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tre dureté, celles-ci pour confondre votre ingratitude. En un mot, pour surmonter ces remises d'un cœur qui diffère toujours de se rendre à Dieu, j'ai dessein de vous faire entendre les douceurs de son amour attirant, et les menaces pressantes de son amour méprisé.

PREMIER POINT.

Qui me donnera des paroles pour vous exprimer aujourd'hui la bonté immense de notre Sauveur, et les empressemens infinis de sa charité pour les ames? C'est lui-même qui nous les explique dans la parabole du bon pasteur, où nous découvrons trois effets de l'amour d'un Dieu pour les ames dévoyées : il les cherche, il les trouve, il les rapporte. « Le bon » pasteur, dit le Fils de Dieu, court après sa brebis » perdue » Vadit ad illam quæ perierat (1). Vous voyez bien, Messieurs, comme il la cherche; c'est le premier effet de la grâce, chercher les pécheurs qui s'égarent. Mais il court « jusqu'à ce qu'il la » trouve » : donec inveniat eam (2); c'est le second effet de l'amour, trouver les pécheurs qui fuient : et après qu'il l'a retrouvée, il la charge sur ses épaules; c'est le dernier trait de miséricorde, porter les pécheurs affoiblis qui tombent.

Ces trois degrés de miséricorde répondent admirablement à trois degrés de misère où l'ame pécheresse est précipitée; elle s'écarte, elle fuit, elle perd ses forces. Voyez une ame engagée dans les voies du monde; elle s'éloigne du bon pasteur, et en s'éloignant elle l'oublie, elle ne connoît plus son visage, (1) Luc. xv. 4. — (2) Ibid.

elle perd tout le goût de ses vérités. Il s'approche, il l'appelle, il touche son cœur. Retourne à moi, dit-il, pauvre abandonnée; quitte tes ordures, quitte tes plaisirs, quitte tes attaches; c'est moi qui suis le Seigneur ton Dieu, jaloux de ton innocence, et passionné pour ton ame. Elle ne reconnoît plus la voix du pasteur qui la veut désabuser de ce qui la trompe, et elle le fuit comme un ennemi qui lui veut ôter ce qui lui plaît. Dans cette fuite précipitée, elle s'engage, elle s'embarrasse, elle s'épuise, et tombe dans une extrême impuissance. Que deviendroit-elle, Messieurs, et quelle seroit la fin de cette aventure, sinon la perdition éternelle; si le pasteur charitable ne cherchoit sa brebis égarée, ne trouvoit sa brebis fuyante, ne rapportoit sur ses épaules sa brebis lasse et fatiguée, qui n'est plus capable de se soutenir? parce que, comme dit Tertullien, errant deçà et delà elle s'est beaucoup travaillée dans ses malheureux égaremens: Multum enim errando laboraverat (1).

Voilà, chrétiens, en général trois funestes dispositions que Jésus-Christ a dessein de vaincre par trois effets de sa grâce. Mais imitons ce divin pasteur, cherchons avec lui les ames perdues; et ce que nous avons dit en général des égaremens du péché et des attraits pressans de la grâce, disons-le tellement que chacun puisse trouver dans sa conscience les vérités que je prêche. Viens donc, ame pécheresse, et que je te fasse voir d'un côté ces éloignemens quand on te laisse, ces fuites quand on te poursuit, ces langueurs quand on te ramène ; et de l'autre côté ces (1) De Poenit. n. 8.

impatiences d'un Dieu qui te cherche, ces touches pressantes d'un Dieu qui te trouve, ces secours, ces miséricordes, ces condescendances, ces soutiens tout-puissans d'un Dieu qui te porte.

