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dite et infatigable; mais, en bibliographie, comment parvenir à ne rien laisser échapper?

Nous allons transcrire ici (comme échantillon de ce que possèdent les dépôts littéraires d'un pays que, jusqu'à présent, la science a peu exploré) la liste des Mss. que renferme une bibliothèque de Messine, celle degli Studii. (Voir un article de Fleck, dans la Gazette littéraire de Leipsick, 1833, no 36, p. 308-310.)

Extraits de l'Ancien Testament, en grec. Mss. sur vélin, in-4 imparfait; il paroît du xe siècle.

Bible grecque, avec une préface d'Eusèbe; vélin ín-4, xe siècle. Hésiode, avec des scolies qui paroissent inédites; vélin, in-4, XIe siècle.

Épitres de saint Grégoire, pape, cum notis variorum.

Élémens de géométrie d'Euclide et optique, Ms. grec moderne. Règlemens et arrêtés du monastère de la Charité, à Messine (en latin et en sicilien).

Les Éthiques d'Aristote, traduction latine de Léonard Arétin; vélin, in-4, xv siècle.

Vies des Hommes illustres de Plutarque, Ms. latin du XIe siècle; incomplet de la fin.

Psautier latin; vélin, in-4.

Vie de saint François en latin; in-fol., xve siècle.

Comédies de Térence; vél. in-8, écrit en 1446.

Traité de la Sphère de J. de ISaco Busco; à la suite une Vie du

pape Grégoire; vélin, in−4.

Evangile de saint Matthieu, avec des scolies; vélin, in-4.

Juvénal, Ms. peu ancien.

Le Livre des Roses, Ms. mystique en sicilien; vélin, in-8.
F. Cascio; guerres civiles de Messine.

G. B.

SUR LES PATOIS.

Dans un temps où les patois s'altèrent, où les grands changemens survenus dans notre organisation et nos relations sociales tendent, de jour en jour, à les modifier davantage; dans un temps où on peut considérer comme prochaine l'époque à laquelle les idiomes, comme les costumes provinciaux, auront disparu complétement, il étoit naturel que l'attention des amateurs se fixât sur les derniers débris d'une littérature qui va s'éteindre. C'est sans doute pour cette raison que nous voyons, depuis plusieurs années, les ouvrages en patois, jusque-là négligés, tombés au dernier rang des bouquins les plus oubliés, attirer vivement l'intérêt des hommes studieux : ils en exhument de curieux renseignemens sur les mœurs, sur les idées populaires du temps; ils recherchent des locutions vives, énergiques, pittoresques.

Les travaux des Oberlin, des Champollion, des Fallot, des Peignot, des Nodier, des Colomb de Batines sont là pour attester quelle mine féconde offrent ces champs, auprès desquels la muse académique passoit sans les honorer d'un regard. Les bibliomanes (ce ne sont pas toujours des bibliographes) se sont aussi épris d'une subite passion pour ces malheureux livrets, dont le sort étoit de périr victimes des accidens d'un ménage d'ouvriers, ou délaissés dans un coin d'une obscure chaumière. En effet, quelques feuillets mal imprimés, à peine cousus, défigurés par les fautes d'impression les plus inouïes, où l'orthographe est plusieurs fois outragée dans chaque ligne, où jamais la ponctuation ne se montra, voilà, en général, quels sont ces opuscules, dont on ne connoît souvent qu'un ou deux exemplaires et qui atteignent, dans certaines ventes, des prix exorbitans qui suffiroient presque à payer une collection complète du Moniteur (1). Il faut pourtant convenir qu'il s'agit d'exemplaires dont l'embellissement a mis à contribution l'habileté de nos

(1) Les fanfares et courvées abbadesques, Chambéry, 1613, ont été payées, en 1830 (vente Nodier), 500 fr., et en 1837 (vente Bignon) 200 fr.; et ce même livre avoit été vendu 13 fr. chez Gaignat en 1769, et 10 fr. chez Lavallière, en 1780.

premiers relieurs, et que l'affection d'un heureux propriétaire a revêtus d'un maroquin éblouissant, ou d'un cuir de Russie embaumé.

C'étoit donc faire une chose qui n'est pas sans importance et sans agrément pour une certaine classe de lecteurs que de tenter de remettre dans la circulation quelques-uns de ces ouvrages que bientôt, malgré beaucoup de recherches, de temps et d'argent, on pourroit bien finir par ne plus rencontrer, et nous devons de la reconnoissance à un amateur qui, tout en désirant garder l'anonyme, a consacré ses loisirs à réunir dans un petit volume des fragmens de ces curieuses productions (1). Se bornant à des compositions poétiques, il a cherché à jeter de la variété dans ses extraits et il fait passer, sous les yeux du lecteur, des citations en bourguignon, en auvergnat, en savoyard, en languedocien, en provençal, en breton, en franc-comtois, en périgourdin, etc., souvent piquantes et d'une originalité singulière; ces fragmens sont très intéressans sous le rapport de la linguistique.

