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sur les lois, les formes du gouvernement, les mœurs des différentes classes des citoyens, et enfin tout ce qui a composé la société romaine. A côté de ce travail, il faut placer la savante Histoire italienne de l'économie politique au moyen âge, par le chevalier Cibrario, où l'on trouve, entre autres aperçus curieux, le prix des grains de 1289 à 1397. Pour l'économie politique moderne, il faut citer les beaux travaux statistiques des différentes administrations de la France, et ceux publiés par la savante commission piémontaise, sous les auspices du roi Charles Albert, qui trouve des hommes du plus vrai mérite pour réaliser toutes ses idées de progrès intellectuel et moral. Dans cette science, l'Angleterre a produit aussi un grand nombre d'ouvrages dont les titres seuls seroient trop longs à rapporter. Nous en avons analysé plusieurs. Cependant, l'année qui vient de s'écouler ne s'est signalée par aucun grand travail; mais cette absence de tout monument important de la science a été compensée par la multitude des publications de détail sur l'économie politique, la statistique industrielle, commerciale et financière. Les finances et le crédit sont parfaitement étudiés et compris par nos voisins. Leurs systèmes comme leurs écrits sont des modèles dans ce genre, qui commence aussi à former école parmi nous. Nous avons signalé, en effet, les recherches de MM. Pecqueur, de Ripert-Montclart, Courtet de Lisle, Gastaldi, Courcelles-Seneuil sur les Banques et le crédit, ainsi que les travaux étrangers de MM. Tucker et Chitti sur le même objet. On s'est fort occupé aussi des chemins de fer, et, si la France ne met pas à exécution quelque grand projet à ce sujet, ce n'est pas faute d'enquêtes et d'études préalables. Ce culte des intérêts matériels, comme on les appelle, qui domine depuis plusieurs années, n'einpêche pas quelques esprits moins préoccupés de leur importance de se rejeter sur le côté moral de la société, et de tenter de louables efforts pour faire pénétrer là des améliorations si nécessaires. C'est en étudiant toute la profondeur des plaies morales que l'on pourra découvrir sûrement le remède qui doit les guérir. Tel est le but que se sont proposé M. de la Farelle, dans ses Études sur l'amélioration du plus grand nombre, où il pèse les réformateurs et les institutions de bienfaisance modernes; M. Frégier, dans son livre remarquable sur l'amélioration des classes ouvrières, dont il ne se contente pas d'étudier les besoins et les vices, soigneux qu'il est d'indiquer le remède à côté du mal; les observations de M. Vil

Termé, qui a parcouru la France pour étudier sur les lieux l'état physique et moral des ouvriers, et s'est attaché à en tracer le portrait dans les principales industries.

La géologie et l'agriculture sont aujourd'hui cultivées avec plus de succès que jamais en Europe. L'application de la géologie à l'agriculture a fait de cette dernière une véritable science, ayant maintenant ses systèmes, ses règles et ses lois. L'agriculture appliquée à l'industrie, et principalement à l'industrie séricicole, jouit aussi d'une véritable faveur; le succès des leçons de MM. Beauvais, d'Arcet et Dumas l'indique en France;. et la réputation européenne de M. Bonafous, sans contredit le plus habile des agronomes de l'Italie, prouve que les populations savent reconnaître ce que l'on fait pour leur richesse et leur prospérité.

L'histoire naturelle a fourni récemment quelques ouvrages dignes de remarque. En France, rien ne donne mieux l'idée de l'état de nos sciences chimiques et physiques, que les travaux et les publications de l'Académie des sciences, vraiment sans rivale en Europe, foyer où s'élaborent tant de découvertes remarquables, et qui s'est honorée naguère, par son discernement et son empressement, à doter le monde savant de la brillante invention de M. Daguerre. L'éclat et la popularité des travaux de l'Académie des sciences nous dispensent de les rappeler, et chacun juge par là de la position scientifique de la France en Europe. Ce n'est pas à dire que les autres nations n'aient produit aucune œuvre digne d'éloges dans ces diverses branches que nous avons signalées : nous avons appelé l'attention publique sur plusieurs ouvrages allemands d'une haute portée. Nous rappelons surtout à nos lecteurs l'histoire et la bibliographie de la Géognosie, par M. Keferstein, que distinguent tant de précieux renseignements sur l'art des métaux dans les contrées septentrionales de l'Europe, depuis le sixième siècle jusqu'à ce jour. Quant à l'étude de la médecine en France, elle a toutes les allures de la science la plus relevée. Sans entrer dans aucun détail sur les publications de la médecine pratique, nous nous contenterons de signaler le beau travail de M. Littré sur les OEuvres d'Hippocrate dont il a entrepris la traduction, et où il a déployé toute la science du philologue et toutes les connoissances de l'art (1).

