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cifié ; venez vanter votre honneur du monde à la face de ce Dieu rassasié, soûlé d'opprobres, osez lui soutenir qu'il a tort d'avoir pris si peu de soin de plaire aux hommes, ou qu'il a été bien malheureux de n'avoir pu mériter leur approbation. C'est ce que nous avons à dire aux idolâtres de l'honneur du monde: et si l'image de Jésus-Christ attaché à un bois infâme ne persuade pas leur orgueil; taisons-nous, taisonsnous, et n'espérons jamais de pouvoir persuader par nos discours ceux qui auront méprisé un si grand exemple. Que si nous croyons en Jésus-Christ, «sor» tons, sortons avec lui, portant sur nous-mêmes »son opprobre»: Exeamus igitur cum illo extra castra improperium ejus portantes (1). Si le monde nous le refuse, donnons-nous-le à nous-mêmes; reprochons-nous à nous-mêmes nos déréglemens et la honte de notre vie, et participons comme nous pouvons à la honte de Jésus-Christ, pour participer à sa gloire. Amen.

(1) Heb. XIII. 13.

DISCOURS

A M. LE PRINCE (*).

Le jour que M. le Prince me vint entendre, je parlois du mépris de l'honneur du monde; et sur cela, après avoir fait ma division, je lui dis qu'à la vérité je ne serois pas sans appréhension de condamner devant lui la gloire du monde dont je le voyois si environné, n'étoit que je savois qu'autant qu'il avoit de grandes qualités pour la mériter, autant avoit-il de lumières pour en connoître le foible: qu'il fût grand prince, grand génie, grand capitaine, digne de tous ces titres, et grand par-dessus tous ces titres; je le reconnoissois avec les autres; mais que toutes ces grandeurs qui avoient tant d'éclat devant les hommes, devoient être anéanties devant Dieu: que je ne pouvoiş cependant m'empêcher de lui dire que je voyois toute la France réjouie de recevoir tout ensemble la paix et son altesse sérénissime; parce qu'elle avoit dans l'une une tranquillité assurée, et dans l'autre un rempart invincible; et que nonobstant la surprise

(*) Nous avons trouvé sur une feuille séparée, écrite de la main de Bossuet, ce récit qu'il a fait lui-même, après son sermon, de ce qu'il avoit dit à M. le Prince, (le grand Condé ) qui étoit venu T'entendre sans qu'il l'attendit. Edit. de Déforis,

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de sa présence imprévue, les paroles ne me manqueroient pas sur un sur un sujet si auguste, n'étoit que me souvenant au nom de qui je parlois, j'aimois mieux abattre aux pieds de Jésus-Christ les grandeurs du monde, que de les admirer plus long-temps en sa personne.

En finissant mon discours, le sujet m'ayant conduit à faire une forte réflexion sur les changemens précipités de l'honneur et de la gloire du monde; je lui dis qu'encore que ces grandes révolutions menaçassent les fortunes les plus éminentes, j'osois espérer néanmoins qu'elles ne regardoient ni la personne ni la maison de son altesse: que Dieu regardoit d'un œil trop propice le sang de nos rois et la postérité de saint Louis; que nous verrions le jeune prince son fils croître avec la bénédiction de Dieu et desh ommes; qu'il seroit l'amour de son roi et les délices du peuple, pourvu que la piété crût avec lui, et qu'il se souvînt qu'il étoit sorti de saint Louis, non pour se glorifier de sa naissance, mais pour imiter l'exemple de sa sainte vie. Votre altesse, dis-je alors à M. le Prince, ne manquera pas de l'y exciter et par ses paroles et par ses exemples; et il faut qu'il apprenne d'elle, que les deux appuis des grands princes sont la piété et la justice. Je conclus enfin que se tenant fortement lui-même à ces deux appuis, je prévoyois qu'il seroit désormais le bras droit de notre monarque, et que toute l'Europe le regarderoit comme l'ornement de son siècle : mais néanmoins que méditant en moi-même la fragilité des choses humaines, qu'il étoit si digne de sa grande ame

d'avoir toujours présente à l'esprit, je souhaitois à son altesse une gloire plus solide que celle que les hommes admirent, une grandeur plus assurée que celle qui dépend de la fortune, une immortalité mieux établie que celle que nous promet l'histoire, et enfin une espérance mieux appuyée que celle dont le monde nous flatte, qui est celle de la félicité éternelle.

II.E SERMON

POUR

LE DIMANCHE DES RAMEAUX.

SUR LA NÉCESSITÉ DES SOUFFRANCES.

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Ecole du Calvaire: Mystère des trois croix. Obligation que nous avons de prendre Jésus-Christ pour modèle. Quel est l'esprit de Jésus : : son ardeur pour les souffrances loi qu'il nous en fait par son exemple. Utilité des souffrances montrée dans le voleur qui se convertit à la croix. Nécessité des souffrances pour éprouver, purifier et perfectionner la vertu. Comment la croix peut être tournée par notre malice en un instrument de vengeance. Réflexions qui doivent soutenir les enfans de Dieu au milieu des afflictions.

Per patientiam curramus ad propositum nobis certamen, aspicientes in autorem fidei nostræ et consummatorem Jesum.

Courons par la patience au combat qui nous est propose, jetant les yeux sur Jésus, l'auteur et le consommateur de notre foi. Hebr. xi. 12.

V

oici les jours salutaires où l'on érigera le Calvaire dans tous nos temples, où nous verrons couler les ruisseaux de sang de toutes les plaies du Fils de Dieu, où l'Eglise représentera si vivement, par ses chants, par ses paroles et par ses mystères, celui de sa pas

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