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échappé à tous les éditeurs précédens. M. Petzholdt a publié un opuscule inédit de Grégoire de Corinthe sur le dialecte de Sappho, et M. Jahn un ouvrage grammatical de Jean Glycas, avec des notes et une introduction très- judicieuses. On doit enfin à M. Cramer les pièces grammaticales publiées dans ses Anecdota, et à M. Kaycer les fragmens d'un ouvrage curieux de Philostrate de Gymnastica.

La littérature épigraphique s'est enrichie d'une foule de travaux dont nous n'indiquerons que trois tout à fait hors ligne. Celui de Boeckh, Pièces diplomatiques sur la marine d'Athènes; ouvrage volumineux, où l'on trouve la rectification d'une infinité de noms propres employés dans Démosthènes et autres auteurs, et corrompus par les copistes; les Lettres archéologiques, si savantes et si fortes de critique, de M. Raoul-Rochette sur la peinture des anciens, et l'Epigraphie de Frank. Quant à la littérature chrétienne grecque, nous en avons déjà dit quelque chose en parlant des productions théologiques. Nous considérons surtout ici les ouvrages qui s'en sont occupés sous le rapport philologique. A la grande édition du Nouveau Testament, par Scholz, a succédé celle de M. Tischendorf, qui, dans une longue discussion, a signalé plusieurs erreurs fondamentales de Scholz, et a posé des principes sur la critique du Nouveau Testament, qui donnent à croire qu'il aura avancé cette grande entreprise. Il a émis des idées fort saines sur les recensions du Nouveau Testament, qui porteront probablement leurs fruits. Cette année a vu de plus l'achèvement de l'édition de saint Jean Chrysostôme, améliorée et augmentée d'après les mss.; le Théodorète, déjà cité, de M. Gaisford; la Catena Patrum, sur les Épîtres catholiques et l'Apocalypse, par M. Cramer; les poésies de Grégoire de Nazianze, par l'abbé Caillau; le Basilius Plotinizans, de Jahın, remarquable en ce qu'il prouve que saint Basile a copié un grand morceau de Plotin; ce qui porte à croire que dans ce Père on peut rencontrer parfois des fragmens d'une plus ancienne origine; les sermons inédits attribués à saint Jean Chrysostôme, par Becher, et, qui, ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, sont remarquables par la diction et par une manière assez philosophique, et bien supérieure, dans tous les cas, à la presque totalité des Spuria contenus dans l'édition de Montfaucon. Nous mentionnerons enfin avec de grands éloges les notes de M. Dubner sur la Cité de Dieu,

de saint Augustin, et la révision qu'il en a faite sur huit manuscrits des plus anciens. Il y a beaucoup de choses nouvelles dans ce volume.

La littérature grecque et latine a aussi fourni plusieurs ouvrages généraux, tels que l'Histoire de la Poésie grecque, par Bode, ouvrage très-savant et très-complet, quoique l'auteur manque du talent nécessaire pour bien tracer les caractères des grands auteurs ; mais l'indication des sources et leur historique y sont rappelés avec exactitude (il a paru les quatre volumes qui terminent la poésie dramatique); deux forts volumes de Welcker, qui traitent des fragmens des tragédies perdues de Sophocle et d'Euripide, et qui, par un vaste savoir et un grand talent de combinaison, en montrent les sujets et l'économie présumable; la Chronologie des pièces d'Euripide, publiée par M. Zirndorfer, ouvrage très-bien fait et contenant beaucoup de choses neuves, entre autres les allusions politiques d'Euripide; l'ouvrage d'Ulrich sur les anciens historiens de la Grèce, qui paraît plus brillant que profond, mais qui, du reste, fait preuve de talent, et l'excellent travail de Grauest sur la poésie épique des Romains.

