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» tion » Et factus est Dominus refugium pauperi, adjutor in opportunitatibus, in tribulatione (1). Il ne les abandonne pas : pendant qu'il semble abandonner Jésus-Christ, il réconcilie le monde; c'est la gloire de Jésus-Christ : pendant qu'il semble oublier les pauvres, il leur prépare leur récompense; c'est ce qui doit les exciter à la patience.

Raison pourquoi on les méprise: comme impuissans à faire du bien et à faire du mal. Du bien : [qui nous en procure autant qu'eux ]? « Lorsque » Tabithe fut morte, qui la ressuscita, dit saint >> Jean-Chrysostôme? fut-ce les serviteurs qui l'en» vironnoient, ou bien les pauvres qu'elle avoit as»sistés »? Quando mortua est Tabitha, quis eam suscitavit? servi circumsistentes, an mendici (2)? [Et quant au mal qu'ils peuvent faire, écoutez ce que dit] l'Ecclésiastique : « Mon fils, ne privez point le >> pauvre de son aumône, et ne détournez point vos » yeux de lui, de peur qu'il ne se fâche; et ne don» nez point sujet à ceux qui vous demandent, de » vous maudire derrière vous: car celui qui vous » maudit dans l'amertume de son ame, sera exaucé

» dans son imprécation; il sera exaucé par celui qui » l'a créé.... Prêtez l'oreille au pauvre sans chagrin, acquittez-vous de ce que vous devez, et répon» dez-lui favorablement et avec douceur (3) ». Dieu écoute les malédictions des pauvres : il les écoute et les châtie; l'un par justice contre eux; et l'autre par justice contre nous.

Leurs murmures justes: pourquoi cette inégalité

· (2) In Epist. ad Heb. Hom. xi, tom. xu, p. 116.

(1) Ps. IX. 9.-
4, 5, 6, 8.

-(3) Eccli IV.

de conditions? tous formés d'une même boue. Description de cette différence : nul moyen de justifier cette conduite, sinon en disant que Dieu a recommandé les pauvres aux riches, et leur a assigné leur vie sur leur superflu: Ut fiat æqualitas, a dit saint Paul (1); « afin que l'égalité soit rétablie ».

Patience exemple de Jésus-Christ. Contribuons à leur patience en les assistant. « Recommandez » avec soin à vos enfans, disoit aux siens Tobie (2), » de faire des œuvres de justice et des aumônes ». Remarquez l'union de la justice et des aumônes.

(1) II. Cor.vi. 14. — (3) Tob. XIV. 11.

SUR LE JUGEMENT de J.-C. contre LE MONDE. 267

SERMON

POUR LE SAMEDI

DE LA SEMAINE DE LA PASSION.

Comment Jésus a jugé et condamné le monde avec toutes ses va◄ nités. Mépris que son jugement doit nous inspirer de toutes les choses temporelles. De quelle manière nous devons exécuter son jugement sur nous-mêmes et contre nous-mêmes.

Nunc judicium est mundi.

C'est maintenant que le monde va être jugé. Joan. XII. 3,

Ce n'est pas ce jugement qui fera l'étonnement de l'univers, l'effroi des impies, l'attente des justes, que je dois vous représenter; ce n'est pas ce Jésus qui viendra dans les nues du ciel, terrible et majestueux, qui paroîtra dans cette chaire: c'est Jésus jugé devant Caïphe et devant Pilate, Jésus jugé, Jésus condamné; mais en cet état, il juge le monde, et vous le verrez sur sa croix le condamnant souverainement avec ses pompes et ses maximes. O Dieu, donnez-moi des paroles, non de celles qui flattent les oreilles et qui font louer les discours, mais de celles qui pénètrent les cœurs et qui captivent tout entendement sous l'autorité de votre Evangile. Ave, Maria.

Je ne sais si j'enfanterai ce que je conçois, ni si la bonne parole, que le Saint-Esprit me met dans le cœur, pourra sortir avec toute son efficace. Je suis attentif à un grand spectacle; je découvre intérieurement Jésus sur sa croix, condamnant de ce tribunal et le monde et ses maximes : il est occupé de la pensée de sa passion prochaine; « sa sainte » ame en est troublée » : Anima mea turbata est: il semble hésiter: et quid dicam? « et que dirai-je »? A la fin la force prévaut : Pater, clarifica nomen tuum (1): « Mon Père, glorifiez votre nom ». Sur cela, une voix comme un tonnerre [fait entendre ces paroles ]: « Je l'ai glorifié, et je le glorifierai » encore » : Et clarificavi, et iterum clarificabo (2). Au bruit de cette voix, il semble parler avec une nouvelle force, et il prononce les paroles que j'ai récitées: Nunc judicium est mundi (3): « C'est main» tenant que le monde va être jugé »; nous enseignant, par ce discours, que sa croix et sa passion sont le jugement et la condamnation du monde. C'est ce jugement que je vous prêche; et pour vous expliquer en trois mots tout ce que j'ai à vous exposer de ce jugement, je dirai quelle en a été la forme, sur quel sujet il a été prononcé, quelle en doit être l'exécution.

PREMIER POINT.

Le monde établit des maximes: elles ont toutes leur fondement sur nos inclinations corrompues; mais le monde leur donne une certaine autorité, ou plutôt leur attribue une tyrannie contre laquelle (2) Ibid. 28.

(1) Joan. XII. 27.

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(3) Ibid. 31.

les chrétiens n'ont pas le courage de s'élever : ce sont comme des jugemens arrêtés, et qui passent en force de choses jugées. [ Il en est ainsi ] sur les vengeances, sur la fortune, etc.

Jésus-Christ veut condamner ces maximes, et la manière de les condamner est nouvelle et inouie : il se laisse juger par le monde; et par l'iniquité de ce jugement, il infirme toutes ses sentences.

De là il se voit que le monde n'a pas le principe de droiture; et c'est pourquoi ses jugemens, 1.° sont pleins de bizarreries, 2.° n'ont point de stabilité ni de consistance. Mais vous direz que c'est le peuple emporté : voyons ce que le monde juge dans les formes; écoutons le jugement des pontifes et le jugement de Pilate, ceux qu'on appelle les honnêtes gens. Pilate condamne un innocent, afin d'être ami de César : il s'est trompé; sa disgrâce sera marquée dans l'histoire (*), et il y aura une tour qui deviendra fameuse par son exil. Voilà pourtant les honnêtes gens, ceux qui ont de grandes vues pour la Cour et pour la fortune : ils ont mal jugé du Fils de Dieu, et leur ambition les a corrompus, pour leur faire tremper leurs mains dans le sang du juste.

Mais les prêtres et les pontifes ont encore un objet plus haut: ils songent à sauver l'état et l'autorité

(*) Eusébe rapporte que Pilate tomba, sous le règne de Caius, dans de si grands malheurs, qu'il fut contraint d'être lui-même son bourreau. Adon dit que Pilate se tua à Vienne en Dauphiné, où il avoit été relégué pour le reste de ses jours; et telle est encore aujourd'hui la tradition du pays. Voyez Euseb. Hist. Eccles. lib. 11, cap. vi. Adon, Chron. Ætat. Sext. an. Chr. XL. Tillem. Histoir. des Emper. om. 1, pag. 432. Edit. de Déforis.

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