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gneront-ils les disciples de Jésus-Christ, eux qui ont si peu respecté le maître ? Ils ne manqueront pas de compter cette victoire à la suite de celles que leurs pères remportèrent autrefois sur les Amorrhéens et sur Pharaon. :

Ce que le prophète Nathan disoit à David, Jésus- 11. Reg. vii. Christ lui-même vous le dira: Je vous ai choisi du milieu de vos frères pour vous mettre à leur tête : de simple particulier que vous étiez, je vous ai fait empereur. Je vous ai soumis les nations barbares, j'ai amené à vos pieds votre ennemi, j'ai mis à votre disposition, pour le soutien de vos armées, les approvisionnements que vos ennemis avoient faits pour les leurs. J'ai jeté la confusion dans leurs conseils, j'ai enfermé l'usurpateur dans ses propres filets et lui ai enlevé tout asile, afin que ni lui, ni pas un des siens, ne vous échappât (1). Vous, en reconnoissance des triomphes que je vous ai ménagés, vous donnez à mes ennemis la victoire sur mon peuple. Si je vous rappelle tant de signalés bienfaits de Dieu en- Pag. 953. vers vous, ce n'est pas pour vous reprocher de les avoir oubliés ; non, prince, mais pour enflammer de plus en plus l'amour que vous lui devez.

Le langage que je vous tiens, je le devois moimême à ma reconnoissance pour les grâces que vous avez daigné accorder à ma prière à tant de citoyens

(1) Allusion à la victoire de Théodose sur Maxime.

Pag. 954.

Pag. 998.

sauvés de l'exil, de la prison et de la mort, ainsi qu'au zèle qui m'anime pour votre salut. Si vous ne vous en rapportez pas à moi seul, appelez tels évêques que vous jugerez à propos. Quand il est question des intérêts du fisc, vous déférez aux avis de vos comtes; dans une cause qui intéresse la religion, pourriez-vous ne pas consulter des évêques (1)?

Au très auguste empereur Théodose, Ambroise, évéque. (Après le massacre de Thessalonique).

...

Si je me renfermois dans le silence, ma conscience en resteroit chargée ; le prophète nous le déEzech. 11. 19. clare: Faute d'être averti par le prétre, le pécheur mourra dans son péché, et le prêtre sera coupable de ne l'avoir pas averti. Ecoutez donc, prince: Vous avez du zèle pour la foi, vous avez la crainte du Seigneur. Je suis bien loin de le contester; mais la nature vous a donné une impétuosité de caractère susceptible de se tourner en sentiment généreux, quand elle se calme, comme de s'emporter et de vous entraîner au-delà des bornes quand elle s'aigrit. Plaise au Ciel du moins qu'il ne se rencontre personne qui l'enflamme, s'il n'y a personne qui la modère! On peut sur les suites s'en reposer sur vousmême ; vous finissez par revenir à vous-même, et

(1) Théodose révoqua son ordonnance.

vos dispositions à la piété triomphent de votre effervescence naturelle.

J'ai voulu vous laisser à vos seules pensées, plutôt que de risquer d'attiser par une action d'éclat un premier emportement. J'ai mieux aimé paroître manquer aux bienséances, qu'au devoir de la soumission, et vous laisser le temps de réfléchir dans le calme de la conscience.

La ville de Thessalonique a vu ce qui, de mémoire d'homme, n'étoit arrivé jamais ; ce qu'il n'a pas été en mon pouvoir d'empêcher; ce que je vous avois à l'avance représenté tant de fois comme un crime énorme, et que vous-même vous vous êtes reproché, mais trop tard, comme impardonnable. A la nouvelle qui s'en est répandue, il n'est personne qui ait pu rester indifférent, personne qui n'en ait été vivement affligé.

Après vous être rendu coupable, comme David, craindriez-vous de faire ce que le roi-prophète, de qui Jésus-Christ devoit naître selon la chair, n'a pas rougi de faire? Il reconnut son péché, en disant: J'ai péché contre le Seigneur. Ne trouvez pas mau- II. Reg. xn vais, prince, que l'on vous dise: Vous avez imité David dans son crime, imitez-le dans sa péni- Pag. 999. tence (1).

