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sacerdotes qui canones statuerunt, dicere audeam. Voilà quels doivent être les sentimens des confesseurs. Achevons et disons un mot de la disposition des pénitens.

TROISIÈME POINT.

DEUX dispositions qui semblent contraires, avec lesquelles il faut accomplir sa pénitence; la joie et la douleur : la joie, en considérant non la peine qu'elle nous fait souffrir, mais celle d'où elle nous tire; la douleur amère pour plusieurs raisons: mais nous dirons en particulier une qui regarde la satisfaction. C'est que les confesseurs inclinent toujours à la miséricorde; et quelque soin qu'ils aient de ne se point écarter des bornes d'une juste sévérité, néanmoins l'amour paternel que Dieu leur inspire pour leurs pénitens, et l'expérience qu'ils ont par eux-mêmes de l'infirmité, fait qu'ils penchent toujours beaucoup plus du côté de la douceur. Eh donc ! y a-t-il rien de plus nécessaire que de suppléer le défaut de la peine corporelle par l'abondance de la douleur ? C'est cette douleur qui a appaisé Dieu sur les Ninivites; c'est elle qui, prenant en main la cause de Dieu, a détourné le cours de sa vengeance. Dieu les menaçoit de les renverser, et ils se sont renversés eux-mêmes, en détruisant par les fondemens toutes leurs inclinations corrompues. De quoi vous plaignezvous, ô Seigneur ? voilà votre parole accomplie : vous avez dit que Ninive seroit renversée, elle s'est en effet renversée elle-même. Ninive est véritablement renversée, en tournant en bien ses mauvais désirs: Ninive est véritablement renversée, puisque le luxe de

ses habits est changé en un sac et en un cilice; la superfluité de ses banquets en un jeûne austère; la joie dissolue de ses débauches aux saints gémissemens de la pénitence: Subvertitur planè Ninive, dum calcatis deterioribus studiis in meliora convertitur; subvertitur planè, dum purpura in cilicium afluentia in jejunium, lætitia mutatur in fletum (1). O ville utilement renversée !

Chrétiens, armons-nous de zèle; que chacun renverse Ninive en soi-même. Ville de Metz, que n'estu ainsi renversée? Je désire ta grandeur et ton repos autant qu'il se peut ; et plût à Dieu que je visse descendre sur toi les bénédictions que je te souhaite ! Toutefois ne t'offense pas si j'ose désirer aujourd'hui que tu sois entièrement renversée. Plût à Dieu que je visse à bas et les tables de tes débauches, et les banquets de tes usuriers, et les retraites honteuses de tes impudiques! plût à Dieu que j'entende bientôt cette bienheureuse nouvelle : Toute la ville de Metz est abattue, mais elle est heureusement abattue aux pieds des confesseurs, devant les tribunaux de la pénitence qui sont érigés de toutes parts dans ce temple auguste! Que tardes-tu, ô ville? renverse-toi par la pénitence; cette chute te relevera jusqu'à la gloire éternelle.

(1) S. Eucher. Homil. de pœnit. Niniv. Bibliot. PP. tom. v1, p. 646.

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Qui sont ceux qui négligent la pénitence. Désespoir des pécheurs endurcis : réfutation de leurs vaines excuses. Vertu toute-puissante de la grâce, pour surmonter nos habitudes, et changer nos inclinations. Bonté du Sauveur moyens pour en éprouver les effets. Combien les délices spirituelles de la vie nouvelle surpassent toutes les fausses douceurs des plaisirs sensibles. Dangers de la Cour : comment on peut s'y sauver.

Vides hanc mulierem?

Voyez-vous cette femme? Luc. vii. 44.

MADELEINE, le parfait modèle de toutes les ames réconciliées, se présente à nous dans cette semaine, et on ne peut la contempler aux pieds de Jésus sans penser en même temps à la pénitence. C'est donc à la pénitence que ces trois discours seront consacrés; et je suis bien aise, Messieurs, d'en proposer le sujet pour y préparer les esprits.

Je remarque trois sortes d'hommes qui négligent

la pénitence; les uns n'y pensent jamais, d'autres different toujours, d'autres n'y travaillent que foiblement et voilà trois obstacles à leur conversion. Tous trois méprisent leur conversion véritable : plusieurs, endurcis dans leurs crimes, regardent leur conversion comme une chose impossible, et dédaignent s'y appliquer; plusieurs se la figurent trop facile, et ils la diffèrent de jour en jour comme un ouvrage qui est en leurs mains, qu'ils feront quand il leur plaira; plusieurs, étant convaincus du péril qui suit les remises, commencent; mais la cominençant mollement, ils la laissent toujours imparfaite. Voilà les trois défauts qu'il nous faut combattre par l'exemple de Madeleine, qui enseigne à tous les pécheurs que leur conversion est possible, et qu'ils doivent l'entreprendre; que leur conversion est pressée, et qu'ils ne doivent point la remettre; enfin que leur conversion est un grand ouvrage, et qu'il ne faut point le faire à demi, mais s'y donner d'un cœur tout entier.

Ces trois considérations m'engagent à vous faire voir par trois discours l'efficace de la pénitence, qui peut surmonter les plus grands obstacles; l'ardeur de la pénitence, qui doit vaincre tous les délais ; l'intégrité de la pénitence, qui doit anéantir tous les crimes, et n'en laisser aucun reste. Je commencerai aujourd'hui à établir l'espérance des pécheurs par la possibilité de leur conversion, après avoir imploré le secours d'en-haut. Ave, Maria.

Les pécheurs aveugles et mal avisés arrivent enfin par leurs désordres à l'extrémité de misère qui leur

a été souvent prédite : ils ont été assez avertis qu'ils travailloient à leurs chaînes par l'usage licencieux de leur liberté; qu'ils rendoient leurs passions invincibles en les flattant; et qu'ils gémiroient quelque jour de s'être engagés si avant, dans la voie de perdition, qu'il ne leur seroit presque plus possible de retourner sur leurs pas: ils ont méprisé cet avis. Ce que nous faisons librement, et où notre seule volonté nous porte, nous nous imaginons facilement que nous le pourrons aussi défaire sans peine. Ainsi une ame craintive, qui, commençant à s'éloigner de la loi de Dieu, n'a pas encore perdu la vue de ses jugemens, se laisse emporter aux premiers péchés, espérant de s'en retirer quand elle voudra; et trèsassurée, à ce qu'elle pense, d'avoir toujours en sa main sa conversion, elle croit en attendant qu'elle peut donner quelque chose à son humeur : cette espérance l'engage, et bientôt le désespoir lui succède; car l'inclination au bien sensible, déjà si puissante par elle-même, étant fortifiée et enracinée par une longue habitude, cette ame ne fait plus que de vains efforts pour se relever; et retombant toujours sur ses plaies, elle se sent si exténuée, que ce changement de ses mœurs et ce retour à la droite voie qu'elle trouvoit si facile, commence à lui paroître impossible.

Cette impossibilité prétendue, c'est, mes Frères, le plus grand obstacle de sa conversion : car quelle apparence d'accomplir jamais ce que l'impuissance et le désespoir ne permet plus même de tenter ? au contraire, c'est alors, dit le saint apôtre, que les pécheurs se laissent aller, et que « désespérant de » leurs forces, ils se laissent emporter sans retenue

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