Obrazy na stronie
PDF
ePub

pas assez expliquées, et d'avoir omis plusieurs choses. De sorte que la confession leur devient un fardeau des plus pesants, et un travail qui les fatigue, qui les dégoûte, et leur ôte toute dévotion. Le remède seroit de leur faire comprendre que la prudence chrétienne et les soins raisonnables qu'exige de nous l'Église ne vont point jusqu'à de pareilles inquiétudes : mais parceque souvent elles ne sont pas même en état d'entendre là-dessus raison, le plus court et le meilleur conseil qu'elles aient à suivre est de s'en rapporter au directeur en qui eles ont mis leur confiance, et de faire ponctuellement ce qu'il leur prescrit.

Outre cet excès d'une préparation trop scrupuleuse, il y en a un autre tout opposé, et beaucoup plus dangereux: c'est celui d'une préparation trop superficielle et trop légère. Car il est vrai que les personnes même religieuses, qui approchent souvent du sacrement de pénitence, doivent prendre extrêmement garde à ne s'y pas tellement habituer, qu'elles ne donnent pas à chaque confession tout le temps et toute l'attention nécessaire. Il n'y va pas moins que d'un sacrilege; et ce seroit un étrange renversement, que, bien loin de se purifier au saint tribunal, elles s'exposassent à en sortir plus criminelles devant Dieu, qu'elles n'y étoient venues. Les fautes qu'elles viennent confesser peuvent n'être que vénielles : et par la miséricorde de Dieu, ce ne sont point en effet communément des fautes grièves: mais du reste, toutes vénielles que sont ces fautes, il y a une obligation étroite et sous peine de péché mortel, en les confessant, d'en avoir une vraie douleur, et d'être dans une vraie résolution de les éviter. Sans cela, confession nulle, et abus du sacrement. Désordre où l'on peut dire dans un sens qu'une ame religieuse peut plus aisément tomber que les plus grands pécheurs. Car ces fautes, par leur légèreté, n'étant pas ordinairement d'une nature à faire beaucoup d'impression sur l'esprit et sur le cœur, elle a plus de sujet en quelque sorte de se défier de ses sentiments et de ses dispositions. C'est pourquoi plusieurs personnes vertueuses ont cette coutume très sage et très solidement fondée, joindre toujours, ou en général ou en particulier, aux fautes présentes dont elles s'accusent, quelques uns des péchés passés, qui peuvent exciter davantage leur repentir et l'assurer. Quoi qu'il en soit de cette pratique, qui n'est après tout que de surérogation et de conseil, il est certain que la fréquente confession, si louable d'ailleurs et si avantageuse, a néanmoins ses dangers, et qu'il s'y peut quelquefois glisser des défauts très essentiels. C'est à moi de voir quelle conduite sur cela j'ai tenue jusques à présent, et d'y remédier, si j'ai lieu de craindre qu'elle n'ait pas été telle qu'il convient.

de

TROISIÈME POINT. La bonne confession dispose à la bonne communion; et je n'ignore pas quelles sont, outre cette première préparation, les autres dispositions requises pour paroître dignement à la ta

ble de Jésus-Christ. Ce que j'ai donc surtout à examiner, c'est la manière dont je m'acquitte d'une action si importante; et de quoi je dois rougir en la présence de Dieu, c'est d'avancer si peu, quoique je mange si souvent le pain des anges et une viande toute divine. Une communion bien faite est plus que suffisante pour sanctifier une ame: et cependant après tant de communions je ne remarque en moi nul progrès, et je n'y vois au contraire qu'imperfections et qu'infidélités. D'où vient cela? Ce ne peut être que de ma négligence et de ma tiédeur. Car il faut convenir, non pas à la honte de l'état religieux, lequel condamne toutes mes lâchetés, mais à ma propre confusion et à celle de bien d'autres comme moi, que dans la religion même il n'y a que trop de communions très imparfaites, et dès-là très infruc

tueuses.

Je communie; mais combien de fois l'ai-je fait peut-être par un respect tout humain, ne voulant pas me séparer du reste de la communauté, ni par-là me distinguer, regardant la communion comme une gêne, et n'y allant que par une espèce de contrainte?

Je communie; mais avec quelle réflexion, soit avant la communion, soit dans la communion même, soit dans l'action de graces qui la doit suivre? La cloche m'appelle, et je marche sans avoir peut-être un moment pensé où je vais. Au milieu de la communauté assemblée, j'assiste au sacrifice de la messe avec un esprit distrait et sans dévotion. L'heure vient de se présenter à la sainte table: je m'y range à mon tour, après avoir précipitamment et confusément formé quelques actes. Enfin je reviens à ma place, et là je retombe tout-à-coup dans ma première indifférence, ne disant rien ou presque rien à Dieu. Le temps ordinaire est-il passé, je ne tarde guère à sortir, et de toute la journée je ne fais nulle attention à l'avantage que j'ai eu de participer au sacré mystère.