A l'exception d'un ou deux opuscules anciens et d'une rareté excessive, l'auteur n'a pas cru devoir reproduire, en totalité, des pièces dont la réunion auroit fini par faire un très-gros volume, où se seroient trouvées bien des pages dont peu de personnes auroient osé braver la lecture. Les imitations de Virgile, en plusieurs idiomes, les noëls, une traduction à peu près inconnue du Misanthrope de Molière, un débat vraiment curieux entre le dieu de Lampsaque et le fils de Sémélé, des comédies que se disputent les amateurs lorsqu'il en surgit, de loin en loin, un exemplaire. Tout cela a été transcrit ou analysé, et chaque fois que vient le tour d'un nouvel ouvrage, une courte indication bibliographique lui est con

sacrée.

Nous avons lu avec un véritable intérêt la Farsa de Jouannou, 1594, et du Guemen d'Uchard, 1615, déjà si rare du temps de Falconet, que cet infatigable collecteur fut obligé de se contenter d'en avoir une copie manuscrite. Nous recommandons à l'attention des curieux les extraits de ces Fanfares et courvées abbadesques, célèbres dans les fastes de la bibliomanie, et une pièce en patois bourguignon, dont nous préférons ne pas rapporter le titre et que

(1) Recueil d'opuscules et de fragmens en vers patois extraits d'ouvrages devenus fort rares, in-16, 180 pages. Paris, Techener. (Tiré à 120 exempl.)

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l'éditeur n'a pas cru devoir transcrire d'un bout à l'autre; les citations qu'il fait suffiront pour motiver ses scrupules au sujet des passages qu'il a supprimés.

Nous aurions bien quelques critiques à adresser à M. G. B.; nous aurions aimé à trouver chez lui un glossaire qui auroit pu être fort utile et dont, comme nous, il sent la nécessité; nous savons qu'il s'occupe de ce travail, mais qu'il le juge bien loin encore du degré de perfection auquel il ne désespère pas de l'amener. Plusieurs opuscules qui auroient ajouté un prix réel à son recueil n'y figurent pas (1), et il en donne une raison qui prouve bien l'importance qu'il y a à les rechercher; c'est qu'il a fouillé, sans les rencontrer, toutes les bibliothèques publiques de Paris. Espérons que l'heureux détenteur de ces introuvables se décidera à les faire réimprimer, ou que le hasard favorisera M. G. B. si, comme nous l'engageons à le faire, il se remet à leur poursuite avec une ardeur nouvelle, et nous lui signalerons, en passant, un curieux volume qui paroît lui avoir échappé, car il n'en fait nulle mention dans ce qu'il dit au sujet des manuscrits en patois de la bibliothèque du roi; c'est un petit in-folio de 328 pages (supplément français, n° 1523, 4), intitulé Prouerbios et santanços prouencalos; il mérite examen. Enfin un censeur rigoureux pourroit peut-être encore le blâmer au sujet de quelques notes qui ne se rattachent guère à l'objet de la collection; mais ces notes occupent si peu de pages, elles indiquent une érudition si variée, que, bien que nous puissions dire à leur occasion, non erat hic locus, nous avouons que nous les avons lues avec plaisir et curiosité, et nous espérons que les lecteurs partageront notre opinion, ne fût-ce qu'en lisant celle par laquelle M. G. B. rappelle à ceux qui le savent, et apprend à ceux plus nombreux qui l'ignorent, que Kircher (2) et Heilscher (3) ont établi qu'Adam étoit auteur et bibliophile, que Reimann (4) a indiqué

(1) Les Noëls et chansons françoises et savoisiennes de N. Martin. Lyon, pet. in-8, 1556. La Margalide gascove de Larade. Tolose, in-12, 1604. Les grands Noëls nouveaux en françois, en poitevin et en escossois. Paris, in-8, sans date, gothique. La confession générale de frère Olivier Maillard en lan guatge de Tolosa (s. l. n. d.), in-8 goth.

(2) OEd. Ægypt., tom. 11, p. 1.

(3) Schediasma de bibliothecâ Adami. Dresde, 1711.

(4) Hist. litt. antediluviana. Halæ, 1909 in-8.

les livres que Noé emporta dans l'arche, que Vockerodt (1) et Mader ont démontré que Cain et Enoch étoient membres de l'Institut, etc.

M. G. B. est instruit, il apprécie l'étendue de la carrière qu'il commence à parcourir, il devine les difficultés qu'il rencontrera sur sa route; mais il est jeune, qu'il travaille; qu'il s'efforce, de ne jamais s'écarter des règles d'une exactitude rigoureuse, qu'il nous donne ce Cours de littérature patoise, dont il apprécie si judicieusement toute l'importance, et nous osons lui prédire que les hommes qui se livrent à l'étude dés idiomes provinciaux applaudiront à ses efforts et lui auront peut-être un jour des obligations réelles. Sa lettre à M. de *** sur les ouvrages écrits en patois (2), que nous l'avons entendu. d'ailleurs juger plus sévèrement que qui que ce soit, prouve mieux que de la bonne volonté, et nous croyons que le petit volume qu'il vient de mettre au jour n'est pas indigne de rencontrer un accueil favorable; il est d'ailleurs imprimé avec soin, ce qui ne veut pas dire qu'il soit exempt de ces fautes typographiques, tourmens d'un malheureux auteur, et qui ont fourni à M. Nodier un de ces charmans articles que tous les abonnés du Bulletin lisent, relisent, apprennent par cœur et relisent encore. Dr J. F. P.

(1) Hist. societ. litterar. ante diluvium. Ienæ, 1687, in-8.
(2) 1839, in-8, 68 pages. Tiré à petit nombre, chez Techener.

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