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Aspide quid pejus? Tigris; quid Tigride? Dæmon;
Dæmoni quid? Mulier; quid Muliere? Nihil.

Ailleurs on lit un reproche adressé aux Allemands sur leur goût pour la boisson...

Germani cunctos possunt tolerare labores;

Outinam possint tum bene ferre sitim.

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Mais l'habitant des bords de l'Elbe ou du Rhin riposte:

Bacchus Germanos vexat, sed fœmina Gallos;

Dic mihi quid gravius vulva vel urna nocet.

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La fameuse histoire du frère Bacon, contenant les choses merveil leuses qu'il fut dans sa vie et le récit de sa mort, avec l'histoire des deux sorciers Bungie et Vandermast, 1661. Tel est le titre d'un ouvrage populaire anglais, plusieurs fois réimprimé, et peut-être est-ce aux événemens de la campagne de 1814 que je dois d'en avoir trouvé un exemplaire dans la capitale du Languedoc, où l'on ne devait guère s'attendre à le rencontrer. La première édition de cet ouvrage curieux parut à Londres au commencement du xvIe siècle (4° goth, sans date); les réimpressions modernes sont tronquées, mais le texte est reproduit sans retranchement dans les miscellanea antiqua anglicana (Lond. 1814 22. 4°) et dans la collection de Thoms (early prose romances, 1828, 3 vol. 8°). Ces ouvrages sont à peine connus en France, je puis donc esquisser une analyse de ce moult délectable récit.

Il est d'abord question de la naissance et des parents du frère Bacon; il étudie avec ardeur et il est présenté au roi et à la reine; il leur fait voir des choses merveilleuses et il s'occupe ensuite de sauver un gentilhomme qui s'était vendu au diable pour un somme d'argent; c'est long et pénible. Il construit une tête de bronze qui parlait et qui devait lui servir à entourer l'Angleterre d'une muraille de même métal, projet que la stupidité de son domestique fait échouer; il se rend promptement, grâce à son art, maître d'une ville que le roi avoit en vain assiégée pendant trois mois; il triomphe du magicien allemand Vandermast qu'il fait rapporter en Westphalie par un esprit, et qui envoie un soldat pour assassiner Bacon, échappé miraculeusement à ce danger. Notre héros sauve la vie à trois frères qui étoient au moment d'en

venir aux mains au sujet de l'héritage de leurs parents; des voleurs essayent de l'arrêter, une force surnaturelle les oblige à courir en dansant, malgré eux, à travers champs et fossés pleins d'eau et de boue, au son d'une musique diabolique. Remarquons, en passant, que Bacon ne se sert de son pouvoir surnaturel que dans des vues louables et méritoires, et il traite souvent fort cavalièrement les autorités de l'enfer. Un gentilhomme étoit épris de la fille d'un de ses voisins et étoit payé de retour; le père de la jeune personne, profitant d'une absence de l'amant, vouloit la forcer à se marier à un autre et l'union allait se célébrer; Bacon vit tout cela par le moyen d'un miroir magique où se retraçait tout ce qui se passait à 25 lieues à la ronde ; il s'assit, avec le gentilhomme, sur une chaise enchantée qui les transporta, à travers les airs, dans la chapelle où allait s'effectuer le mariage. Le chapelain allait dire le fatal conjungo; Bacon lui paralyse la langue, fait survenir un tel brouillard que personne n'y voit à un pas devant soi, prend la belle par la main, la mène à celui qu'elle aimé, bénit leur union et s'en va avec eux, laissant le père, le prétendu désappointés, et le reste de la compagnie errer à tâtons pendant 24 heures encore.

Ses ennemis Vandermast et Bungie se prirent un jour de querelle entre eux et se portèrent des défis; ils se rendirent en rase campagne pour voir lequel des deux l'emporterait sur l'autre; chacun trace un cercle à quelque distance de celui de son adversaire. Vandermast fit paraître un dragon qui courut, en vomissant des flammes, autour du cercle de Bungie; celui-ci, en danger d'être consumé, opposa à son antagoniste le monstre marin qui fut jadis sur le point de dévorer Andromède et qui lançait des torrens d'eau. Exposé à être noyé, Vandermast évoqua Persée qui combattit et tua le monstre, tandis que Bungie appeloit à son secours un esprit qui, sous les traits de saint George, fit tomber le dragon sous ses

coups.

