Obrazy na stronie
PDF
ePub

intention étoit de décrire cette précieuse collection; mais bientôt nous avons compris que le petit nombre de livres xylographiques parvenus jusqu'à nous ne pouvoit être divisé, qu'une publication partielle étoit, pour ainsi dire, sans but, sans intérêt et sans utilité; dès lors notre plan s'est agrandi, et nous avons essayé d'embrasser l'histoire complète de la bibliographie xylographique. Dans une série d'articles insérés au Bulletin, nous publierons successivement le fruit de nos laborieuses recherches; chaque livre et chaque édition seront examinés avec soin. Lorque nous n'aurons pas le volume sous les yeux, nous interrogerons les auteurs les plus érudits et les plus accrédités; nous chercherons à fixer le rang qui appartient à ces étranges productions dans l'histoire littéraire de l'Europe; nous n'oublierons pas non plus les imprimeurs-xylographes; enfin nous ne négligerons rien pour rendre ce travail plus parfait que ceux qui l'ont précédé.

Paris, 15 juin 1840.

SI.

MIRABILIA ROMÆ (germanice), in-8.

Les Mirabilia Roma étoient une espèce de guide du voyageur pour les chrétiens d'Allemagne qui alloient visiter la ville de Rome pendant le xve siècle. Cet ouvrage, qui ne porte aucun titre, contient 1° deux feuillets préliminaires; 2o l'histoire de Rome jusqu'à l'empereur Constantin, 24 feuillets; 3° une description des églises de Rome et une indication des stations (1) pour les différens jours de l'année, 65 feuillets; 4° un dernier feuillet, avec une gravure en bois, en tout 92 feuillets opisthographes imprimés à longues lignes, au nombre de 19, 20 ou 21, sur les pages entières, sans chiffres, signatures ni réclames, avec initiales; aucun signe de ponctuation; caractères gothiques; sans indication d'année, de lieu ni d'imprimeur : l'auteur est inconnu.

Le recto du feuillet 1 est blanc; au verso, une gravure en bois représente le sujet suivant: entre deux jeunes gens qui portent des cierges, un prêtre montre à la foule assemblée le suaire de sainte Véronique. Au recto du feuillet 2, on lit une table du contenu de l'ouvrage; cette page, qui contient 20 lignes, commence ainsi : Item in dem puechlein stet geschrieben wie Rome gepauet ward und vō dem erste kunig und vō yclichem kunig zu Rome wie sie geregieret haben. Und das auch die romer kaynē kunig mere wolten haben and satztten aus in haubleut und bürgermaister lange Zeit, etc. Sur le verso du feuillet 2, nouvelle gravure sur bois; à droite, un bourg sur une colline (le Capitole); à gauche, une femme (RheaSylvia) agenouillée devant la porte d'un temple; sur le premier plan, une louve allaite deux enfants (Romulus et Rémus). Dans

(1) Les stations étoient des processions que les papes faisoient autrefois dans les différentes églises de Rome principalement pendant les quadragésimes et les fêtes. Onufre Panvini, commentateur de Platina, l'auteur des Actes du pape Damase, et Anastase le bibliothécaire, dans la Vie du pape Hilaire, parlent de ces stations pendant lesquelles le peuple entendoit des sermons ou assistoit à la célébration des divins mystères. Voy. Amonitates litterariæ G. Schelhornii, tom. HI, p. 69.

la partie supérieure du recto du feuillet 3 se trouvent trois écussons celui de gauche avec l'aigle impériale et, au-dessus, le mot IMPIVM (imperium); celui du milieu avec les clefs de saint Pierre et, au-dessus, la tiare papale; celui de droite avec les lettres S. P. Q. R. (Senatus Populus Que Romanus); au-dessus le mot ROMA; plus bas, l'ouvrage commence ainsi :

Oma civitas scta
Caput mundi
R Von anbeginne
der welt м cccc

und 1 iare do throia

erstoeet (sic) ward von

dem krychischem kayser und
die fursten und hern fluben
von der grossen stat throya
auf dem mere mit grossem

guet mandre land und in den (1)

La description des églises de Rome commence, au recto du feuillet 27, par le titre suivant: Hie her noch stet geschrieben die genade und ablas und das heyltum Bey den Syben haupt kyrchen und allen kyrchen zu Rome und vil wundertzaichen und geschiecht so zu Rome ist gescheen Und alle Staciones in kyrchen uber iare. L'ouvrage finit, au verso du feuillet 91, ainsi :

Also hat das puchayn end.

Itzs uns allen kumer wend

Ā

PNS. PTVM. FVTVRVM (2)

Au recto du feuillet 92 se trouve une nouvelle gravure sur bois sans texte; dans le haut, deux anges portant le suaire; au-dessous, trois écussons: celui de gauche avec les lettres S. P. Q. R., celui du milieu avec les armes du pape Sixte IV, et celui de droite avec les clefs de saint Pierre. Le verso de ce dernier feuillet est blanc. Panzer a décrit au long cette curieuse édition. « Les caractères, «< dit le bibliographe allemand, ne peuvent avoir été fondus; ils « sont gravés; car ils diffèrent tous les uns des autres : je ne peux

(1) M. Dibdin a publié un facsimilé de ce feuillet: Ædes althorpianæ or an account of the mansion, books, and pictures, at Althorp, the residence of G. J. Earl Spencer, 1822, t. 2, p. 189.

(2) M. Dibdin a publié le facsimilé de cette souscription: loc. cit., p. 188.

