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que abattues, que tes pieds chancèlent dans la droite voie, que l'occasion, le mauvais exemple, ou l'ardeur de la jeunesse te presse, n'oublie pas les gémis

semens de ta Mère: Ne obliviscaris. Souviens - toi des pleurs de Marie, souviens-toi des douleurs cruelles dont tu as déchiré son cœur au Calvaire; laissetoi émouvoir au cri d'une Mère. Misérable, quelle est ta pensée? veux-tu élever une autre croix pour y attacher Jésus-Christ? veux-tu faire voir à Marie son Fils crucifié encore une fois? veux-tu couronner sa tête d'épines, fouler aux pieds à ses yeux le sang du nouveau Testament, et par un si horrible spectacle rouvrir encore toutes les blessures de son amour maternel? A Dieu ne plaise, mes Frères, que nous soyons si dénaturés! laissons-nous émouvoir aux cris d'une Mère.

Mes enfans, dit-elle, jusqu'ici je n'ai rien souffert, je compte pour rien toutes les douleurs qui m'ont affligée à la croix; le coup que vous me donnez par vos crimes, c'est là véritablement celui qui me blesse. J'ai vu mourir mon Fils bien-aimé; mais comme il souffroit pour votre salut, j'ai bien voulu l'immoler moi-même, j'ai bu cette amertume avec joie. Mes enfans, croyez-en mon amour : il me semble n'avoir pas senti cette plaie, quand je la compare aux douleurs que me donne votre impénitence. Mais quand je vous vois sacrifier vos ames à la fureur de Satan; quand je vous vois perdre le sang de mon Fils en rendant sa grâce inutile, faire un jouet de sa croix par la profanation de ses sacremens, outrager sa miséricorde en abusant si long-temps de sa patience; quand je vois que vous ajoutez l'insolence

au crime, qu'au milieu de tant de péchés vous méprisez le remède de la pénitence, ou que vous le tournez en poison par vos rechutes continuelles, amassant sur vous des trésors de haine et de fureur éternelle par vos cœurs endurcis et impénitens; c'est alors, c'est alors que je me sens frappée jusqu'au vif; c'est là, mes enfans, ce qui me perce le cœur, c'est ce qui m'arrache les entrailles.

Voilà, mes Frères, si vous l'entendez, ce que vous dit Marie au Calvaire. C'est de ces cris, c'est de ces paroles que vous entendrez retentir tous les coins de cette montagne, si vous y allez durant ces saints jours. C'est en ce lieu que je vous invite durant ce temps sacré de la passion : c'est là que le sang et les larmes, les douleurs cruelles du Fils, la compassion de la Mère, la rage des ennemis, la consternation des disciples, les cris des femmes pieuses, la voix des blasphêmes que vomissent les Juifs, celle du larron qui demande pardon, celle du sang [qui sollicite miséricorde, celle de vos péchés qui provoque la justice, feront sur vos cœurs des impressions propres à vous faire entrer dans tous les sentimens qu'exigent de vous les grands mystères qui s'opèrent pour votre rédemption; et après en avoir recueilli le fruit et les avoir accomplis en vous, vous en recevrez la consommation dans la gloire, que je vous souhaite. ]

E

II. SERMON

POUR LE VENDREDI

DE LA SEMAINE DE LA PASSION.

SUR LA COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE.

Constance admirable de Jésus sur sa croix : ses dernières dispositions: mystère qu'elles contiennent. Combien l'amitié réciproque du Fils et de la Mère sont inconcevables. Excellence et avantages de l'union très-parfaite de Marie avec le Père éternel: pouvoir de cette Mère sur le cœur de son Fils. Marie, mère commune de tous les fidèles comment elle les a enfantés : quelle est la mesure de son amour pour eux. En quoi consiste la véritable dévotion à la sainte Vierge qui sont les dévots superstitieux, et ceux que Marie reconnoît pour ses enfans.

