussi fantaisie à ce gouverneur de se mêler de nos affaires. Nous reculerons les funérailles de notre père, et j'ai l'espoir que nous les célébrerons glorieusement, comme il convient pour Mathathias. Il faut que sur son sépulcre nous puissions déposer les dépouilles de nos ennemis, et prouver ainsi que nous sommes dignes de gouverner Israël. Les plans de Judas eurent l'approbation complète de ses frères. Simon fut désigné pour commander dans Modim durant l'absence de Machabée. Quelques heures plus tard, Aser quittait la ville et se rendait à la hutte de Manahem. Il y trouva Nathan, qui se disposait à partir pour Jérusalem.

-Je m'attendais à te rencontrer encore ici, lui dit le géant. Je t'apporte de nouveaux ordres de la part de Judas.

-Que s'est-il passé depuis ce matin ?

-Apollonius marche sur Modim, accompagné d'une puissante armée, et Judas va se porter au-devant de lui.

-Alors, il faut tout faire pour retenir Nicanor dans Jérusalem!

-Tel n'est point le dessein de Machabée; il désire, au contraire, que le chef syrien sorte de la ville et se décide à opérer une diversion. -Comment l'amener à cela?

-C'est toi que Judas charge de cette mission.

-Impossible à moi de pénétrer jusqu'à Nicanor, ou du moins de lui inspirer confiance; il me regarde comme l'espion des Israélites.

-Voici tes lettres de créance, reprit Aser en remettant à son ami la missive d'Apollonius saisie par Mosa sur les émissaires.

Nathan parcourut l'écrit du regard et comprit ce qu'il avait à faire. -Il importe, ajouta le géant, que Nicanor agisse dès demain. -Demain, il marie sa fille avec Helcias.

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