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E

IV. SERMON :

POUR

LE JOUR DE PÂQUE,

PRÊCHÉ DEVANT LE ROI.

Caractères de la loi nouvelle. Effets du désir de l'immortalité. De quelle importance il est dans la vie chrétienne de tendre sans cesse à la perfection. Comment Jésus-Christ forme et établit son Eglise. Promesse d'immortalité qu'il lui fait : accomplissement admirable de cette promesse. Qualités et préparations nécessaires pour entrer dans les dignités ecclésiastiques. Maux causés par les pasteurs indignes terribles jugemens qu'ils s'attirent. Etrange illusion des pécheurs sur le recours fréquent aux sacremens. Stabilité essentielle à la vertu : moyen pour parvenir à une solide conversion.

Christus resurgens ex mortuis jam non moritur.
Jésus-Christ ressuscité ne meurt plus. Rom. vi. 9.

AVOIR à prêcher le plus glorieux des mystères de Jésus-Christ et la fête la plus solennelle de son Eglise, devant le plus grand de tous les rois et la Cour la plus auguste de l'univers, reprendre la parole après tant d'années d'un perpétuel silence, et avoir à contenter la délicatesse d'un auditoire qui ne souffre rien que d'exquis; mais qui, permettez-moi de le

dire, sans songer, autant qu'il faudroit, à se convertir, souvent ne veut être ému qu'autant qu'il le faut pour éviter la langueur d'un discours sans force, et plus soigneux de son plaisir que de son salut, lorsqu'il s'agit de sa guérison, veut qu'on cherche de nouveaux moyens de flatter son goût raffiné; ce seroit une chose à craindre, si celui qui doit annoncer dans l'assemblée des fidèles la gloire de Jésus-Christ ressuscité, et y faire entendre la voix immortelle de ce Dieu sorti du tombeau, avoit à craindre autre chose que de ne pas assez soutenir la force et la majesté de sa parole. Mais ici ce qui fait craindre, soutient cette parole divine, révérée du ciel, de la terre et des enfers, est ferme et toute-puissante par elle-même; et l'on ne peut l'affoiblir, lorsque toujours autant éloigné d'une excessive rigueur qui se détourne à la droite, que d'une extrême condescendance qui se détourne vers la gauche, on propose cette parole dans sa pureté naturelle, telle qu'elle est sortie de la bouche de Jésus-Christ, et de ses apôtres, fidèles et incorruptibles témoins de sa résurrection, et de toutes les obligations qu'elle nous impose. Alors il ne reste plus qu'une crainte vraiment juste, vraiment raisonnable; mais qui est commune à ceux qui écoutent avec celui qui parle : c'est de ne profiter pas de cette parole, qui maintenant nous instruit, et un jour nous doit juger; c'est de n'ouvrir pas le cœur assez promptement à la vertu qui l'accompagne, et de prendre plus garde à l'homme qui parle au dehors, qu'au prédicateur invisible qui sollicite les cœurs de se rendre à lui. Que si vous écoutez au dedans ce céleste prédicateur, qui jamais

n'a rien de foible ni de languissant, et dont les vives lumières pénètrent les replis les plus cachés des consciences; que de miracles nouveaux nous verrons paroître ! que de morts sortiront du tombeau! que de ressuscités viendront honorer la résurrection de Jésus-Christ! et que leur inébranlable persévérance rendra un beau témoignage à l'immortelle vertu qu'un Dieu ressuscité, pour ne mourir plus, répand dans les cœurs de ses fidèles! Pour commencer un si grand ouvrage, prosternés avec Madeleine et les autres femmes pieuses aux pieds de ce Dieu vainqueur de la mort, demandons-lui tous ensemble ses grâces vivifiantes, par les prières de celle qui les a reçues de plus près et avec le plus d'abondance. Ave.