Dicit Jesus Matri suæ: Mulier, ecce Filius tuus. Deinde dicit discipulo: Ecce mater tua.

Jésus dit à sa Mère : Femme, voilà votre Fils. Après il dit à son disciple: Voilà votre mère. Joan. xix. 26.

Si jamais l'amour est ingénieux, si jamais il produit de grands et de nobles effets, il faut avouer que c'est particulièrement à l'extrémité de la vie qu'il fait paroître ses plus belles inventions et ses plus généreux transports. Comme l'amitié semble ne vivre que dans la compagnie de l'objet aimé;

quand elle se voit menacée d'une séparation éternelle, autant qu'une loi fatale l'éloigne de sa présence, autant elle tâche de durer dans le souvenir. C'est pourquoi les amis mêlent ordinairement des actions et des paroles si remarquables parmi les douleurs et les larmes du dernier adieu, que lorsque l'histoire en peut découvrir quelque chose, elle a accoutumé d'en faire ses observations les plus cu

rieuses.

L'histoire sainte, chrétiens, ne les oublie pas, et vous en voyez une belle preuve dans le texte que j'ai allégué. Saint Jean, le bien-aimé du Sauveur, que nous pouvons appeler l'Evangéliste d'amour, a été soigneux de nous recueillir les dernières paroles dont, il a plu à son cher maître d'honorer en mourant, et sa sainte Mère et son bon ami; c'est-à-dire les deux personnes du monde qu'il aimoit le plus. O Dieu! que ces paroles sont dignes d'être méditées, et qu'elles peuvent servir de matière à de belles réflexions! Car, je vous demande, y a-t-il chose plus agréable que de voir le sauveur Jésus être libéral, même dans son extrême indigence? Hélas! il a dit plusieurs fois que son bien n'étoit pas sur la terre; il n'y a pas eu seulement de quoi reposer sa tête : et pendant qu'il est à la croix, je vois l'avare soldat qui partage ses vêtemens, et joue à trois dés sa tunique mystérieuse; tellement qu'il semble que la rage de ses bourreaux ne lui laisse pas la moindre chose dont il puisse disposer en faveur des siens. Et cependant, chrétiens, ne croyez pas qu'il sorte de ce monde sans leur laisser quelque précieux gage de son amitié.

L'antiquité a fort remarqué (1) l'action d'un certain philosophe (*), qui, ne laissant pas en mourant de quoi entretenir sa famille, s'avisa de léguer à ses amis sa mère et ses enfans par son testament. Ce que la nécessité suggéra à ce philosophe, l'amour le fait faire à mon maître d'une manière bien plus admirable. Il ne donne pas seulement sa Mère à son ami, il donne encore son ami à sa sainte Mère, il leur donne à tous deux ; et il les donne tous deux ; et l'un et l'autre leur est également profitable: Ecce filius tuus, ecce mater tua. O bienheureuse Marie, ces paroles ayant été prononcées et par votre Fils et par notre maître, nous ne doutons pas qu'il ne les ait dites et pour vous consoler et pour nous instruire. Nous en espérons l'intelligence par vos prières; et afin que vous nous fassiez entendre les paroles par lesquelles vous êtes devenue mère de saint Jean, nous vous allons adresser une autre parole qui vous a rendue Mère du Sauveur : toutes deux vous ont été portées de la part de Dieu; mais vous reçutes l'une de la propre bouche de son Fils unique, et l'autre vous fut adressée par le ministère d'un ange qui vous salua en ces termes : Ave, gratiá plena.

PARMI tant d'objets admirables que la croix du sauveur Jésus présente à nos yeux, ce que nous fait remarquer saint Jean- Chrysostôme, traitant l'Evangile que nous avons lu ce matin, est digne, à mon avis, d'une considération très-particulière. Ce grand personnage, contemplant le Fils de Dieu prêt (1) Lucian. Dialog. Toxar. seu Amicit.

(*) Eudamidas de Corinthe.

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