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raisonnée à la loi suprême et un acquiescement de notre esprit à la vérité bien connue, n'est pas également dispensée à tous les hommes, ni à tous les instants de la vie de chaque homme. Elle se proportionne constamment à l'énergie avec laquelle l'individualité s'accuse. La première enfance, la caducité, la maladie, sont des temps de passivité et d'indifférence morale où l'homme ne vit guère que de la vie végétative. Telle peuplade barbare, telle classe même de certaines sociétés qui se croient civilisées, sont à peu près dépourvues d'individualité ou de liberté. Il est encore sur le globe des peuples entiers qui ne connaissent guère d'autre motif d'agir que leur instinct, et dont la réunion porte plutôt le caractère d'uniformité d'une société de castors ou d'abeilles que celui de libre diversité propre aux sociétés humaines. Tout homme resté complétement dépendant de son organisation, dont l'esprit demeure, pour ainsi parler, engagé dans la

matière, ne connaît point la liberté véritable; à cet égard il se montrera quelquefois plus différent d'un autre homme qu'il ne le sera de certains individus favorisés parmi les animaux.

Pour l'être intelligent, au contraire, ces deux termes, loi et vérité, correspondent exactement. Leur complète identité dans l'esprit humain serait l'émancipation sociale et religieuse. Où la conviction règne, il n'y a plus de tyrannie.

Tant que l'âme humaine ne s'est pas délivrée des liens de la nécessité, elle demeure à l'état de l'enfant encore attaché aux flancs de sa mère; elle participe à la vie universelle, mais elle n'a \ point de vie qui lui soit propre. C'est par cette délivrance de nous-mêmes que nous entrons dans l'exercice des droits de notre race et que, pour rappeler l'expression d'un grand docteur, nous devenons citoyens de la cité de Dieu. Là seulement, dans cette noble cité, éclairée d'une permanente lumière, nous posséderons cette paix

supérieure, vainement cherchée au dehors, cette béatitude pressentie qu'aucune volupté ne supplée et qui n'est, en quelque sorte, que l'épanouissement naturel de notre âme dans l'atmosphère idéale de la vérité.

Or, cette délivrance de l'entendement n'est autre chose que l'éveil de la conscience du bien et du mal.

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rien

Sans la connaissance du bien et du mal, la liberté humaine ne trouve pas à s'exercer : ne la détermine; elle sommeille dans une indifférente ineptic, et les instincts bruts gouvernent seuls l'existence. Mais cette connaissance, où la chercher, comment l'acquérir? Connais-toi toimême, répond la sagesse antique. En effet, placé

comme il l'est au sommet de l'échelle des êtres terrestres, la connaissance de soi devient pour l'homme le dernier terme et comme l'accomplissement de la science; car, s'il veut savoir quel il est, se rendre compte de ses besoins et de ses facultés, il est conduit à l'étude de ses rapports avec l'ensemble du monde phénoménal; il ne saurait s'isoler de la terre sur laquelle il marche, des astres qui l'éclairent, de l'air qu'il respire, des animaux et des plantes dont il se nourrit, de tout ce qui protége, menace, attriste ou charme son existence. Son entendement est comme le point d'intersection où se croisent les rayons les plus distants des vérités éparses, et, par un don vraiment divin, la science s'y métamorphose en sagesse. Les anciens le sentaient bien lorsqu'ils nommaient l'homme microcosme; toutes les forces élémentaires ont un rapport direct et des affinités intimes avec lui. Lorsqu'il dilate sa poitrine, il respire en quelque sorte

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