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votre mauvaise vie, de corriger le déréglement de vos mœurs, et de déraciner ces habitudes invétérées qui vous sont comme passées en nature. Si vous avez été justifiés, j'avoue que vous n'avez plus à craindre la damnation éternelle; mais ne vous imaginez pas pour cela être en sûreté. Craignez vos mauvaises inclinations; craignez ces objets qui vous plaisent plus qu'il n'est convenable à un chrétien qui a participé au corps du Sauveur; craignez ces dangereuses rencontres dans lesquelles votre innocence a déjà tant de fois fait naufrage que votre expérience vous fasse prudens, et vous oblige à une précaution salutaire; car la pénitence a deux qualités qui sont toutes deux également saintes et inviolables.

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Retenez ceci, s'il vous plaît; la pénitence a deux qualités : elle est le remède pour le passé; elle est une précaution pour l'avenir. La disposition pour la recevoir comme remède de nos désordres passés, c'est la douleur des péchés que nous avons commis: la disposition pour la recevoir comme précaution de l'avenir, c'est une crainte filiale des péchés que nous pouvons commettre, et des occasions qui nous y entraînent. Gardons-nous bien, Fidèles, de violer la sainteté de la pénitence, en l'une ou en l'autre de ses parties, de peur de faire injure à la grâce et à la libéralité du Sauveur.

Par conséquent ne perdons jamais cette crainte respectueuse qui est l'unique garde de l'innocence: craignons de perdre Jésus-Christ qui nous a gagné par son sang. Partout où je le vois, il nous tend les

bras. Jésus nous tend les bras à la croix : Venez, dit-il, mourir avec moi. Jésus-Christ sortant du tombeau, victorieux de la mort, nous tend les bras: Venez, dit-il, ressusciter avec moi. Jésus-Christ à la droite du Père nous tend les bras: Venez, dit-il, régner avec moi : vous serez, vous serez un jour tel que je suis en cette glorieuse demeure; vivez, consolez-vous dans cette espérance. Je suis heureux, je suis immortel soyez immortels à la grâce, vous obtiendrez enfin dans le ciel le dernier accomplissement de la vie nouvelle; c'est-à-dire, la justice parfaite, la paix assurée, l'immortalité de l'amie et du corps. Amen..

AUTRE EXORDE

POUR LE MÊME SERMON.

Consepulti sumus cum illo, per baptismum in mortem; ut quomodo Christus surrexit à mortuis per gloriam Patris, ita et nos in novitate vitæ ambulemus.

Nous sommes ensevelis avec Jésus-Christ par le baptéme, dans lequel nous participons à sa mort; afin que comme Jésus-Christ est ressuscité des morts, ainsi nous marchions en nouveauté de vie. Rom. vi. 4.

C'EST une doctrine excellente de saint Augustin (1), prise des Ecritures divines, que tout ce que Dieu opère dans l'homme juste, depuis sa première entrée dans l'Eglise, jusqu'à la résurrection générale, n'est que la suite et l'accomplissement du baptême : de sorte que la sainte nouveauté de vie, qui se commence dans les eaux salutaires, n'aura sa dernière perfection que dans cette journée bienheureuse, en laquelle la mort étant surmontée, nos corps seront faits semblables au corps glorieux de notre Seigneur Jésus-Christ. Pour entendre cette doctrine, il faut nécessairement remonter plus haut, et reprendre la chose jusque dans sa source.

L'homme, dans la sainteté de son origine, avoit reçu de Dieu ces trois dons, la justice, la paix, l'im

(1) De Nupt. et Concupisc. lib. 1, n. 38 et 39, tom. x, col. 298, 299.

mortalité : car étant formé selon Dieu, il étoit juste; régnant sur ses passions, il étoit paisible en luimême; mangeant le fruit de vie, il étoit immortel. La raison s'étant révoltée contre Dieu, les passions lui refusèrent leur obéissance; et l'ame ne buvant plus à cette source inépuisable de vie, devenue ellemême impuissante, elle laissa aussi le corps sans vigueur: c'est pourquoi la mortalité s'en est incontinent emparée. Ainsi pour la ruine totale de l'homme, le péché a détruit la justice; la convoitise s'étant soulevée a troublé la paix; l'immortalité a cédé à la nécessité de la mort : voilà l'ouvrage de Satan, opposé à l'ouvrage de Dieu. Or le Fils de Dieu est venu, « pour dissoudre l'œuvre du diable (1) », nous dit-il lui-même dans son Evangile : il est venu « pour re>> former l'homme, selon le premier dessein de son » Créateur », comme nous enseigne l'apôtre (2); et pour cela il est nécessaire que sa grâce nous restitue les premiers priviléges de notre nature. De là vient qu'il nous appelle dans son Evangile à une bienheureuse nouveauté de vie, répandant en nos ames son Saint-Esprit, par lequel, dit l'apôtre saint Paul, << l'homme intérieur et spirituel est renouvelé de jour » en jour » Renovatur de die in diem (3). Remarquez ces paroles, « de jour en jour »> : elles nous font connoître manifestement que Dieu en renouvelant ses élus, ne veut pas qu'ils soient changés tout à coup; mais qu'il ordonne certains progrès par lesquels ils s'avancent de plus en plus à la perfection consommée. Il y a trois dons à leur rendre; il y aura aussi trois différens âges, par lesquels de degré en (1) I. Joan. 11. 8. (2) Coloss. 111. 10. —

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(3) II. Cor. IV. 16.

degré «< ils deviendront hommes faits », comme dit saint Paul; In virum perfectum (1): et Dieu l'a arrêté de la sorte; afin de faire goûter à ses bien-aimés les opérations de sa grâce les unes après les autres : de sorte que dans ce monde il répare leur innocence; dans le ciel, il leur donne la paix; à la résurrection générale, il ornera leurs corps d'immortalité : par ces trois âges « les justes arrivent à la plénitude de >> Jésus-Christ »>, ainsi que parle l'apôtre saint Paul; In mensuram ætatis plenitudinis Christi (2). La vie présente est comme l'enfance; celle dont les saints jouissent au ciel ressemble à la fleur de l'âge; après, suivra la maturité dans la dernière résurrection.

Au reste cette vie n'a point de vieillesse; parce qu'étant toute divine, elle n'est point sujette au déclin: de là vient qu'elle n'a que trois âges, au lieu que celle de notre vie corruptible souffre la vicissitude de quatre différentes saisons. Ce sont ces trois âges et ces trois dons, pour lesquels le prophète - roi chante à Dieu ces pieuses actions de grâces: « Mon » ame, dit-il (3), bénis le Seigneur, et que tout ce » qui est en moi célèbre la grandeur de son nom. » C'est lui, dit-il, qui pardonne tous tes péchés, » c'est lui qui guérit toutes tes langueurs, c'est lui » qui rachète ta vie de la mort ». Il pardonne nos iniquités, quand il nous rend la justice en ce monde: il guérit nos langueurs, quand il éteint la convoitise dans son paradis : il rachète notre vie de la mort, quand il nous ressuscite à la fin des siècles; et encore que ces opérations soient diverses, elles ne regardent toutefois que la même fin, et ne s'emploient que dans la même œuvre. Car de même que l'homme en crois(1) Ephes. 1v. 13. — (2) Ibid. — (3) Ps. cu. 1, 3, 4.

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