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nie; mais, les colons ayant ensuite désiré d'avoir la liberté du commerce, et la Compagnie y consentant de son côté, à condition que, pour l'aider à acquitter les charges du pays, elle aurait le quart des castors, le dixième des orignaux et la traite de Tadoussac réservée, le Roi, qui ne désirait que le bien de la colonie, confirma, par son arrêt du 8 avril 1665, ce nouvel arrangement désiré par les colons.

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III.

Diverses branches de commerce établies en Canada.

C'est ce qui faisait dire auP. Le Mercier, dans la relation de 1665 : "Les premières pensées de M. Talon furent de s'appliquer, avec une acti"vité infatigable, à la recherche des moyens par lesquels il pourrait ren"dre ce pays florissant, soit en faisant les épreuves de tout ce que la terre peut produire, soit en établissant le négoce et nouant les correspondances qu'on peut avoir ici, non-seulement avec la France, mais encore avec les "Antilles, Madères et les autres peuples, tant d'Europe que d'Amérique. "Il a si bien réussi, qu'on met en usage les pêches de toute nature de poissons, qui sont très-abondantes dans les rivières, comme de saumons, esturgeons; et même, sans sortir du fleuve, de harengs et de morues, "dont le débit est en France de très-grand profit. On en a fait des épreuves, cette année, par des chaloupes qu'on a envoyées et qui ont beau coup produit. De cette nature est la pêche du loup marin, qui fournit "de l'huile à tout le pays, et qui donne beaucoup de surabondant qu'on "envoie en France et aux Antilles. La pêche du marsouin blanc fournira "des huiles plus excellentes pour les manufactures et même en plus grande quantité. Le commerce que M. Talon projette de faire avec les "fles Antilles ne sera pas l'un des derniers avantages du Canada ; et déjà, "pour en connaître l'utilité, il fait passer en ces îles, dès cette année, de "la morue, du saumon salé, de l'anguille, des pois verts et blancs, de l'huile "de poisson, du méring' et des planches, le tout du cru du pays. Enfin comme les pêches sédentaires sont l'âme et le soutien du négoce, il pré"tend les établir au plus tôt. De son côté, la Mère de l'Incarnation écrivait en 1670: "L'on introduit un triple commerce (qui liera par

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me Compagnie à armer et à équiper en guerre, pour la sûreté de son commerce ou pour la défense de ses terres, tel nombre de vaisseaux qu'elle jugera plus expédient; et si elle est troublée par les ennemis de la France, le Roi s'engage à l'assister de ses armes et de ses vaisseaux à ses propres dépens. Enfin, il veut que la Compagnie puisse établir dans ces pays tels gouverneurs qu'elle jugera à propos, avec faculté de les révoquer ; et il promet de leur donner sans difficulté, sur sa simple présentation, les provisions nécessaires. Pareillement, quelle puisse instituer des juges et les destituer; et que, quand il sera expédient d'établir des Conseils souverains, elle en nomme elle-même les officiers, auxquels il promet de donner les pouvoirs d'usage. Toutefois, comme la colonie du Canada était encore peu considérable, la Compagnie pria le Roi de faire lui-même ces nominations, jusqu'à ce qu'elle fût en état de trouver des sujets d'autorité et de mérite qui pussent occuper dignement ces postes, si importants au pays.

"des relations mutuelles) la France, les îles d'Amérique et le Canada. "Trois vaisseaux chargés de planches de pins, de bois et de blé d'inde "vont partir pour aller aux îles. Là ils déchargeront leurs marchandises "et se chargeront de sucre pour la France, d'où ils apporteront ici les "choses nécessaires pour fournir à tout le pays, et ce triple commerce se "fera en un an. L'on fait encore la pêche des morues à cent lieues de "Québec ; cette pêche, étant bien entretenue, produira des revenus immenVoilà pour faire avec le temps un grand pays qui enrichira les "marchands."

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IV.

