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plicité les moines les plus rigoureux. Le népotisme lui était odieux; un de ses parents l'ayant prié de contribuer à doter sa fille, il répondit : « Si je te donne peu, cela ne t'avancera guère; si je te donne beaucoup, ce sera voler les pauvres! » Il pardonnait volontiers les injures, et il eut à en supporter de la part d'un de ses collèI gues dans l'épiscopat, qui murmurait contre les ordonnances publiées par Justiniani au sujet du luxe efféminé des habits. La louange et l'approbation l'humiliaient. Sa parole facile et vive, son calme et son égalité au milieu des affaires, son visage toujours recueilli, tout en lui inspirait le respect et l'amour. Le renom de sa sainteté remplit l'Italie et l'Occident. Le Pape Eugène IV, qui l'avait mandé à Bologne, le reçut en lui disant : Salve, decus et gloria præsulum. Il jouit de la même considération auprès du Pape Nicolas V, qui, en 1451, transféra la dignité patriarcale de Grado à Venise.

Laurent, après avoir été pendant quatre ans patriarche, mourut le 8 janvier 1455. Comme on voulait le déposer, durant sa dernière maladie, sur un lit de plumes, il refusa en disant : « Mon Sauveur est mort non sur les plumes, mais sur une croix de bois. » Il ne laissa rien dont il pût disposer. Le Pape Clément VII le proclama bienheureux en 1542, et le Pape Alexandre VIII le canonisa en 1690. Bernard Justiniani, son neveu et son biographe, a laissé un catalogue des ouvrages de Laurent, comprenant des dissertations ascétiques, des sermons et des lettres. Ces œuvres ont paru réunies à Bâle, 1560; Lyon, 1568; Venise, 1606; Cologne, 1616; Lyon, 1628; Venise, 1751. Cf. Bolland., ad 8 jan., in Vita S. Laur. Justiniani; Buttler, Vie des Pères, etc., 5 septembre.

SCHRÖDL.

ENCYCL. THÉOL. CATH.-T. XII.

JUSTINIANI (BENOÎT), Jésuite de Gênes, fut, pendant un certain temps, professeur d'éloquence à Rome, puis professeur de théologie à Toulouse, et, par la suite, rappelé à Rome, où il devint directeur du Collége romain et de la pénitencerie du Vatican, en même temps que prédicateur de la cour pontificale. Il mourut le 19 décembre 1622, à l'âge de 72 ans. Il publia un Commentaire des Épîtres de S. Paul, accompagné de paraphrases et de dissertations, sous ce titre : Explanationes in omnes epistolas Pauli, Lugd., 1611-14, in-fol., qui n'est pas au niveau de celui de son contemporain Estius (1), quoiqu'il soit encore très-utile.

JUSTINIEN Jer, empereur de Byzance (527-565). Dès le règne de Justin Ier il s'était préparé dans l'empire de Byzance un changement qui tendait à la restauration d'un grand empire romain catholique, et par conséquent à la ruine des royaumes ostrogoths et visigoths, formés des débris de l'empire romain d'Occident. Cette tendance se révéla ouvertement lorsque Justinien, un an après la mort du grand Théodoric, roi des Ostrogoths (Diétrich de Bern), devint empereur de Byzance.

Justinien commença son règne en faisant protéger par Bélisaire les frontières orientales de son empire contre l'envahissement des Persans, et en effet il parvint à obliger ces ennemis acharnés du Christianisme à accorder aux Chrétiens de la Perse le libre exercice de leur religion et à renoncer à leur souveraineté sur les Lazes. On lutta non moins vigoureusement contre les Huns, et surtout contre les Vandales, qui furent vaincus, et dont l'empire, soixante-dix ans auparavant la terreur de Rome et de Byzance, fut renversé en une campagne de quelques mois par

(1) Voy. ESTIUS..

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Bélisaire (543). Gélimer, roi des Vandales, suivi des débris de son peuple, orna le triomphe de Bélisaire, et l'Afrique demeura depuis lors soumise aux Romaius jusqu'à l'invasion des Arabes en 640. La lutte fut beaucoup plus opiniâtre de la part des Ostrogoths, qui appelèrent les Persans et les Visigoths à leur secours, tandis que les Romains de l'Orient s'appuyaient contre eux sur les Franks.

L'Italie, ravagée pendant vingt années (535-554), devint un désert; Rome et toutes les grandes villes furent pillées et dépeuplées; mais le royaume des Ostrogoths fut conquis comme celui des Vandales, et les restes des Ostrogoths servirent d'auxiliaires dans la guerre contre la Perse.

Tandis que Belisaire, et après lui Narsès, tous deux plus tard si maltraités par l'ingratitude de la cour de Byzance, étendaient les frontières de l'empire, Justinien réalisait son vou le plus cher en ruinant l'arianisme. En même temps il embellissait Byzance d'églises magnifiques (Sainte-Sophie), élevait partout des ponts, des aquedues, des hôpitaux, des fontaines, des citadelles. Du confluent de la Save dans le Danube jusqu'aux bouches de ce fleuve, il éleva, aux points les plus faibles des frontières de l'empire, quatre-vingts forteresses; il fortifia les Thermopyles, protégea sa capitale du côté de la terre par un solide rempart, et garantit les frontières contre les incursions des Persans.

