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II.E SERMON

POUR

LE JOUR DE PÂQUE.

Comment Jésus-Christ est-il mort au péché et pourquoi devonsnous y mourir avec lui. Etendue du changement qu'exige cette mort spirituelle. Combats nécessaires pour conserver le fruit de notre victoire sur le péché. Deux états particuliers du règne de la charité. Dessein de Dieu en laissant ses serviteurs sujets à tant d'infirmités. Comment nos corps deviennent-ils les temples de l'Esprit saint: de quelle manière l'ouvrage de leur bienheureuse immortalité se commence dès à présent : honneur que nous devons leur porter.

Consepulti enim sumus cum illo per baptismum in mortem; ut quomodo Christus surrexit à mortuis per gloriam Patris, ita et nos in novitate vitæ ambulemus.

Nous sommes ensevelis avec Jésus-Christ par le baptéme dans lequel nous participons à sa mort; afin que comme Jésus-Christ est ressuscité des morts, ainsi nous marchions en nouveauté de vie. Rom. vi. 4.

CETTE sainte nouveauté de vie, dont nous parle si souvent le divin apôtre, mérite bien, Messieurs, que les fidèles s'en entretiennent, et particulièrement aujourd'hui que Jésus nous en a donné le modèle dans sa glorieuse résurrection. Enfin Jésus-Christ, cet homme nouveau, a dépouillé en ce jour tout ce

qui lui restoit de l'ancien ; et nous montre, par son exemple, que nous devons commencer une vie nouvelle. Pour entendre cette nouveauté à laquelle nous oblige le christianisme, il faut nécessairement remonter plus haut, et reprendre les choses jusqu'au principe.

L'homme, dans la sainteté de son origine, avoit reçu de Dieu ces trois dons, l'innocence, la paix, l'immortalité : car étant formé selon Dieu, il étoit juste; régnant sur ses passions, il étoit paisible; mangeant le fruit de vie, il étoit immortel. La raison, dit saint Augustin (1), s'étant révoltée contre Dieu, les passions lui refusèrent leur obéissance; et l'ame ne buvant plus à cette source inépuisable de vie, devenue elle-même impuissante, elle laissa aussi le corps sans vigueur de là vient que la mortalité s'en est emparée incontinent. Ainsi, pour la ruine totale de l'homme, le péché a détruit la justice; la convoitise s'étant soulevée, a troublé la paix; l'’immortalité a cédé à la nécessité de la mort: voilà l'ouvrage de Satan opposé à l'ouvrage de Dieu.

dis

Or le Fils de Dieu est venu au monde « pour >>soudre l'œuvre du diable (2) », comme il dit luimême dans son Evangile : il est venu pour réformer l'homme selon le premier dessein de son Créateur, comme nous enseigne l'apôtre (3) ; et pour cela il est nécessaire que sa grâce lui restitue les premiers priviléges de la nature.

Mais ce que nous avons perdu tout à coup, ne nous est pas rendu tout à coup : Dieu procède avec

(1) De Civit. Dei, l. xi, c. x1, et seq. tom. vii, col. 334, 335.(2) I. Joan. 111. 8. . (3) Coloss. 111. 10.

il

ordre. Il faut remarquer, Messieurs, que Dieu, en renouvelant ses élus, ne veut pas qu'ils soient changés tout à coup; mais qu'il ordonne certains progrès par lesquels il les avance de jour en jour à la perfection consommée. Il y a trois dons à leur rendre;' y aura trois différens âges par lesquels, de degré en degré, ils deviendront « hommes faits », comme dit saint Paul; in virum perfectum (1): de sorte que, dans ce monde, il répare leur innocence; dans le ciel, il leur donne la paix; à la résurrection générale, il ornera leurs corps d'immortalité. Par ces trois âges, « les justes arrivent à la plénitude de » Jésus-Christ », ainsi que parle l'apôtre : In mensuram ætatis plenitudinis Christi (2). La vie présente est comme l'enfance; celle dont les saints jouissent au ciel, est semblable à la fleur de l'âge; après, suivra la maturité dans la dernière résurrection. Au reste, cette vie n'a point de vieillesse ; parce qu'étant toute divine, elle n'est point sujette au déclin.