Les deux rivaux eurent, chacun de leur côté, recours à des esprits qui leur promirent la victoire, à condition de recevoir trois gouttes de sang tirées du bras gauche. Ils y souscrivent: Bungie fait alors apparaître Achille à la tête des Grecs; Vandermast lui oppose Hector avec une armée troyenne. Un combat furieux s'engage; Hector est tué, mais survient alors une tempête des plus effroyables; le démon, maître des deux magiciens par suite de l'imprudence qu'ils avoient commise, leur tord le cou, emporte leurs âmes et

laisse là leurs cadavres que l'on trouva par terre horriblement défigurés et brûlés quand l'orage fut passé.

Frère Bacon finit par renoncer au sortilége; il brisa son miroir magique, fit un grand feu de ses livres, se consacra à l'étude de la théologie et vécut encore deux ans comme anachorète, sans sortir d'une cellule faite dans la muraille de l'église; il recevoit ses alimens par une petite croisée, qui lui servait aussi à s'entretenir avec ceux qui venoient le consulter; il creusa avec ses ongles la fosse où il fut déposé.

R. Greene puisa dans ces contes le sujet d'une comédie qui, imprimée en 1594, a reparu 5 ou 6 fois.

Des fables dictées par l'ignorance et adoptées par le vulgaire se sont ainsi attachées à la vie de quelques hommes de génie que la crédulité s'est plu à doter d'une puissance surnaturelle. Il n'est pas surprenant que Roger Bacon, qualifié avec tant de justice par ses contemporains du titre de docteur admirable, ne fût transformé en sorcier; il s'éleva au-dessus des connaissances et des erreurs de son siècle, il fut probablement l'inventeur de la poudre à canon, et on le fit asseoir à côté de Virgile sur le banc des magiciens (1).

(1) On pent lire sur Roger Bacon un article fort intéressant de M. Delécluze, dans la Revue françoise, mai et juin 1839, tom. XII, pp. 201-244.

J'ai parlé des faicts merveilleux de Virgile dans une note de mon petit extrait du roman des Sept Sages de Rome (1839, pp. 35-40), et je travaille à achever un mémoire sur l'origine et le degré d'antiquité de cette histoire fabuleuse, ainsi que sur les diverses manières dont elle a été racontée.

On sera peut-être curieux de voir le chantre d'Énée arrêter une armée qui monte à l'escalade, et faire rester les assaillans un pied en l'air; on apprendra qu'il fit un homme de cuivre qui, monté sur un cheval de même métal, parcouroit toutes les nuits les rues de Rome, assommant avec un fléau de fer tous ceux qui n'étoient pas rentrés chez eux au signal que leur donnoit une cloche qui sonnoit tous les soirs à dix heures.

J

Nous avons cherché à réunir toutes les citations éparses dans les vieux écrits, et relatives à la légende de Virgile; ce n'est pas ici le lieu de les donner, nous allons seulement transcrire un passage de l'Amoureux passe-temps déclaré en joyeuse poésie. (Lyon, B. Rigaux, 582, in-16.) '

Virgile une fillette aima

A Rome, et comme femmes font

Pour son amy la réclama.

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M. le chevalier G. Gazzera, conservateur de la bibliothèque publique de Turin et secrétaire de l'Académie des sciences de Piémont, savant non moins distingué par ses connaissances que par son affabilité, a publié, il n'y a pas longtemps un volume relatif à l'immortel Torquato Tasso. Il donne quelques détails intéressants relatifs à la biographie et aux écrits du chantre d'Armide et il publie pour la première fois un trattato della dignita, morceau de 16 pages, deux lettres assez longues où Tasse discute le plan de son épopée, deux octaves qui n'avoient point été imprimées et des variantes relatives au poëme, il mondo creato. Tous ces fragmens, laborieusement extraits des recoins de quelques bibliothèques peu accessibles où ils sommeilloient, ne peuvent être que d'un grand prix aux yeux des amateurs de la littérature italienne.

Ce qui ne nous intéresse pas moins, nous autres Français, c'est une introduction assez étendue, où M. Gazzera rend compte d'un voyage qu'il a fait dans le midi de notre patrie: nous allons lui emprunter quelques détails sur l'état de diverses bibliothèques publiques; c'est ce qu'il a eu de bonnes occasions de vérifier, son but principal étant d'aller à la quête de manuscrits italiens ou concernant l'Italie.

