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de races un principe religieux d'émulation et de concours, doit le faire un jour entièrement disparaître (). Il n'est pas difficile cependant d'y répondre. L'histoire du passé nous montre les petites agglomérations se fondre peu à peu dans de plus grandes, et les cercles, en s'agrandissant, éloigner les limites qui les divisent. La famille devient tribu; la tribu, peuplade; la peuplade, nation; les nations à leur tour, réunies par la conquête, forment de vastes empires; et si, comme il arrive dans toutes les opérations de la force humaine, nous voyons des temps d'arrêt, et même des phases malheureuses durant lesquelles la civilisation semble détruire son propre ouvrage, il n'en est pas moins manifeste

les

que principes pacificateurs s'étendent de proche en proche (c) et règnent aujourd'hui, si ce n'est dans les faits, du moins dans les sentiments et dans es dées des gouvernements européens. En ces derniers temps surtout, les découvertes

en tous genres, l'étude comparée des races, des religions, des idiomes primitifs, les applications merveilleuses de la science et de l'industrie, les lois de l'économie politique, mieux comprises, tout converge vers l'unité et vers les notions d'un développement pacifique des sociétés civilisées (bd). Il n'est plus chimérique aujourd'hui de supposer que la puissance des idées détruira le fléau de la guerre (be), et que, les races qui habitent le globe arrivant à se bien connaître, le genre humain, parvenu à ce que la philosophie appellerait la conscience de soi, formera une vaste personnalité, un organisme d'autant plus un qu'il sera plus composé (suivant la loi qu¡ régit tous les organismes), et gouvernera d'un accord commun, se partagera paisiblement, pour la féconder et l'embellir, toute la terre habitable (b).

Soyons justes néanmoins, et observons qu'à certaines époques il est arrivé que des guerres

sanglantes ont agi comme moyens de civilisation. Les grands conquérants ont fait connaître l'un à l'autre des peuples qui s'ignoraient; ils ont placé les nations vaincues sous l'inspiration d'un génie supérieur : Alexandre, César, Napoléon, ces glorieux dévastateurs, en détruisant les choses périssables, ont, à leur insu même, semé des idées immortelles; un mal partiel a déterminé un bien plus général; la mort a engendré la vie.

Mais la civilisation est depuis longtemps en possession de moyens plus prompts, plus efficaces et moins cruels. Guttenberg, cet humble libérateur de la pensée humaine, lui qui a dit aux hommes : Connaissez-vous les uns les autres, ce qui a rendu possible l'accomplissement de la parole du Christ: Aimez-vous les uns les autres, Guttenberg, en donnant au monde un organe nouveau, est le fondateur véritable de cette ère pacifique que l'ordre ancien trouble

encore des dernières convulsions de son agonie, mais dont il ne pourra plus retarder que de bien peu l'avènement complet (9).

Jusque-là cependant la légitime défense d'un pays, le principe de la justice et l'intérêt de la civilisation, qui peuvent en certains cas forcer à l'agression, rendent indispensable l'exercice de l'art de la guerre, dont je trouve cette définition excellente dans l'œuvre d'un illustre maréchal «L'art de la guerre est l'ensemble des connaissances nécessaires pour conduire une masse d'hommes armés, l'organiser, la mouvoir, la faire combattre, et donner aux éléments qui la composent leur plus grande valeur, tout en veillant à leur conservation1. >>

Il ne peut pas entrer dans mon plan de m'étendre sur l'art de la guerre; je ferai seulement observer que les plus considérables autorités

1 Marmont, Esprit des institutions militaires.

dans cet art, où tout semble fondé sur la discipline et l'obéissance passive, attestent combien l'amour du soldat pour son chef, la confiance, née de la persuasion qu'il est bien conduit, c'est-à-dire cette partie de lui qu'il donne librement, exercent d'action sur le gain des batailles (h). Il est notoire aussi que, dans cette société artificielle qu'on appelle une armée, la solidarité de tous dans une constante communauté de dangers, d'intérêts, de gloire, multiplie les affections tendres, généreuses, et porte aisément les hommes à des actes héroïques exemple frappant et trop peu médité de l'ennoblissante influence de la vie collective!

Mais la permanence des armées est une charge pour l'État, un péril pour la liberté, et jette une grande perturbation dans l'organisation sociale; car, en temps de paix, rien de moins naturel dans un pays que la présence d'une multitude

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