Si je vous écris dans ces termes, ce n'est pas pour

(1) Quem secutus es errantem, sequere pœnitentem. ( Paulin, dans la Vie de saint Ambroise, no 24.)

13.

Pag. 1000.

vous humilier, mais pour vous exciter, par l'exemple
d'un roi, à chercher dans la pénitence la rémission,
de votre péché. Vous êtes homme; vous avez été
attaqué par la tentation, prenez le dessus. Il n'y a
que par les larmes et par la pénitence que l'on efface
le péché ; il n'y a ni Ange ni Archange capable de
le remettre autrement; le Seigneur lui-même ne
pardonne qu'à ceux qui font pénitence. Je vous con-
seille, je vous supplie, je vous exhorte, je vous
avertis. Quelle affliction pour moi de penser qu'un
prince jusque-là modèle de la plus haute piété, non
moins recommandable par une clémence sans bornes,
aussi miséricordieux envers les criminels eux-mêmes,
ait
pu s'oublier à ce point; et combien ma douleur
seroit plus vive encore, si vous restiez indifférent sur
la mort de tant d'innocents? C'étoit votre bonté que
l'on mettoit à la tête de toutes vos excellentes qua-
lités... Le démon vous a envié ce triomphe : triom-
phez-en à votre tour, tandis que Vous avez encore
de quoi le faire. N'ajoutez pas à votre péché celui
de vous attribuer ce que plusieurs se sont attribué à
leur préjudice...

Dévoué pour tout le reste à Votre Majesté, et pourrai-je ne pas l'être sans ingratitude? je suis contraint de vous déclarer qu'il me deviendroit impossible d'offrir le sacrifice, si vous vouliez y assister. Ce qui ne seroit pas permis après l'effusion du sang d'un seul innocent, peut-il l'être, après que vous

avez répandu celui de tant d'innocents? Je ne le crois pas.

<«<< Comment pourriez-vous recevoir le corps du Sauveur dans des mains toutes souillées? comment porterez-vous son sang précieux à votre bouche, vous qui avez répandu injustement le sang de tant de personnes, par une parole pleine d'emportement et de colère (1) ? »

Rendons grâces à Dieu qui se plaît à châtier ceux qui le servent, jaloux qu'il est de les conserver. En vous parlant, comme je fais, je suis l'exemple des Pag. 1001. prophètes; en vous humiliant par la pénitence,

vous suivrez l'exemple des saints (2).

(1) Traduction française de Bossuet, Defensio declarat. cleri gallic., lib. 11, cap. v, pag. 272, edit. in-4°. Paris ( Amsterdam), 1745.

(2) Istud mihi commune est cum prophetis ; et tibi erit commune cum sanctis.

Rien de plus célèbre dans l'antiquité, que la pénitence imposée par saint Ambroise à l'empereur Théodose, en expiation de son crime, et l'héroïque magnanimité avec laquelle ce prince s'y soumit.

Ire

Nos prédicateurs français ont souvent rappelé ce fait, l'un des plus beaux monuments de notre histoire. (Voyez Serm. du P. Le Jeune, serm. Ix, tom. I, ' part. , , pag. 311; La Boissière, Carême, tom. 1, pag. 326 ). Molinier : « L'histoire en est trop belle et trop instructive pour ne pas trouver ici sa place. » ( Dans un Sermon sur la communion pascale, Serm. chois., tom. 11, 2o part., pag. 190). Il en conclut le récit par cette réflexion : « S'il se trouvoit encore des Ambroise, il se trouveroit encore des Théodose, qui, à la veille de la grande solennité, repoussés de l'église, s'en retourneroient pleurer leurs crimes au fond de leur maison. S'il se trouvoit des prêtres comme ce grand évêque, il se trouveroit des péni» tents humiliés, qui diroient de ces ministres fidèles : Je n'ai trouvé que

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