La bibliothèque de Carpentras, donation de l'évêque Inguimbert, mérite d'arrêter momentanément l'étranger dans cette petite ville. A l'exception d'un petit nombre de volumes envoyés par le gouvernement ou offerts par des particuliers, on n'y trouve à peu près rien de ce qui a paru depuis 50 ans, mais la partie ancienne y offre 25 à 30,000 volumes des meilleurs ouvrages en tout genre, en éditions de choix et souvent rarissimes. Il y a près de Soo manuscrits; la plupart sont fort précieux. Les plus curieux sont ceux qui proviennent de chez Peiresc; ils sont au nombre de 82 volumes, et, au milieu de beaucoup de pièces relatives à l'histoire de la Provence, ou remarque des lettres autographes de maint Italien, célèbre ; il s'en trouve de Galilée qui y parle longuement de sa situation et de la cause de ses malheurs.

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Toulon possède, depuis peu d'années, une bibliothèque de 15,000 volumes; elle s'enrichit peu à peu ; elle n'a qu'un seul manuscrit; c'est une paraphrase en vers latius de l'Ecriture sainte, écrite par un anonyme, Pierre de Riga, peut-être (in-4, vélin, XIV siècle).

Marseille compte près de 40,000 volumes et de 500 manuscrits; ils sont, en général, d'un faible intérêt. On y remarque un Athenæum massiliense (ou biographie marseillaise, travail du P. Zacharie, mort en 1758; il ne serait pas indigne de l'impression), une copie du Speculum humanæ salvationis (manuscrit sur vélin, in-folio, XIe siècle, avec 162 miniatures fort médiocres, il est vrai).

La bibliothèque d'Aix, sur laquelle M. Rouard a donné une fort

boune notice, contient une copie de toute la correspondance de Peiresc; M. de Méjanes, qui avait l'intention de la publier, la fit transcrire à Carpentras et partout où il put en trouvèr trace. M. G. a, de plus, remarqué des manuscrits de deux ouvrages de Boccace (la Teseide et il Corbaccio), une relation en espagnol du siége de Malte, 1565.

30,000 volumes forment la bibliothèque de Nimes; une bonne portion, legs du savant Séguier, se rattache à l'histoire naturelle et à l'archéologie. Selon notre Piémontais, auquel nous laissons toute la responsabilité de ces paroles sévères, cette bibliothèque n'est quère fréquentée et la patrie des Séguier et des Guizot est une des villes du Midi qui délaissent le plus les belles-lettres. L'Académie du Gard s'est éteinte; la presse se borné à enfanter quelques écrits de controverse religieuse très-peu charitable ou de politique acharnée et fort intolérante: si c'est là tout ce qu'elle doit produire, il vaudroit mieux qu'elle s'en tînt à la plus complète inaction.

La correspondance de Séguier renferme une foule de lettres autographes des savants les plus distingués de l'époque, des Montfaucon, des Maffei, des Muratori, etc. C'est, pour l'histoire littéraire, une mine abondante de renseignements importants."

Narbonne, bien déchue de son ancienne splendeur, possède une bibliothèque peu considérable, mais où l'on remarque, en six énormes in-folio sur vélin, le recueil de tous les actes de son administration dans le moyen âge, comme république, vicomté ou commune. Cette collection offre à l'histoire des pièces d'un haut intérêt; beaucoup d'actes et les plus anciens sont écrits dans l'idiome provençal.

A Toulouse la bibliothèque dite du college renferme près de 40,000 volumes et de 500 manuscrits. Une portion des livres du cardinal de Brienne, ceux de Lefranc de Pompignan, ont été s'y fondre. Ce dernier possédait un grand nombre de volumes ayant appartenu à Racine; bon nombre sont annotés de la main de l'auteur d'Athalie, on doit distinguer son exemplaite des trois tragiques grecs; sur les marges il a mis des notes aux plus beaux passages qu'il a fréquemment imités. Les manuscrits ne sont encore ni classés, ni catalogués : M. G. en examina quelques-uns ; il reconnut un beau manuscrit sur vélin in-folio des épîtres de Pétrarque qui en renferme peut-être d'inédites, une copie autographe d'une nouvelle de Bandello.

Plusieurs manuscrits importants, sortis on ne sait trop de quelle façon de l'Italie, sont venus figurer sur les rayons de la bibliothèque de Montpellier. On y remarqué 15 volumes in-4° de lettres écrites à la reine Christine de Suède par les homines les plus distingués de son époque ; des copies d'ouvrages de Galilée qui pourroient offrir des variantes; deux volumes de lettres originales adressées à C. dal Pozzo (mort en 1685) par un grand nombre d'artistes et de littérateurs célèbres; un volume de lettres autographes écrites à Alde

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