(1) La Revue de Bibliographie analytique nous semble destinée à fournir

Philologie et littérature ancienne.-L'époque où l'on a commencé à exhumer les restes de l'antiquité classique enfouis dans la poudre des siècles exerça une si grande influence sur les esprits de l'Europe, qu'elle a reçu le nom de renaissance. Cette résurrection des temps anciens se poursuit depuis quatre siècles. Mais, malgré les efforts des savants les plus habiles et les plus profonds pour mettre à jour l'antiquité grecque et romaine, ils n'ont pu parvenir encore à épuiser cette mine sans cesse exploitée et toujours féconde. Notre siècle cependant, il faut l'avouer, a beaucoup fait dans cette voie, et les travaux les plus récens témoignent du progrès de la science philologique et de la critique en Europe. Nous allons indiquer rapidement quelques-uns des principaux résultats obtenus.

La poésie grecque a été, cette année, l'objet de quelques publications importantes. On a reçu, entre autres, la première collection des fragmens des poëtes épiques qui ont vécu entre Homère et Alexandre, par M. Duntzer; les restes de quatre de ces poëtes ont été traités plus philologiquement par M. Dübner, qui a fait entrer son travail dans la collection Didot. La connoissance de la Théogonie d'Hésiode a été avancée par les notes posthumes de Wolf et les recherches de M. Ranke; Quintus de Smyrne, négligé depuis longtemps, a été fort amélioré dans un grand nombre de passages par les publications de M. Spitzner et par l'édition que M. Lhers

tous les élémens d'une statistique littéraire et industrielle en même temps; elle peut servir à montrer dans quelles proportions la librairie de chaque nation entre dans la publication générale, et quelles sont encore les proportions particulières dans les différentes divisions bibliographiques.

Nous n'aurions pas fait sur notre Recueil les calculs suivans qui en démontrent l'importance; mais nous les devons à l'un de nos abonnés, M. Poisson, sous-préfet de Reims, économiste distingué, qui nous a fourni à ce sujet un travail que nous aurions bien voulu insérer textuellement. M. Poisson a calculé que, dans les dix premiers mois de l'année, la Revue de Bibliographie avoit analysé, dans sa seule division des sciences et arts, 112 ouvrages, 80 françois, 13 latins, 9 allemands, 6 italiens, 3 anglois, 1 espagnol; que les ouvrages françois avoient donné 29,087 pages d'imprimerie; les ouvrages latins, 2,995 p.; les ouvrages allemands, 1,818 p., etc.; que le total des pages d'impression analysées dans cette seule série étoit de 40,134. Dans ce nombre, la philosophic y entre pour 5,210 p.; la philosophie politique, pour 8,491 p.; l'histoire naturelle, pour 1,648 p.; la médecine, pour 5,942 p.; l'économie politique et la statistique, pour 7,716 p., etc. Dans le total des pages imprimées, 23,674 sont sorties des presses de Paris. Les villes qui viennent après sont Berlin, Leipsick, Amsterdam, Bruxelles, etc.

ca a donnée dans la collection Didot. Dans la poésie dramatique, une grande lacune a été comblée par un ouvrage longtemps attendu, le Recueil des restes de la littérature comique perdue. M. Meineke, qui s'y est préparé pendant plus de trente ans, a commencé à faire imprimer ce Recueil, qui s'étend déjà jusqu'à la fin de la comédie dite ancienne. L'éditeur l'a fait précéder d'un excellent traité littéraire, où, sous le titre d'Historia comicorum, il examine l'histoire de la comédie grecque. La connoissance des pièces perdues d'Aristophane a fait, à cette occasion, un pas immense, grâce à l'ouvrage de M. Bergk, qui fait partie du précédent recueil. Ces découvertes ont été complétées par celle d'une pièce fort remarquable sur l'histoire de la comédie, retrouvée dans la bibliothèque royale et imprimée par M. Cramer dans ses Anecdota parisiensia. Nous terminerons cette énumération poétique par la mention du travail de M. Letronne sur Scymnus, qui appartient à la poésie didactique, et par celle des travaux de MM. Sander, Welcker, Welcker, Schneider, Richter et Apitzius sur les tragiques grecs.