La littérature latine, quoique moins cultivée que les lettres greeques, ne laisse pas d'avoir aussi provoqué la critique des philologues. M. Alschefski a contribué à avancer la correction critique de Tite-Live, qui est loin d'être achevée. Pour chaque décade, les sources sont différentes, et on fera bien d'achever d'abord le travail sur la troisième, d'après le manuscrit en onciales de la bibliothèque du roi, les documens pour les autres n'étant pas aussi anciens. Boetticher a traité les passages de Tite-Live qui se rapportent à l'histoire de Syracuse, avec une critique et un savoir bien rares. Si nous ajoutons à tout ce qui précède l'indication de quelques travaux sur les grammairiens latins, nous aurons un tableau à peu près complet de toutes les richesses philologiques que l'année a vues paraître. M. Gaisford a publié les Scriptores rei mettricœ latini, inédits. De la collection de Lindemann, il a paru le Charisius, bien amélioré d'après la collation que Niebuhr a faite à Naples. Le Festus a de même été revu sur le fragment de Naples, par O. Müller, qui y a ajouté un commentaire plein de résultats nouveaux. Celui de M. Egger contient aussi de bonnes choses. Enfin on doit à M. Osann l'éclaircissement de beaucoup de points de l'histoire littéraire des grammairiens latins, qu'il a insérés dans le second vo

lume de ses Analecta. N'oublions pas une publication récente qui fait tant d'honneur à la science françoise, la Vie d'Horace, par M. le baron Walckenaer, déjà célèbre par un travail du même genre sur notre illustre fabuliste, et qui, par la sûreté de sa critique et la profondeur de son érudition, semble éminemment destiné à ce rôle d'historien littéraire.

Littérature moderne. Nous ne désirons donner à ce titre que la signification qu'il a reçue dans notre Revue. Nous en avons restreint le sens, en retranchant de notre cadre les romans, les poésies et les productions dramatiques, non pas, répétons-nous avec empressement, que nous voulions formuler des jugemens et des exclusions défavorables; mais nous avons pensé que cette partie si féconde de la littérature obtenoit dans toutes les voies de la publicité un accueil et une attention qui pouvoient nous permettre de diriger exclusivement la nôtre vers des genres trop négligés juqu'ici. Sous ce titre de Littérature moderne, nous allons donc dire quelques mots des matières et des ouvrages qui nous ont surtout préoccupés. Réglons promptement ce qui concerne la littérature étrangère; car la plus grande importance appartient ici, sans conteste, à notre pays. Il a pour lui le plus grand nombre des productions et les ou vrages les plus considérables. En Allemagne, nous avons distingué l'Histoire de sa Littérature poétique nationale, depuis les premières traces jusqu'au treizième siècle, par M. Gervinus; le Recueil des Proverbes et Sentences du peuple allemand des temps anciens et modernes; le Recueil des poésies populaires des Grecs modernes comparées aux chants populaires des anciens Grecs, par M. Firmenich; l'Essai de physiologie du langage, avec développement historique des idiomes occidentaux, d'après des principes physiologiques, par le docteur Rapp, et une remarquable suite de travaux de tout genre sur la constitution et les caractères particuliers des principales langues de l'Europe. L'Italie s'est signalée par l'apparition de l'ouvrage de M. le comte Balbe, consacré à l'examen de la littérature, pendant les onze premiers siècles de l'ère chrétienne : ce n'est point une histoire de cette littérature, mais une manière nouvelle et féconde de la considérer. L'ouvrage a été traduit en françois par M. l'abbé Martigny. Nous avons remarqué encore la bibliographie des romans et des poëmes de chevalerie italiens, de M. Melzi, guide assuré pour tous ceux qui veulent être initiés aux trésors de la littérature italienne. M. Bonafous, qui

honore à tant de titres sa patrie, a su rendre en vers gracieux et exacts le remarquable poëme latin de Vida, sur la soie. Nous ne comptons pas toutes les éditions nouvelles et nombreuses des littérateurs dont l'Italie s'enorgueillit; elle possède une réunion d'écrivains dont elle a certes le droit d'être fière. Comme tant d'autres nations, sa gloire littéraire peut sembler aujourd'hui déchue, mais elle montre qu'elle a toujours au même degré le goût du noble et du beau, par l'ardeur pieuse avec laquelle elle étudie ses modèles.