Au dedans le commerce et l'industrie prospérèrent. La fabrique de la soierie, qui prit bientôt un accroissement immense, fut introduite par deux moines. La science fleurit également, mais plus dans les établissements de l'État que chez les particuliers; car l'État se mêlait de tout, réglait tout, surveillait les études, fondait des écoles de droit, mais laissait volontiers

tomber les écoles de philosophie. L'E: tat ne protégeait que ce qui lui parais. sait utile à son point de vue exclusif. Justinien éleva enfin, sinon le plus important, au moins le plus durable des monuments de son règne, en faisant recueillir les lois, en donnant un corps aux codes, qui s'introduisirent en Oc cident, y opérèrent d'immenses char gements, aidèrent à fonder la domi nation des juristes, du système territorial et du droit écrit, aux dépens et au mépris de toute espèce de droit national. Dès le 7 avril 529 le Code de Justinien fut publié (1). Ce Code, outre la netteté de ses décisions, la connaissance des immenses matieres qu'il suppose et qui était le résulta de l'expérience des siècles et des hom mes les plus savants, se distinguait encore en ce qu'il était rédigé en latin, en ce qu'il était tiré des œuvres des jurisconsultes romains les plus importants et dont on n'avait négligé que les plus surannés. Il devait obtenir et exerça en effet une influence prepondérante sur les opinions de l'Occident.

Le 16 décembre 533 Justinien publia le Digeste (les Pandectes), collection tirée des écrits des plus anciens jurisconsultes ; le 21 novembre 533, les Institutes, manuel de droit ayant force de loi, et la collection des Constitutions, et ces ouvrages officiels devinrent les sources authentiques du droit. De nouvelles dispositions législatives devinrent l'occasion de la publication d'un Codex repetitæ prælectionis, et plus tard de celle d'une collection de Novelles.

Mais le bienfait de ces codes fut singulièrement amoindri par l'entassement même et le changement fréquent des lois, par la vénalité des charges et la cupidité qui caractérisa le gouverne

(1) Voy. CODE DE JUSTINIEN.

ment de Justinien. Ils ne servirent absolument à rien contre l'arbitraire de l'empereur, contre les honteuses intrigues de l'impératrice Théodora, contre la rapacité tyrannique des gouverneurs. Le peuple n'en demeura pas moins corrompu, et les mœurs furent profondément altérées jusque dans les plus hauts rangs par le mariage de l'empereur avec une courtisane. La fatale influence de cette femme astucieuse et dévergondée se révéla surtout d'une manière honteuse dans les affaires d'Italie et de l'Église, au point que S. Sabas refusa de prier pour que l'impératrice obtînt de la postérité. Elle favorisait l'hérésie monophysite; elle arracha à l'empereur la déposition du Pape Silvestre; elle fit traîner à Constantinople, maltraiter et bannir le Pape Vigile, qui lui avait fait, au sujet des monophysites, des promesses qu'il n'avait pu tenir. Ce que les Goths s'étaient à peine permis, l'empereur osa le faire, et les désordres s'accrurent au point que le bienfait de la réunion des provinces conquises en Occident avec l'empire d'Orient fut complétement anéanti. Enfin Narsès, profondément blessé par les injustices de l'impératrice, ayant, pour se venger, invité les Lombards à envahir l'Italie, la situation devint si critique que la fin du règne de Justinien présenta un triste contraste avec la gloire et la puissance auxquelles il était parvenu dans l'origine. La manie qu'avait l'empereur de bâtir, de célébrer des jeux et de faire d'autres dépenses inutiles, ruina les finances de l'État. La masse des fonctionnaires engloutit l'avoir du peuple, livré sans défense à leur cupidité et à leurs caprices. Les troupes, après de longues années de service, furent réduites aux abois, obligées de mendier leur pain; les généraux, vingt fois couronnés par la victoire, furent la victime des caprices de Théodora. Le système des impôts pesait sur le pays comme une peste

incurable. La cupidité et la prodigalité de Justinien, l'avarice et la police secrète de l'impératrice paralysèrent toute vie, tout progrès; leurs ordonnances ecclésiastiques tuèrent tout élan des esprits.

Enfin ce législateur, qui avait complétement fait défaut à la mission dont il semblait d'abord chargé, mourut six ans avant la naissance de Mahomet, dont les successeurs renversèrent la domination de Byzance, trois ans avant l'invasion en Italie d'Alboin, roi des Lombards, dont le peuple arracha aux Byzantins le fruit des victoires de Bélisaire et de Narsès.

HÖFLER.

JUVENCUS (CAÏUS VECTIUS AQUILINUS), d'une noble famille espagnole, prêtre du temps de Constantin le Grand, fut le premier poëte chrétien de quelque valeur. Il composa, en 329, Historia Evangelicæ libros IV; c'est le texte fidèle des quatre Évangélistes, surtout de S. Matthieu, mis en vers hexamètres, et sans mélange de récits incertains ou fabuleux. Comme la fidélité du récit était ce qui lui importait le plus, il s'abstint avec intention de toute digression poétique, de tout ornement étranger à la rigueur de son sujet. Cependant on sent qu'il connaît à fond la langue qu'il manie et ses beautés; les meilleurs poëtes latins lui sont familiers. On ne peut méconnaître le talent naturel de l'auteur, auquel ne manque ni la vie, ni la chaleur, ni l'abondance, ni la limpidité. En outre son poëme a, par rapport au texte de la sainte Écriture et à la manière dont on l'interprétait de son temps, une valeur particulière. A la fin de son histoire Juvencus s'adresse à l'empereur Constantin, lui rend grâce de la paix qu'il a donnée à l'Eglise, le loue d'être le seul de tous les princes qui refuse de porter les noms qui n'appartiennent qu'à la Divinité.

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