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sont renfermés dans ces paroles : Que votre nom soit sanctifié. Maintenant nous prononçons la seconde demande de l'Oraison dominicale: Que votre règne arrive! Cette demande se rapporte encore à Dieu; elle est courte, mais elle renferme un sens bien profond et bien étendu. Daignez, mes frères, en écouter l'explication, je serai très

court.

Que demandons-nous à Dieu par ces paroles: Que votre règne arrive? Nous demandons que Dieu règne dans nos cœurs par sa grâce et qu'il nous fasse régner avec lui dans le ciel.

Dieu est le roi de tous les siècles et de tous les lieux; toutes les créatures animées et même celles qui sont insensibles lui obéissent le soleil, la lune et les étoiles suivent exactement la route qu'il leur a tracée, les saisons reviennent toujours dans le même ordre; les plantes, les arbres produisent des fleurs et des fruits chaque année dans le temps que Dieu a marqué; tous les animaux font aussi ponctuellement ce que Dieu leur a prescrit, ils suivent l'instinct qu'il leur a donné. Toutes ces créatures obéissent nécessairement et sans mérite, parce qu'elles ne sont pas libres. Mais l'homme ayant reçu, dans sa création, le don précieux de la liberté, doit obéir à Dieu, son souverain Maître, librement et par un acte de sa vo· lonté. Dieu veut régner sur nous par amour et non par contrainte; il veut que nous lui obéissions en tout, mais librement et volontairement. Ainsi ce règne de Dieu ne dépend que de nous avec la grâce; c'est un règne tout spirituel dans lequel l'âme, prévenue et aidée par la grâce, suit les inspirations de Dieu, se conforme en toutes choses à son bon plaisir, exécute avec fidélité tous ses ordres et n'a point d'autre règle de conduite que sa volonté sainte, que sa loi, que ses commandements; un règne où le cœur se donne lui-même à Dieu, afin qu'il le possède tout

entier, qu'il le gouverne, qu'il en règle tous les désirs, les passions, les mouvements, qu'il le dégage de toute affection terrestre, de toute attache humaine. Voilà le règne que nous désirons que Dieu établisse en nous dès à présent.

Mais nos vœux ne se bornent pas là; nous voudrions voir le règne de Dieu établi dans le cœur de tous les hommes, nous voudrions voir toutes les nations éclairées des lumières de la foi, soumises au joug de l'Évangile et à la pratique des commandements de Dieu. Aujourd'hui c'est le démon qui règne dans le monde, il en est le prince, le roi, tout y est soumis à son empire. Les païens l'adorent dans leurs idoles, les pécheurs dans leurs passions et les mondains dans leurs vanités. Satan a établi des maximes, des usages, des lois pour régler la conduite de ses sujets, et ces vils esclaves lui obéissent ponctuellement. C'est le démon de la sensualité, de l'avarice, de l'ambition qui règne dans la société, et il est peu d'hommes qui aient le courage de secouer son joug honteux.

Cependant il y a une grande différence entre le règne de Dieu et celui de Satan : l'un établit l'ordre et la paix partout, l'autre ne produit que le trouble et la confusion; le premier inspire la charité et toutes les vertus, le second engendre l'égoïsme et tous les vices; le joug du Seigneur est doux et son fardeau est léger (1); Satan, au contraire, traite ses esclaves en despote, il les gouverne avec une verge de fer; et néanmoins presque tous les hommes se rangent sous ses lois. Avec quelle ardeur devrions-nous donc prier Dieu d'établir son royaume au milieu de nous! Ce règne aimable ferait le bonheur des États en y établissant une paix profonde et inaltérable, il ferait la félicité des familles en rendant les maris doux et charitables, les femmes soumises et prévenantes, les enfants dociles et respectueux, et les domestiques laborieux et fidèles, il

(1) Mat., 11.

peut même seul rendre tous les hommes heureux sur la terre, tandis que le règne du péché et des passions causera toujours mille calamités.

Oh! quel état funeste que celui d'une âme révoltée contre Dieu! privée de la grâce sanctifiante, dépouillée de tous les mérites qu'elle avait pu acquérir, et devenue l'objet de la haine du Seigneur et de ses implacables vengeances, elle ne peut attendre que le trouble et le remords dans ce monde et des châtiments affreux dans l'éternité. Elle ne veut plus que Dieu règne sur elle par sa grâce; eh bien ! elle tombera sous l'esclavage du démon, elle deviendra le jouet des caprices du monde ou des illusions des passions. Oh! quels maîtres cruels!

Le démon, plein de haine contre Dieu dont il voit en nous l'image, et transporté de jalousie contre nous, travaille sans relâche à notre perte éternelle. S'il cause aux serviteurs de Dieu tout le mal qu'il peut, que fait-il donc à ceux qui se sont rangés sous son tyrannique empire? Il les aveugle et il leur fait commettre des crimes toujours plus énormes et plus multipliés. Il les poursuit chaque jour avec une nouvelle fureur, avec un nouvel acharnement, et il ne cesse de les tourmenter.

