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le Fils de Dieu : ne crains pas, ce sera bientôt. Cette vie passera bien vîte; elle s'écoulera comme un jour d'hiver, où le matin et le soir se touchent de près : ce n'est qu'un jour, ce n'est qu'un moment, que l'ennui et l'infirmité fait paroître long; quand il sera écoulé, vous verrez alors combien il est court. O quand vous serez dans la vie future!

Mais je gémis dans la vie présente, et je suis accablé de maux. Eh bien! abandonnez-vous à l'impatience : : en serez-vous bien plus soulagé, quand vous aurez ajouté le mal du chagrin, et peut-être celui du murmure aux autres qui vous tourmentent? Profitez du moins de votre misère, de peur que vous ne soyez du nombre de ceux auxquels saint Augustin a dit ce beau mot « Vous perdez l'utilité de vos >> souffrances » : Perdidistis utilitatem calamitatis, et miserrimi facti estis, et pessimi permansistis (1) : « Vous perdez l'utilité de votre misère, vous êtes » devenus misérables, et vous êtes demeurés mé» chans ».

(1) De Civit. Dei, lib. 1, c. xxxIII, tom. vii, col. 30.

III.E SERMON

POUR

LE DIMANCHE DES RAMEAUX,

PRÉCHÉ DEVANT LE ROI.

SUR LES DEVOIRS DES ROIS.

Quelle est la source de la puissance temporelle. Sentimens d'un roi sage qui voit les peuples soumis à son empire. Combien les souverains doivent avoir dans l'esprit la majesté de Dieu profondément gravée. Services que l'Eglise a droit d'attendre des princes chrétiens. Quels sont leurs devoirs, pour faire régner Jésus-Christ sur leurs peuples. Qualités et dispositions qui leur sont nécessaires pour rendre la justice et connoître la vérité.

Dicite filia Sion: Eece Rex tuus venit tibi mansuetus, sedens super asinam.

Diles à la fille de Sion: Voici ton Roi qui fait son entrée, plein de bonté et de douceur, assis sur une ánesse: paroles du prophète Zacharie, rapportées en l'évangile de ce jour. Matth. xxI. 5.

PARMI

ARMI toutes les grandeurs du monde, il n'y a rien de si éclatant qu'un jour de triomphe; et j'ai appris de Tertullien, que ces illustres triomphateurs de l'ancienne Rome marchoient avec tant de pompe,

que, de peur qu'étant éblouis d'une telle magnificence, ils ne s'élevassent enfin au-dessus de la condition humaine, un esclave qui les suivoit avoit charge de les avertir qu'ils étoient hommes: Respice post te, hominem te memento (1).

Le triomphe de mon Sauveur est bien éloigné de cette gloire; et au lieu de l'avertir qu'il est homme, je me sens bien plutôt pressé de le faire souvenir qu'il est Dieu. Il semble en effet qu'il l'a oublié. Le prophète et l'évangéliste concourent à nous montrer ce Roi d'Israël « monté, disent-ils, sur une ânesse » : Sedens super asinam. Chrétiens, qui n'en rougiroit? est-ce là une entrée royale? est-ce là un appareil de triomphe? est-ce ainsi, ô Fils de David, que vous montez au trône de vos ancêtres et prenez possession de leur couronne? Toutefois arrêtons, mes Frères, et ne précipitons pas notre jugement. Ce Roi, que tout le peuple honore aujourd'hui par ses cris de réjouissance, ne vient pas pour s'élever au-dessus des hommes par l'éclat d'une vaine pompe; mais plutôt pour fouler aux pieds les grandeurs humaines; et les sceptres rejetés, l'honneur méprisé, toute la gloire du monde anéantie, font le plus grand ornement de son triomphe. Donc pour admirer cette entrée, apprenons avant toutes choses à nous dépouiller de l'ambition et à mépriser les grandeurs du monde. Ce n'est pas une entreprise médiocre de prêcher cette vérité à la Cour, et nous avons besoin plus que jamais d'implorer le secours d'en-haut par les prières de la sainte Vierge. Ave, Maria.

(1) Apol. n. 33.

LOR

JÉSUS-CHRIST est roi par naissance; il est roi par droit de conquête; il est encore roi par élection. Il est roi par naissance, Fils de Dieu dans l'éternité, Fils de David dans le temps: il est roi par droit de conquête; et outre cet empire universel que lui donne sa toute-puissance, il a conquis par son sang, et rassemblé par sa foi, et policé par son Evangile un peuple particulier, recueilli de tous les autres peuples du monde : enfin il est roi par élection; nous l'avons choisi par le saint baptême, et nous ratifions tous les jours un si digne choix par la profession publique du christianisme. Un si grand Roi doit régner: sans doute qu'une royauté si réelle et fondée sur tant de titres augustes, ne peut pas être sans quelque empire. Il règne en effet par sa puissance dans toute l'étendue de l'univers; mais il a établi les rois chrétiens pour être les principaux instrumens de cette puissance: c'est à eux qu'appartient la gloire de faire régner Jésus-Christ; ils doivent le faire régner sur eux-mêmes; ils doivent le faire régner sur leurs peuples.

Dans le dessein que je me propose de traiter aujourd'hui ces deux vérités, je me garderai plus que jamais de rien avancer de mon propre sens. Que seroit-ce qu'un particulier qui se mêleroit d'enseigner les rois ? Je suis bien éloigné de cette pensée : aussi on n'entendra de ma bouche que les oracles de l'Ecriture, les sages avertissemens des papes, les sentences des saints évêques, dont les rois et les empereurs ont révéré la sainteté et la doctrine.

Et d'abord pour établir mon sujet, j'ouvre l'His

toire sainte pour y lire le sacre du roi Joas (1), fils du roi Joram. Une mère dénaturée, et bien éloignée de celle dont la constance infatigable n'a eu de soin ni d'application que pour rendre à un fils illustre son autorité aussi entière qu'elle lui avoit été déposée, avoit dépouillé ce jeune prince, et usurpé sa couronne durant son bas âge. Mais le pontife et les grands ayant fait une sainte ligue pour le rétablir dans son trône, voici mot à mot, chrétiens, ce que dit le texte sacré : Imposuerunt ei diadema, et testimonium, dederuntque in manu ejus tenendam legem: «Ils produisirent le fils du roi devant tout le >> peuple; ils mirent sur sa tête le diadême et le té» moignage; ils lui donnèrent la loi en sa main, et » ils l'établirent roi ». Joïada, souverain pontife, fit la cérémonie de l'onction: toute l'assistance fit des vœux pour le nouveau prince, et on fit retentir le temple du cri, «< Vive le Roi » : Imprecatique sunt ei, et dixerunt: Vivat Rex (2).

Quoique tout cet appareil soit merveilleux, j'admire sur toutes choses cette belle cérémonie de mettre la loi sur la tête et la loi dans la main du nouveau monarque car ce témoignage que l'on met sur lui avec son diadême, n'est autre chose que la loi de Dieu, qui est un témoignage au prince pour le convaincre et le soumettre dans sa conscience; mais qui doit trouver dans ses mains une force qui exécute, se fasse craindre, et qui fléchisse les peuples par le respect de l'autorité.

Sire, je supplie votre majesté de se représenter aujourd'hui que Jésus-Christ, Roi des rois, et Jésus

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