L'Angleterre a peu de choses à nous offrir; toutefois elle aussi porte à ses modèles un culte qui n'est point dans l'essence de notre esprit, car nous sommes impatiens de tout joug, même de celui de l'intelligence et du génie, mais qui sied éminemment à son caractère régulier, hiérarchique et fanatique de ses gloires nationales. Milton, Shakspeare, Pope, Dryden, sont constamment l'objet de dissertations et de commentaires intéressans. Quant aux productions originales, depuis Walter Scott, qui avoit élevé le roman à la dignité de l'histoire, la littérature semble être retombée dans les plus infimes degrés du roman. Il s'en faut toutefois que ce jugement soit sans exception, et nous pourrions citer des productions inspirées par l'imagination ou l'érudition modernes, qui protestent, avec d'autant plus d'évidence qu'elles sont rares, contre cette torpeur : nos lecteurs se les représentent suffisamment. Dans les langues du Nord, il commence à se faire quelques travaux qui bientôt nous permettront de juger, en plus entière connoissance de cause, l'état et la valeur de leur littérature. Un ouvrage qui ne contribuera pas peu à amener ce précieux résultat est l'Histoire de la poésie scandinave, par M, Edelestand du Méril, qui nous a donné la poétique de ce peuple, la traduction et l'explication de ses principaux chants. Le plus naturel et le plus juste rapprochement amène ici le nom de notre courageux et savant compatriote M. Marmier, qui semble s'être voué à la découverte intellectuelle de l'Islande, et qui nous a déjà donné de si précieux travaux sur la littérature et l'histoire de cette contrée.

Les belles-lettres françoises ont partagé, depuis vingt ans, cette recrudescence que l'on a remarquée dans les recherches historiques; et, en effet, c'est à ce goût pour les manuscrits anciens que l'on a dû une branche nouvelle de littérature : nous voulons parler de cette poésie du moyen âge, longtemps dédaignée et ignorée,

mais littérairement réhabilitée aujourd'hui par les travaux critiques et les savantes éditions des Raynouard, des Paris, des Michel, et de tant d'autres érudits, leurs élèves et quelquefois leurs émules. Nous ne pouvons entrer ici dans des discussions sur le plus ou moins de valeur réelle de cette littérature. La question qui la concerne n'a pas encore été examinée d'une manière générale et complète, sans enthousiasme comme sans dénigrement. On préfère, pour le moment, mettre les monumens en lumière. L'ensemble de l'histoire critique et littéraire ne peut venir qu'après ce dépouillement préparatoire; mais, une fois les matériaux bien connus, nous sommes sûrs que l'historien ne manquera pas à la mission qui l'attend. Un savant entre tous, par son goût inné et ses connoissances spéciales, nous semble destiné à remplir ce rôle. On pense que nous voulons désigner M. Paulin Paris; et nous ne cesserons de lui rappeler que ses succès dans cette voie sont un engagement pour lui de doter la littérature du moyen âge de cette histoire qu'elle réclame impérieusement. En attendant, M. P. Paris poursuit la publication de son ouvrage sur les Manuscrits françois de la bibliothèque du roi; et, par des notices toujours exactes, savantes, souvent développées en forme de dissertations, il fait bien connoître la plupart de ces précieux monumens littéraires, qui ne sont consultés que d'un petit nombre d'érudits. Son dernier volume est surtout remarquable par l'analyse de plusieurs romans ou chansons de geste, aussi curieuses que peu.connues; il en donne beaucoup d'extraits, mais aucune en entier. M. Edward le Glay a voulu publier d'une manière complète le roman de Raoul de Cambray, l'un des plus anciens du cycle carlovingien, et il l'a fait avec toute la critique et l'érudition d'un homme déjà exercé.

Le savant et infatigable M. Francisque Michel a ajouté à ses nombreux travaux la publication de la Manekine et du tournoi de Ham. On doit à M. Bourdillon la traduction du poëme de Roncevaux, et M. de Martonne, connu par son édition de Parise la duchesse, a jeté une analyse préparatoire d'un autre roman des Douze Pairs, Aye d'Avignon, dont il prépare la publication. On se souvient de celle qui a été faite de la Nancéide par M. Schütz. Ce poëme latin, de Pierre de Blarru, donne sur la guerre de Nancy et la mort de Charles le Téméraire des détails d'un haut intérêt. Des études qui méritent encore tout l'accueil des amateurs de notre ancienne littérature sont celles de M. Gustave Brunet, sur les patois

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