Premièrement, chrétiens, je dis que le pécheur s'éloigne de Dieu, et il n'y a page de son Ecriture en laquelle il ne lui reproche cet éloignement. Mais sans le lire dans l'Ecriture, nous pouvons le lire dans nos consciences: c'est là que les pécheurs doivent reconnoître les deux funestes démarches par lesquelles ils se sont séparés de Dieu. Ils l'ont éloigné de leurs cœurs, ils l'ont éloigné de leurs pensées ils l'ont éloigné du cœur en retirant de lui leur affection. Veux-tu savoir, chrétien, combien de pas tu as fait pour te séparer de Dieu ? compte tes mauvais désirs, tes affections dépravées, tes attaches tes engagemens, tes complaisances pour la créature. O que de pas il a fait, et qu'il s'est avancé malheureusement dans ce funeste voyage, dans cette terre étrangère ! Dieu n'a plus de place en son cœur ; pour l'amour de son cœur, la mémoire, trop fidèle amie et trop complaisante pour ce cœur ingrat, l'a aussi banni de son souvenir: il ne songe ni au mal présent qu'il se fait lui-même par son crime, ni aux terribles approches du jugement qui le menace. Parlez-lui de son péché : Eh bien ! « j'ai péché, dit-il » hardiment; et que m'est-il arrivé de triste (1) » ? Que si vous pensez lui parler du jugement à venir, cette menace est trop éloignée pour presser sa conscience à se rendre: In longum differuntur dies,.... et in tempora longa iste prophetat (2): parce qu'il a

(1) Eccli. v. 4. — (2) Ezech. x11. 22, 27.

oublié Dieu, il croit que Dieu l'oublie, et ne songe plus à punir ses crimes: Dixit enim in corde suo : Oblitus est Deus (1); de sorte qu'il n'y a plus rien désormais qui rappelle Dieu en sa pensée, parce que le péché qui est le mal présent n'est pas sensible, et que le supplice qui est le mal sensible n'est

sent.

pas préNon content de se tenir éloigné de Dieu, il fuit les approches de sa grâce. Et quelles sont ses fuites, sinon ses délais, ses remises de jour en jour, ce demain qui ne vient jamais, cette occasion qui manque toujours, cette affaire qui ne finit point, et dont l'on attend toujours la conclusion pour se donner tout-à-fait à Dieu ? n'est-ce pas fuir ouvertement l'inspiration? Mais après avoir fui long-temps, on fait enfin quelques pas, quelque demi-restitution, quelque effort pour se dégager, quelque résolution imparfaite : nouvelle espèce de fuite; car dans la voie du salut, si l'on ne court, on retombe; si on languit, on meurt bientôt ; si l'on ne fait tout, on ne fait rien; enfin marcher lentement, c'est retourner en arrière.

Mais, après avoir parlé des égaremens, il est temps maintenant, mes Frères, de vous faire voir un' Dieu qui vous cherche. Pour cela, faites parler votre conscience; qu'elle vous raconte elle-même combien de fois Dieu l'a troublée, afin qu'elle vous troublât dans vos joies pernicieuses; combien de fois il a rappelé la terreur de ses jugemens et les saintes vérités de son Evangile, dont la pureté incorruptible fait honte à votre vie déshonnête. Vous ne

(1) Ps. 1x. 34.

voulez

voulez pas les voir, ces vérités saintes, vous ne les voulez pas devant vous, mais derrière vous; et cependant, dit saint Augustin, quand elles sont devant vous elles vous guident, quand elles sont derrière vous elles vous chargent. Ah! Jésus a pitié de vous; il veut ôter de dessus votre dos ce fardeau qui vous accable, et mettre devant vos yeux cette vérité qui vous éclaire. La voilà, la voilà dans toute sa force, dans toute sa pureté, dans toute sa sévérité, cette vérité évangélique qui condamne toute perfidie, toute injustice, toute violence, tout attachement impudique. Envisagez cette beauté, et ayez confusion de vous-même; regardez-vous dans cette glace, et voyez si votre laideur est supportable.

Autant de fois, chrétiens, que cette vérité vous paroît, c'est Jésus-Christ qui vous cherche. Combien de fois vous a-t-il cherchés dans les saintes prédications? il n'y a sentier qu'il n'ait parcouru, il n'y a vérité qu'il n'ait rappelée : il vous a suivis dans toutes les voies dans lesquelles votre ame s'égare; tantôt on a parlé des impiétés, tantôt des superstitions, tantôt de la médisance, tantôt de la flatterie, tantôt des attaches et tantôt des aversions criminelles. Un mauvais riche vous a paru pour vous faire voir le tableau de l'impénitence; un Lazare mendiant vous a paru pour exciter votre cœur à la compassion, et votre main aux aumônes, dans ces nécessités désespérantes. Enfin on a couru par tous les détours par lesquels vous pouviez vous perdre; on a battu toutes les voies par lesquelles on peut entrer dans une ame; et l'espérance et la crainte, et la douceur et la force, et l'enfer et le paradis, et BOSSUET. XIII. 9.

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