Le monde promet toujours le bonheur à ses partisans; il les allèche par la perspective des plaisirs, des honneurs et des richesses qu'il leur annonce; mais quelle illusion! On ne trouve au service du monde que des biens imaginaires et des maux réels. Souvent c'est lorsqu'on se promettait les plus grands plaisirs qu'on éprouve les chagrins les plus cuisants. Si on aspire aux honneurs, que de bassesses ne faut-il pas faire! que de rebuts ne faut-il pas essuyer! Tous les jours on voit les dignités accordées à ceux qui les méritent le moins, tandis que ceux qui en sont dignes ne les obtiennent pas le plus souvent elles sont le partage de la cabale, de l'intrigue ou de la faveur, et nullement des talents et de la vertu.

Si l'on veut faire fortune, il faut se résoudre à soutenir de grands travaux, de fréquentes privations. Si l'on réussit, on va exciter contre soi la jalousie; si l'on ne réussit pas, on deviendra l'objet du mépris général.

Mais ce sont surtout les passions des hommes qui les rendent malheureux, parce qu'elles sont insatiables et qu'elles peuvent les conduire aux derniers excès. Vous connaissez, mes frères, tous les maux que produisent ordinairement l'ambition, l'avarice, l'impureté, l'envie, la colère, l'ivrognerie, la passion du jeu. Hélas! que leurs fruits sont amers! Il serait inutile de vous en faire ici le détail. D'ailleurs les exemples fréquents que nous en avons sous les yeux peuvent vous en instruire mieux que tous mes discours. Non, vous l'avez dit, ô Esprit de vérité, il n'y a pas de paix pour le pécheur qui ne veut pas se convertir. Il dit quelquefois, dans l'ivresse de sa passion, qu'il est heureux; mais il nous en impose, le vrai bonheur ne sera jamais son partage.

Que le sort de vos fideles serviteurs est différent, ô mon Dieu! Je dis de vos fidèles serviteurs, car pour ceux qui ne sont à vous qu'à demi, qui ne veulent pas renoncer à leur propre volonté pour la soumettre à la vôtre; pour ceux qui ne prétendent faire aucun sacrifice, ne se gêner en rien pour vous plaire, qui ne suivent que leurs caprices, que leur amour-propre, ils ne goûteront jamais les douceurs qui se rencontrent dans votre aimable service; mais je parle de ceux qui veulent vous servir de tout leur cœur, qui ne vous refusent rien, qui sont dociles à toutes vos inspirations je dis que ceux-là sont heureux. Exempts de passions déréglées, de toute crainte excessive, de tout désir inquiet, ils voient couler en paix les jours de leur pèlerinage. Le démon rugit vainement autour d'eux, ils le méprisent; le monde parle et se raille de leur conduite; mais ils laissent parler le monde et ils se moquent de ses censures. Leur conscience, qui ne leur

reproche rien de grave, les laisse jouir d'un doux repos. Heureux, dit le saint roi David, heureux l'homme qui craint le Seigneur, et qui accomplit fidèlement ses préceptes! Sa postérité sera puissante sur la terre, car ses enfants seront bénis ('). Il n'en est pas ainsi de l'impie, mais il est semblable à la poussière que le vent emporte (2). Que vous êtes bon, ô Dieu d'Israël, disait encore le même prophète, que vous êtes bon envers ceux qui ont le cœur droit (3)! Un jour employé à votre service vaut mieux que des années passées dans les palais des pécheurs (4). Prions donc ardemment le Seigneur de venir non-seulement habiter dans notre âme par sa grâce, mais d'y régner en maitre absolu; prions-le de ne pas permettre que rien en nous lui résiste et que nous fassions la moindre chose qui puisse lui déplaire.

Mais ce n'est encore là qu'une partie de nos vœux. Ce que nous demandons principalement par ces paroles: Que votre règne arrive, c'est que Dieu nous fasse régner avec lui dans le ciel. Ce doit être là le but de tous nos désirs, la fin de tous nos travaux. Le ciel est notre véritable patrie; la terre n'est pour nous qu'un lieu d'exil. Ainsi nous demandons qu'après les misères de cette vie nous entrions. dans le délicieux séjour du paradis. Le Seigneur, ce Dieu de bonté, ce tendre Père! nous a donné le droit d'y prétendre, en nous adoptant pour ses enfants. Nous sommes devenus, en cette qualité, les héritiers de sa gloire et de ses richesses; mais il veut que nous les lui demandions et que nous travaillions à nous rendre dignes de les obtenir.

C'est dans le ciel que nous jouirons d'un bonheur parfait là, plus de peine, de travail, de maladie, de douleur; là, plus d'ennui, de tristesse, de crainte, d'inquiétude; là, plus de concupiscence, de passion, de combat, de tentation. Alors, les misères seront passées, les larmes

(1) Ps. 111. (2) Ps. 1.

- (3) Ps. 72. (4) Ps. 85.

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