En fait d'histoire, nous avons eu les Fasti hellenici, de Clinton, les fragmens historiques de Manethon et de Sanchoniathon; les extraits importans d'Eusèbe, dont Scaliger s'est servi et qui ont été publiés intégralement dans les Anecdota parisiensia, de même qu'un Extrait d'histoires perdues, qui sera d'une grande utilité aux éditeurs futurs de Polybe, de Dion Cassius et autres, et le Præmium de Denys d'Halicarnasse, considérablement amélioré d'après le manuscrit du Vatican, par Tieschl, dont il ne faut pas oublier de mentionner les profondes recherches sur les bibliothèques et les bibliothécaires d'Alexandrie.

La géographie ancienne s'est enrichie de la découverte si précieuse du manuscrit original des Petits géographes, que M. Miller a fait connoître au monde savant, par une nouvelle édition de Marcien d'Héraclée et par des recherches sur d'autres géographies grecs. Ce manuscrit a été encore l'objet d'une savante publication due à M. Letronne, dont les réflexions ont confirmé plusieurs des résultats critiques acquis par M. Miller. C'est ici que nous devons rappeler avec éloge le Pausanias de M. Walz, le Ptolémée de M. Wilberg, les Dèmes attiques de Leake, traduits en allemand par M. Westermann; la savante édition d'Aboulféda, par MM. Reinaud et de Slane, et les travaux de M. Tafel, sur Thessalonique, et de M. Bobrik sur Sicyone. Mais une place à part est due au grand

ouvrage de M. Walckenaer sur la géographie ancienne de la Gaule, l'un de nos monumens géographiques les plus importans depuis les travaux de d'Anville.

Les philosophes anciens forment une partie très-importante de la littérature ancienne, et des hommes éminens dirigent de ce côté leurs investigations: témoin le recueil récent des fragmens de toute la philosophie antiplatonicienne, par Kurstow; les recherches si lumineuses de M. Stallbaum sur le dialogue le plus difficile de Platon, le Parménide; les travaux sur Aristote, poursuivis en France par M. Barthélemy Saint-Hilaire, et en Allemagne par Ritter, travaux d'un mérite inégal, et dans lesquels notre compatriote a de beaucoup le dessus; et, pour achever d'établir l'importance de notre contingent philosophique, n'oublions pas de rappeler l'édition si considérablement augmentée par nos manuscrits des Morales de Plutarque, et due à MM. Didot. A cette partie de la littérature grecque il faut rattacher la publication de l'Éloge de la Chevelure, par Dion Chrysostôme, réfuté par Synésius, auquel il fut fait une réponse pareillement en grec, que M. Miller a été assez heureux pour découvrir, et qu'il a publiée avec une introduction, dans laquelle il réunit toutes les données qui peuvent fixer sur l'époque où ce morceau a été écrit et sur l'auteur qui l'a composé.

Les grammairiens n'ont point fait défaut à l'antiquité grecque. Cette année, on a reçu le texte authentique des riches scolies sur Aristophane. Les anciennes éditions étaient interpolées par quelques grammairiens; celle de Bekker, faite sur de meilleurs documens, portoit trop de traces de légèreté et d'arbitraire : M. Dindorf, pour arriver au but qu'il s'étoit proposé, a eu les copies les plus exactes des meilleurs manuscrits, et a montré, soit par la disposition du texte, soit dans ses notes savantes, ce qui provient d'une bonne et ancienne source, et ce qui doit être rejeté comme venant des grammairiens bysantins ou de plus récents encore. Un service rendu à l'antiquité grecque est aussi le commencement d'une véritable édition critique des parcemiographes; car M. Gaisford lui-même ne regardoit la sienne que comme un recueil de nouveaux matériaux, ayant négligé entièrement Apostolius, Arsenius, et surtout les notices anciennes et précieuses qui se trouvent dans les scoliastes, celui de Platon entre autres. Le Suidas de M. Bernhardy contient beaucoup d'observations neuves et qui ont

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