1

[ocr errors]

« les comparer à aucun caractère connu; ils ont quelque ressem«blance avec ceux des anciennes éditions xylographiques de la Bible des pauvres (1). » Bernardo de Rossi possédoit, de cette édition, un exemplaire imparfait; de Rossi, qui, sans doute, n'avoit pas lu l'article de Panzer, a publié une petite brochure (2), dans laquelle il décrit son volume qu'il signale comme une production xylographique tout à fait inconnue. Lord Spencer possède un exemplaire complet qui provient des doubles de la bibliothèque de Munich et qui a été décrit par M. Dibdin (3). Apparemment M. Dibdin n'a remarqué ni la curieuse notice de Panzer, ni la brochure de Bernardo de Rossi; car il prétend que le livre a échappé aux recherches des bibliographes. Un troisième exemplaire est à Munich; il provient de la bibliothèque du couvent de Tegernsee (4). Un quatrième imparfait du dernier feuillet se trouve dans la bibliothèque de Gotha; il est intitulé par MM. Jacobs et Ukert: Das geistund weltliche Rom. (la Rome sacrée et profane) (5).

Les Mirabilia Roma ne contiennent pas moins de 180 pages de texte, chiffre énorme qui pourroit faire douter de l'existence d'une impression xylographique aussi étendue, si les témoignages de Panzer, de Bernardo de Rossi, de MM. Dibdin, Heller, Jacobs et Ukert ne s'accordoient tous sur ce point: cette édition est sans date; mais les armes du pape Sixte IV, qui se trouvent sur le dernier feuillet, indiquent que le livre ne put être imprimé que sous le règne de ce pontife, c'est-à-dire de 1471 à 1484.

L'auteur des Mirabilia Roma ne s'est pas piqué d'une grande exactitude historique; il attribue les événemens les plus étranges

(1) Die Typen können schlechterdings nicht gegossen seyn. Sie sind vielmmehr zuverlässig geschnitzt. Denn keiner kommt mit dem andern überein. Ich kann sie mit keiner bekannten Schriftart vergleichen. Am ähnlichsten sind sie der Schrift, die man auf den ältesten Holztafeln der bekannten Bibel der Armen antrift. Annalen der ältern deutschen Litteratur, no 77, p. 45.

(2) Dell' origine della stampa in tavole incise e di una antica e sconosciuta edizione zilografica del dottore G. Bernardo de Rossi. Parma, 1811, in-8. (3) Edes althorp., tome II, p. 188, no 1184.

(4) Heller's Geschichte der Holzschneidekunst, pag. 386.

(5) Beiträge zur ältern Litteratur. Ersten Bandes erstes Heft. S. 76-79.

aux empereurs dont il fait la biographie; il a puisé largement dans les traditions populaires et les légendes chrétiennes de son temps: nous en citerons quelques-unes, qui suffiront pour faire connoître l'ouvrage. L'auteur rapporte à sa manière l'histoire de Curtius, qu'il nomme Martin : «< 300 ans avant Jésus-Christ, un trou d'où sortoient des flammes et des vapeurs infectes s'ouvrit au milieu de la ville de Rome et causoit la mort de beaucoup de citoyens. Les Romains interrogèrent leur pontife; celui-ci répondit : Le trou se fermera si quelqu'un s'y jette volontairement. Alors unjeune homme appelé Martin se présenta et déclara que, s'il lui étoit permis de vivre pendant une année avec la femme qu'il lui plairoit de choisir, il se précipiteroit dans le gouffre : ces conditions furent acceptées, et, l'année écoulée, Martin accomplit fidèlement sa promesse.»> Nous retrouvons aussi cette sibylle qui, la nuit de la naissance de Jésus-Christ, montra à Auguste la Vierge et Jésus, au milieu des airs, dans un nuage d'or, prodige qui, selon l'auteur des Mirabilia Roma, convertit Auguste au christianisme. On sc souvient d'avoir déjà lu cette fable dans le chapitre VIII du Speculum humanæ salvationis; mais ce qu'il y a ici de particulier, c'est que le même fait est attribué à presque tous les empereurs suivans. A propos de la chapelle Sancta Sanctorum, l'auteur raconte qu'autrefois saint Pierre y disoit la messe en ornemens pontificaux, et que le Christ y assistoit dans toute sa gloire; l'auteur ajoute que, dans la même chapelle, l'on voit l'image du Sauveur peinte, par saint Luc, à la prière de la Vierge Marie. Dans un autre passage, on lit l'histoire de la papesse Jehanne, cette figure singulière qui a préoccupé tout le moyen âge. Ces fables, souvent ridicules, sont toujours intéressantes pour le critique qui cherche à saisir l'esprit d'une époque.

Les bibliographes indiquent plusieurs éditions latines, allemandes et italiennes des Mirabilia Roma, imprimées avec des caractères mobiles, pendant les xve et xvIe siècles (1); les éditions latines pa

(1) La Bibliothèque royale possède une édition allemande qui a échappé aux recherches de Panzer et de Hain: c'est un petit in-8 de 67 feuillets, sans chiffres, signatures ni réclames, imprimé à longues lignes, au nombre de 21 sur les pages entières, avec initiales et figures gravées sur bois ; sans indication d'année, de lieu, ni d'imprimeur; mais imprimé à Rome avec les carac tères d'Etienne Plannck. Sur le recto du feuillet 1 on lit:

« PoprzedniaDalej »