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les secours, et égaler, autant qu'il se peut, le remède à la maladie. Dieu veut qu'on combatte sa justice par un généreux effort de charité, et les nécessités extrêmes demandent que le cœur s'épanche d'une façon extraordinaire. Sire, c'est Jésus mourant qui vous y exhorte; il vous recommande vos pauvres peuples: et qui sait si ce n'est pas un conseil de Dieu d'accabler, pour ainsi dire, le monde par tant de calamités; afin que Votre Majesté portant promptement la main au secours de tant de misères, elle attire sur tout son règne ces grandes prospérités que le ciel lui promet si ouvertement? Puisse Votre Majesté avoir bientôt le moyen d'assouvir son cœur de ce plaisir vraiment chrétien et vraiment royal, de rendre ses peuples heureux : ce sera le dernier trait de votre bonheur sur la terre; c'est ce qui comblera Votre Majesté d'une gloire si accomplie, qu'il n'y aura plus rien à lui désirer que la félicité éternelle, que je lui souhaite dans toute l'étendue de mon cœur. Amen.

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SUR LA PASSION DE N. S. JÉSUS-CHRIST.

Profondeur du mystère de la croix. Pourquoi tant de crimes concourent au supplice du Sauveur. Noire envie, première cause de toutes les indignités qu'il souffre. Jusqu'où va son obéissance : comment nous devons imiter sa patience. De quelle manière Dieu préside même aux mauvais conseils : paix et confiance qué cette pensée doit nous inspirer. Pardon universel que Jésus-Christ accorde à tous ceux qui l'outragent: motifs pressans de traiter nos ennemis avec la même charité. Nécessité d'une sage épreuve pour faire une sainte pâque.

Justus perit, et non est qui recogitet in corde suo.

Le juste meurt, et il ne se trouve personne qui médite cetle mort en son cœur. Isai. LVII. I.

TOUTE la science du chrétien est renfermée dans la croix; et le grand apôtre saint Paul après avoir appris au troisième ciel les secrets de la sagesse de Dieu, est venu publier au monde, « qu'il ne savoit autre >> chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » :

Non enim judicavi me scire aliquid inter vos, nisi Jesum Christum et hunc crucifixum (1).

En effet il est véritable que la sagesse divine ne s'est jamais montrée plus à découvert, à ceux à qui la foi a donné des yeux, que dans le mystère de la croix. C'est là que Jésus-Christ étendant les bras nous ouvre le livre sanglant dans lequel nous pouvons apprendre tout l'ordre des conseils de Dieu, toute l'économie du salut des hommes, la règle fixe et invariable pour former tous nos jugemens, la direction sûre et infaillible pour conduire droitement nos mœurs, enfin un mystérieux abrégé de toute là doctrine de l'Evangile et de toute la théologie chrétienne. Ce n'est donc pas sans raison que le prophète Isaïe se plaint dans mon texte que cette mort n'est pas méditée; « Le juste meurt, nous dit-il, et » personne n'y pense en son cœur ». C'est en vain que la sainte Eglise appelle aujourd'hui tous ses enfans à la croix : tous en révèrent l'image; peu en contemplent le mystère; aucun presque ne s'en applique la vertu de sorte que le plus saint de tous les spectacles, et celui qui est le plus capable de toucher les cœurs, n'a pas de force pour changer les nôtres.

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Qui me donnera, chrétiens, que je puisse aujourd'hui vous rendre attentifs à la croix de Jésus-Christ; que je puisse graver dans vos cœurs un souvenir éternel de sa passion, et vous découvrir les secrets qu'elle enferme pour votre salut! Mais, mes Frères, nul n'est capable d'entendre le mystère de la croix, si auparavant il ne l'adore; et le degré nécessaire pour (1) I. Cor. 11. 2.

pénétrer ses grandeurs, c'est de révérer ses bassesses. Donc, ô croix du sauveur Jésus, qui nous fais voir aujourd'hui le plus grand de tous les miracles dans le plus grand de tous les scandales! ô croix, supplice du juste, et asile des criminels; ouvrage de l'injustice, et autel de la sainteté; qui nous ôtes Jésus-Christ, et qui nous le donnes; qui le fais notre victime et notre monarque; et enfermes dans le mystère du même écriteau la cause de sa mort et le titre de sa royauté; reçois nos adorations, et fais-nous part de tes grâces et de tes lumières. Je te rends, ô croix de Jésus, cette religieuse adoration que l'Eglise nous enseigne; et pour l'amour de celui dont le supplice t'honore, dont le sang te consacre, dont les opprobres te rendent digne d'un culte éternel, je te dis avec cette même Eglise : O Crux, ave.

CEs saintes lamentations que l'Eglise récite durant ces jours, les plaintes qui retentissent dans ses chants, la mystérieuse tristesse de ses cérémonies sacrées, nous avertissent que voici le temps de penser sérieusement à la mort du Juste; et si nous refusons nos attentions à ce grand et admirable spectacle, le prophète s'élevera contre nous par ces paroles de mon texte : « Le juste meurt, dira-t-il, et cette » mort si importante au genre humain n'est consi» dérée de personne »: Justus perit, et non est qui recogitet in corde suo. Le juste dont il nous veut faire contempler la mort, c'est celui qui est nommé dans les Ecritures le Juste par excellence (1); c'est celui qui a été attendu dès l'origine du monde sous (1) Isai. XLV. 8. Jerem. xx111. 6. I. Joan. 11. I.

ce titre vraiment auguste; c'est celui qui ayant paru au temps destiné, a dit hautement à tous les hommes:

«

Qui de vous me reprendra de péché (1) » ? et pour tout dire en un mot, qui étant Dieu et homme tout ensemble, est saint d'une sainteté infinie, et appelé pour cette raison « le Saint des saints (2) ». Cependant une cabale impie s'est liguée malicieusement contre lui; elle a trouvé le moyen de corrompre un disciple perfide, d'animer un peuple infidèle, d'intimider un juge trop foible et malheureusement politique, et de faire concourir toutes les puissances du monde au supplice de l'innocent et du saint qu'on attache à un bois infâme au milieu de deux scélérats: Et cum iniquis reputatus est (3).

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Mais tandis que les Juifs ingrats traitent leur Sauveur en cette sorte; lui cependant, qui reconnoît l'ordre de son Père dans leur haine aveugle et envenimée, et qui sait que c'est leur heure et la puissance des ténèbres, ne se sert ni de son pouvoir infini ni de sa sagesse pour les confondre il ne fait que baisser la tête; et bien loin d'appeler à son secours des légions d'anges, lui-même n'allègue rien pour sa justification. Bien plus, il ne se plaint pas même de ses ennemis. On a vu les innocens affligés faire de funestes imprécations contre leurs persécuteurs; celui-ci, le plus juste sans comparaison et le plus indignement traité, ni ne dit rien de fâcheux, ni n'invoque contre les Juifs, qui le persécutent, le ciel témoin de son innocence: au contraire il n'ouvre la bouche que pour demander leur grâce; et non content de leur pardonner pendant qu'ils le (1) Joan. viii. 46. — (2) Dan. 1x. 24.

(3) Isai. LIII. 12.

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