« JÉSUS-CHRIST ressuscité ne meurt plus », comme nous a dit saint Paul; et non-seulement il ne meurt plus, mais encore, à consulter la règle éternelle de la justice divine, il ne devoit jamais mourir. « La » mort, dit le même apôtre (1), est entrée dans le >> monde par le péché »; et encore : « La mort est » le châtiment du péché (2) ». Puisque la mort est le châtiment du péché, l'immortalité devoit être la compagne inséparable de l'innocence : et si l'homme eût vécu éternellement affranchi des lois de la mort, en conservant la justice; combien plutôt Jésus-Christ, qui étoit la sainteté même, devoit-il être toujours vi vant et toujours heureux? Ajoutons à cette raison, qu'en Jésus-Christ la nature humaine unie au Verbe divin, qui est la vie par essence, puisoit la vie dans - (2) Ibid. v1. 23.

(1) Rom. v. 12.

la source; de sorte que la mort n'avoit point de lieu où la vie se trouvoit dans la plénitude : et si JésusChrist avoit à mourir, ce ne pouvoit pas être pour lui-même, ni pour satisfaire à une loi qui le regardât; mais pour nous, et pour expier nos crimes dont il s'étoit volontairement chargé. Il a satisfait à ce devoir; et compté parmi les méchans, comme disoit Isaïe (1), il a expiré sur la croix entre deux voleurs: <«< Il est mort une fois au péché », dit le saint apôtre (2); c'est-à-dire, il en a porté toute la peine : Peccato mortuus est semel; et maintenant «< il vit à » Dieu »; vivit Deo. Il commence une vie toute divine; et la glorieuse immortalité lui est assurée. Vivez, Seigneur Jésus, vivez à jamais : la vie, qui ne vous a pas été arrachée par force, mais que vous avez donnée de vous-même pour le salut des pécheurs, vous devoit être rendue. Il étoit juste; et, comme chantent dans l'Apocalypse tous les bienheureux esprits, « l'Agneau qui s'est immolé volontairement » pour les pécheurs, est digne de recevoir, pour la » mort qu'il a endurée par obéissance, la vertu, la » force, la divinité (3) » : c'est-à-dire, il est digne de ressusciter; afin qu'une vie divine se répande sur toute sa personne, et qu'il soit éternellement, par sa gloire, l'admiration des hommes et des anges, comme il en est l'invisible soutien par sa puissance.

Voilà en peu de mots le fond du mystère; il falloit poser ce fondement : mais comme les mystères du christianisme, outre le fond qui fait l'objet de notre foi, ont leurs effets salutaires, qu'il faut encore considérer pour notre instruction, revenons au (1) IS. LIII. 12. - (2) Rom. VI. 10.—(3) Apoc. v. 12.

premier principe, et disons encore une fois avec l'apôtre : « Jésus-Christ ressuscité ne meurt plus »; de quelque côté qu'on le considère, tout est vie en lui, et la mort n'y a plus de part. De là vient que la loi évangélique, qu'il envoie annoncer à tout l'univers par ses apôtres après sa glorieuse résurrection, a une éternelle nouveauté. Ce n'est pas comme la loi de Moïse, qui devoit vieillir et mourir : la loi de JésusChrist est toujours nouvelle; la loi nouvelle, c'est son nom, c'est son propre caractère; et fondée, comme vous verrez, sur l'autorité d'un Dieu ressuscité pour ne mourir plus, elle a une éternelle vigueur. Mais à cette loi toujours vivante et toujours nouvelle, il falloit pour l'annoncer et la pratiquer, une Eglise d'une immortelle durée. La Synagogue, qui devoit mourir, a été fondée par Moïse, qui, à l'entrée de la terre sainte où elle devoit s'établir, meurt pour ne revivre qu'à la fin du monde avec le reste des hommes. Mais Jésus-Christ, au contraire, après avoir enfanté son Eglise par sa mort, ressuscite pour lui donner sa dernière forme; et cette Eglise, qu'il associe à son immortalité, ne meurt plus, non plus que lui. Voilà une double immortalité que personne ne peut ravir à Jésus-Christ; l'immortalité de la loi nouvelle, avec l'immortalité de cette Eglise répandue par toute la terre. Mais voici une troisième immortalité que Jésus-Christ ne veut recevoir que de nous. Il veut vivre en nous comme dans ses membres, et n'y perdre jamais la vie qu'il y a repris par la pénitence : nous devons comme lui une fois mourir au péché, comme lui ne plus mourir après notre résurrection; regarder le péché comme la mort, n'y retomber jamais,

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