Louis XIV donne la liberté du commerce à tous les colons.

Mais, malgré les grands sacrifices que le Roi s'était imposés pour faciliter à la compagnie des Indes occidentales le commerce qu'il avait tant à cœur d'établir, ses désirs furent rendus inefficaces par le mauvais vouloir ou par l'impuissance des intéressés. Du moins, le Conseil souverain reprocha bientôt à la Compagnie divers abus, entre autres de n'avoir pas toujours dans ses magasins les denrées nécessaires aux colons, qui se reposaient, sur elle pour les faire venir de France, ou de les leur vendre à des prix trop élevés; pareillement, de refuser le passage sur ses vaisseaux. à ceux qui voulait aller s'établir à la Nouvelle-France, ou de se charger. simplement du transport de ses effets. Ainsi, en 1668, le sieur de Villieu, lieutenant au régiment de Berthier, après avoir vendu tous ses biens pour passer en Canada avec sa famille, n'avait pu obtenir le transport de ses effets, ce qui l'avait obligé à prolonger son séjour en France; et un chirurgien de Villemarie, éprouvant les mêmes difficultés, avait pris sa route vers les îles Françaises. Pour tous ces motifs et pour d'autres encore, le Roi, à qui d'ailleurs la Compagnie, qui craignait de s'engager dans de nouvelles dépenses, offrait sa démission, finit par la supprimer en 1674, dix ans après son établissement. Et ici encore, ce prince fit bien paraître, par l'acte même de cette suppression, le grand désir qu'il avait de voir fleurir le commerce dans les colonies, puisqu'il remboursa la Compagnie tant de son capital, qui se montait à la somme de plus de douze cent mille livres, que des avances qu'elle avait faites, qui s'élevaient à plus de trois millions et demi. Par son édit du mois de décembre de cette année, il déclara donc que, pour faire connaître en quelle considération il avait ceux qui s'engagaient dans des entreprises de commerce, et pour contribuer à l'avantage de ses peuples, il donnait, dès ce moment, à tous ses sujets la liberté de commercer dans les pays de l'Amérique, chacun pour son compte, en prenant seulement les passe-ports ordinaires (1).

(1) La Compagnie des Indes occidentales ayant été ainsi supprimée, le Roi réunit à son domaine toutes les terres qu'il lui avait données et se chargea de pourvoir, ainsi qu'elle s'y était obligée elle-même, à la subsistance des Curés et autres Ecclésiastiques, à l'entretien

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V.

Branches d'industrie introduites à Québec par la générosité de Louis XIV.

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Avec le commerce, le Roi avait singulièrement à cœur de faire fleurir l'industrie en Canada. En y envoyant M. Talon, il l'avait chargé particulièrement d'y donner commencement aux diverses branches les plus nécessaires, et n'avait rien épargné de ce qui pouvait lui en fournir les moyens. "Pour ce qui est des affaires temporelles, écrivait la Mère de "l'Incarnation, le Roi fait ici de grandes dépenses. Il a envoyé des "chevaux, des moutons et des chèvres, afin de pourvoir le pays de troupeaux et d'animaux domestiques. M. Talon fait exactement garder les "ordres du Roi : il a commandé qu'on fasse des chanvres, des toiles et "des serges; cela à commencé et grossira peu à peu. L'on presse tant qu'on peut les femmes et les filles d'apprendre à filer; on veut que nous l'apprenions à nos séminaristes, tant Françaises que sauvages, et "l'on nous offre de la matière pour cela. Les PP. Jésuites, témoins de cette activité que M. Talon s'efforçait d'exciter dans le pays pour l'industrie, écrivaient dans leur relation de 1667: "M. Talon a fait commencer "la culture des chanvres, qui vont se multiplier de manière que tout le pays s'en remplira, et pourra non-seulement s'en servir pour lui-même, "mais encore en donner beaucoup à la France; pour ce qu'il est du lin, on peut juger par l'expérience qu'on en a faite depuis un an, qu'il produit "très bien et se nourrit fort beau. Il n'est pas jusqu'aux brebis de France "qui ne portent ordinairement deux agneaux, lorsqu'elles ont pris une première année la nourriture de ce pays." L'année suivante, ces Re"ligieux ajoutaient: Et parce qu'un pays ne peut pas se former entiè rement sans l'assistance des manufactnres, nous voyons déjà celle des "souliers et des chapeaux commencées, celles des toiles et des cuirs proje"tées ; et on attend que la multiplication qui se fait des moutons produise "suffisamment des laines pour introduire celle des draps. C'est ce que nous espérons dans peu, puisque les bestiaux se peuplent ici abon"damment.