Je communie; mais avec quelle vue particulière et quel dessein? Au lieu de me proposer dans chaque communion une fin, selon l'avis qu'en donnent les plus habiles directeurs : par exemple, au lieu de me proposer, dans ma communion et par ma communion, d'obtenir de Dieu la grace, tantôt de mieux pratiquer telle vertu, tantôt de mieux supporter telle peine, tantôt de me corriger de telle habitude, tantôt de me fortifier contre telle foiblesse, tantôt de me ranimer dans l'exercice de la prière, tantôt de m'entretenir ou dans une régularité plus fervente, ou dans un esprit plus intérieur, ou dans une union plus intime avec Jésus-Christ, ainsi du reste; au lieu, dis-je, de tout cela, je n'ai dans toutes mes communions qu'une idée vague et sans terme; et ne les rapportant à rien, il arrive aussi que je n'en remporte rien. La source du mal, c'est que je ne sais pas faire du don de Dieu toute l'estime qui lui est due: et c'est d'ailleurs que je m'intéresse bien peu à mon avancement spirituel, et que j'ai bien peu de zèle pour a perfection de mon ame. Car si je m'appliquois sérieusement à con

sidérer la souveraine grandeur du maître qui vient en moi, sa bonté ineffable qui l'engage à se donner lui-même à moi, les richesses inépuisables qu'il apporte avec lui et qu'il veut répandre sur moi, comment irois-je le recevoir? avec quel respect et quelle sainte frayeur? avec quel bas sentiment de moi-même et quelle humilité? avec quelle reconnoissance? avec quel amour? Et si j'avois un vrai desir de me perfectionner et de m'élever, qu'oublierois-je de tout ce qui me peut rendre plus profitable un si riche trésor de graces et un sacrement si salutaire? Voilà sur quoi j'ai à me réformer; et en me réformant làdessus, je prendrai l'un des plus puissants moyens de me réformer sur tout le reste de ma vie. Car ce sont deux choses incompatibles, que de bien communier et de ne pas bien vivre selon toute ma règle et tout l'esprit de ma vocation.

[merged small][ocr errors]

CONTENUS DANS CE VOLUME.

POUR LE TEMPS DE L'AVENT.

Dans ce saint temps l'Église honore l'incarnation du Verbe. Nous ne pouvons donc mieux nous y occuper que de la méditation de ce grand mystère, où le Verbe divin est venu sur la terre, 1o découvrir sensiblement aux hommes la gloire de Dieu; 2o combattre parmi les hommes et y détruire tous les ennemis de la gloire de Dieu; 3o allumer dans le cœur des hommes un zèle ardent pour la gloire de Dieu.

I. Comment Jésus-Christ vient découvrir sensiblement aux hommes la gloire de Dieu. Qu'est-ce que la gloire de Dieu ? cette gloire de Dieu, telle que nous la devons maintenant entendre, ce sont ses perfections révélées et publiées au monde. Or n'estce pas ce que nous découvre sensiblement le Fils de Dieu dans son incarnation? C'est là que paroît la miséricorde de Dieu,

Sa sagesse,

Sa puissance,

Sa justice.

Cependant n'est-il pas étrange que Dieu soit si peu connu dans le monde, ou qu'on y vive comme si l'on ne le connoissoit point?

II. Comment Jésus-Christ vient combattre parmi les hommes et y détruire tous les ennemis de la gloire de Dieu. Trois sortes d'ennemis : le démon, le péché, les biens de la terre, ou plutôt l'amour déréglé des biens de la terre.

Il dépossède le démon de l'empire qu'il exerçoit sur la terre. Les idoles des faux dieux tombent, et les oracles se taisent.

Il efface les péchés des hommes, et en qualité de victime il présente à Dieu le sa→ crifice de notre salut.

Il attaque la cupidité et l'amour déréglé des biens de la terre en deux manières. Dans les Justes, il déracine de leur cœur cette convoitise. Dans les impies et les mondains, il la condamne au moins et la réprouve.

Comment Jésus-Christ vient allumer dans le cœur des hommes un zèle ardent pour la gloire de Dieu. Premièrement, il nous donne la plus haute estime de cette gloire de Dieu.

Secondement, il nous fait trouver pour nous-mêmes un intérêt propre et essentiel dans cette gloire de Dieu.

Par où pouvons-nous glorifier Dieu ? Par les mêmes moyens que Jésus-Christ l'a glorifié : honorons les perfections de Dieu, et reconnoissons-les. Combattons nos passions, qui sont autant de démons domestiques. Pleurons nos péchés, effaçons-les par la pénitence. Renonçons, au moins de cœur, à tous les biens du monde.

POUR LE TEMPS DU CARÊME.

Le temps du carême est un temps de pénitence.

La loi de la pénitence en général est une loi indispensable.

La pénitence du carême ne consiste pas précisément dans l'abstinence ni dans le jeûne, mais dans l'esprit d'une salutaire componction.

Cet esprit de pénitence doit nous porter à la mortification de nos passions et à un véritable changement de cœur.

A cette pénitence il faut joindre les œuvres extérieures, autant qu'elles nous peuvent convenir: mortification des sens, exercices de charité.

Surtout il faut pratiquer l'aumône.

Retrancher les plaisirs et les vaines joies du monde.

« PoprzedniaDalej »