Vous voyez les divers degrés par lesquels le SaintEsprit nous avance à cette parfaite nouveauté d'esprit et de corps. Mais il faut encore observer, et cette remarque, Messieurs, fera le fondement de ce discours, qu'encore que ce merveilleux renouvellement ne doive avoir sa perfection qu'au siècle futur; néanmoins ces grands changemens qui nous font des hommes nouveaux en Jésus-Christ, doivent se commencer dès cette vie : car comme je vous ai dit que la vie présente est comme l'enfance, je confesse, à la vérité, qu'elle ne peut avoir la perfection; mais néanmoins tout ce qui doit suivre y doit avoir son

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commencement, doit être comme ébauché dans ce bas âge. Jésus-Christ a trois ennemis à détruire en nous successivement, le péché, la convoitise, et la mort; par trois dons divins, l'innocence, la paix, l'immortalité encore que ces trois choses ne s'accomplissent pas en cette vie, elles y doivent être du moins commencées.

Et voyez en effet, Messieurs, de quelle sorte Dieu avance en nous son ouvrage pendant notre captivité dans ce corps mortel. Il abolit premièrement le péché, en nous justifiant par la grâce : la convoitise y remue encore; mais elle y est fortement combattue, et même glorieusement surmontée; pour la mort, à la vérité, elle y exerce son empire sans résistance; mais outre que l'immortalité nous est assurée, nos corps y sont préparés, en devenant les temples de l'Esprit de Dieu.

Ainsi, pour paroître en hommes nouveaux, il faut détruire en nous le péché; et c'est notre sanctification: non contens d'avoir détruit le péché, il en faut attaquer les restes, il faut combatre les mauvais désirs; et ce combat fait notre exercice: en mortifiant en nous les mauvais désirs; nous préparons peu à peu nos corps à l'immortalité glorieuse; et c'est ce qui entretient notre espérance. C'est par ces trois choses, mes Frères, que nous nous unissons à JésusChrist; afin que comme il est ressuscité, «< ainsi nous >> marchions devant lui dans une sainte nouveauté » de vie »; Ita et nos in novitate vitæ ambulemus.

PREMIER POINT.

Le premier pas que nous devons faire, pour nous renouveler en notre Seigneur, c'est de détruire en nous le péché, cette rouille invétérée de notre nature, qui ayant commencé dès le principe, s'est attachée si fortement à tous les hommes, que nous n'en pouvons jamais être délivrés que par une seconde naissance. Saint Paul, dont j'entreprends aujourd'hui de vous expliquer la doctrine, exhorte les chrétiens « à détruire en eux le péché, même le corps du » péché (1) », par l'exemple de Jésus-Christ ressuscité; et voici de quelle sorte il leur parle. Vous devez savoir, dit ce grand apôtre, que « Jésus ressus>> citant des morts, ne meurt plus : car il est mort » une fois au péché, et maintenant il vit à Dieu (2) » ; puis faisant l'application aux fidèles : «< ainsi vous » devez estimer, mes Frères, que vous êtes morts » au péché, et vivans à Dieu en notre Seigneur » Jésus-Christ (3) ».

Et la suite de mon discours et le mystère de cette journée m'obligent nécessairement à vous expliquer quelle est la pensée de l'apôtre, lorsqu'il dit que Jésus-Christ est mort au péché. O Jésus! ô divin Jésus ! quoi, étiez-vous donc un pécheur? n'étiezvous pas au contraire l'innocence même ? et si vous êtes l'innocence même, que veut dire votre grand apôtre, que vous êtes mort au péché? que n'a-t-il réservé cette mort pour nous qui sommes des criminels? et pourquoi y a-t-il soumis le saint et le juste? Il est bien aisé de l'entendre. Souvenez-vous

(1) Rom. v1.6.—(3) Ibid. 9, 10.- (3) Ibid. 11.

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