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Outre la confection des souliers et celle des chapeaux que M. Talon introduisit à Québec, la Mère de l'Incarnation ajoute: "Il a fait faire "dans cette ville une halle et une tannerie, à cause du nombre prodigieux "de bêtes qu'il y a dans ce pays. Ces manufactures n'étaient point en et à la réparation des Eglises, des ornements, aux autres dépenses nécessaires pour le service divin, et à procurer enfin, pour la conduite des cures, des personnes capables. Il déclara, en outre, que les Gouverneurs généraux et particuliers et leurs lieutenants seraient pourvus de plein droit par lui, et lui prêteraient serment de fidélité, ainsi que le faisaient ceux des provinces du royaume ; que la justice serait rendue en son nom, et les officiers seraient pourvus par lui; sans que pour cela il fût rien innové, quant au présent, dans les tribunaux qui rendaient justice, sinon que le siége de la prévoté de Québec était supprimé, et que la justice y serait rendue en première instance par le Conseil souverain, ainsi qu'elle l'était avant l'établissement de la Compagnie des Indes occidentales.

66 usage par le passé en Canada; mais si elles réussissent, elles diminue"ront beaucoup les grandes dépenses qu'il faut faire pour se procurer "tout de France. " M. Talon encouragea de plus le sieur Follin à faire "du savon et de la potasse, et lui accorda pour un temps le privilége exclusif de cette sorte de fabrication. Enfin il fit faire à grands frais une très-ample brasserie, en exécution des instructions de Colbert, qui, par le moyen de la bière, aurait voulu suppléer en partie au vin et aux autres liqueurs fortes. (1)

VI.

Etablissement d'une brasserie à Québec; Pourquoi ?

Ce ministre gémissait sur les désordres occasionnés par la grande quantité de vin et d'eau-de-vie apportée en Canada, qui détournait les colons du travail, ruinait leur santé, et les appauvrissait en faisant passer dans les mains de marchands étrangers les effets et les deniers de plusieurs particuliers, qui manquaient ensuite des choses les plus indispensables à la vie. Le Conseil souverain, informé des vues si sages de Colbert, pria M. Talon, le 5 mars 1668, de mettre à exécution un dessein devenu nécessaire au bien de la colonie, attendu qu'on procurait par là deux grands avantages au pays; le premier, de consommer la trop grande quantité de blé qu'on récoltait, dont on ne trouvait pas quelquefois le débit; et le second, d'encourager l'agriculture, chacun devant être assuré, en vendant ses grains, d'avoir de quoi faire subsister sa famille, et même de lui procurer les autres choses nécessaires qu'on ne trouvait pas dans la colonie. Pour favoriser une branche d'industrie si avantageuse, le Conseil ordonna que ceux qui établiraient des brasseries auraient seuls le privilége de vendre de la bière, pendant dix ans, pour se dédommager de leurs avances; et laissa pourtant aux autres habitants la liberté d'en fabriquer pour leur usage, et pour celui de leurs familles et de leurs serviteurs.

VII.

Brasseries à Villemarie.

Nous avons vu qu'avant l'arrivée de M. Talon, il existait déjà une brasserie à Villemarie pour l'usage des colons. La population s'étant beaucoup augmentée, et cette brasserie ne pouvant plus apparemment suffire aux

(1) Quoique la Mère Marie de l'Incarnation ait écrit que ces manufactures n'étaient point en usage par le passé en Canada, il parait qu'à Villemarie, plusieurs y étaient exercées déjà et d'autres encore les seigneurs ayant envoyé de France des ouvriers tous capables de quelque métier utile à la colonie. Nous avons vu, en effet, que M. de Maisonneuve fit des gratifications d'argent et des concessions de terres à un grand nombre de ses soldats, qui se fixèrent à Villemarie comme habitants pour y vivre de leur propre industrie. Outre qu'en 1671 nous trouvons une tannerie, qui même avait donné son nom au quartier ou elle était établie, il est certain que, longtemps avant l'arrivée de M. Talon, il y avait à Villemarie, pour l'usage des colons, une brasserie dans le voisinage du Fort, ainsi qu'on l'a rapporté déjà.

besoins après l'arrivée des troupes, on désira d'en établir une nouvelle, conformément aux intentions de Colbert. Comme cette entreprise demandait de grandes avances de fonds, et qu'à Villemarie les prêtres du Séminaire étaient alors seuls en état d'y fournir, les habitants, pour les exciter à s'en charger, leur proposèrent d'acheter pour cet usage le hangar dont ils étaient propriétaires, leur dessein étant d'en employer le prix à la bâtisse de l'église paroissiale. Ce fut le résultat d'une assemblée où se trouvèrent les notables du pays, MM. Picoté de Bélestre, marguillier d'honneur, Pierre Caille, Pierre Gadois, Jean Aubuchon, Gilles Lauzon, tous marguilliers, Louis Chevalier, syndic du pays, accompagné du juge M. d'Ailleboust, du procureur fiscal M. Migeon, de M. Jacques LeBer et autres, représentant la principale partie des habitants. Les prêtres du Séminaire, présents à l'assemblée, acceptèrent cette proposition, M. Gilbert Barbier fut désigné comme expert pour faire l'estimation des bâtiments ainsi vendus pour servir à la nouvelle brasserie.

VIII.

Moulins à eau établis à Villemarie; Pourquoi ?

L'arrivée des troupes du Roi, qui séjournèrent en très-grand nombre à Villemarie, donna lieu à l'établissement des premiers moulins à eau qu'on ait vus dans ce pays. Nous avons rapporté que d'abord les seigneurs de Montréal avaient fait construire un moulin à vent près du Fort, sur le bord du fleuve Saint Laurent, appelé pour cela moulin du Fort, et ensuite un autre appelé du Côteau. C'étaient les seuls qu'il y eût encore à Villemarie en 1665. Lorsque les troupes furent arrivées et qu'il fut nécessaire de moudre le blé destiné à leur substance, les farines qu'elles avaient apportées s'étant gâtées en mer, ces deux moulins se trouvèrent insuffisants aux besoins des colons, qui ne savaient où faire moudre leur blé. On construisit alors un moulin à eau sur le fleuve Saint-Laurent, qui fut la propriété d'Olivier Charbonneau et de Pierre Dagenets, et ensuite un autre que le Séminaire fit établir au pied du courant Sainte-Marie.

IX.

Etablissement de marchés publics à Québec et à Villemarie.

Pour la commodité des particuliers, qui avaient à se pourvoir des choses nécessaires à la vie, et aussi pour l'avantage des gens de la campagne, qui désiraient de vendre leurs denrées ou les produits de leur industrie, Colbert voulut qu'on tint chaque semaine des marchés publics : et, en conséquence, le Conseil souverain avait statué qu'à Québec un marché aurait lieu les mardis et vendredis de chaque semaine. A Villemarie, on n'avait point cet usage; et il arrivait de là que les marchands de Québec, ceux des Trois-Rivières et d'ailleurs, qui venaient y trafiquer, étant obligés d'acheter des vivres dans les maisons des revendeurs, les

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