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par les mérites de Jésus-Christ qu'elle le demande et qu'elle l'obtient. C'est pourquoi elle finit ainsi toutes ses prières : Par notre Seigneur. Jésus-Christ votre Fils, qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Or où peut-elle mieux, où peut-elle plus efficacement employer les mérites et la médiation de Jésus-Christ, que dans le sacrifice de l'autel, où Jésus-Christ en personne est la victime, et où elle offre le corps et le vrai sang de ce puissant médiateur? Dans les jours de sa vie mortelle, dit saint Paul, il fut exaucé pour la révérence qui lui étoit due (Hebr., 5). Est-il moins digne dans son sacrement de ce même égard pour sa divinité? et quand, en qualité de sacrificateur et de sacrifice tout ensemble, il s'intéresse pour nous et qu'il prie, estil rien que nous n'ayons droit de nous promettre, et rien qui nous puisse être refusé, surtout si les graces que nous demandons par son entremise sont plus selon les vues et l'esprit de Dieu? Car il y en a de différentes espèces ; et celles qui regardent l'ame, son avancement, son salut, appelées pour cela graces spirituelles, sont incomparablement au-dessus des autres.

Aussi est-ce particulièrement pour ces sortes de graces que l'Église présente le sacrifice. Elle ne l'offre jamais, qu'elle ne demande pour le troupeau fidèle, et spécialement pour tous ceux qui assistent à cet acte de religion, qu'ils soient admis au nombre des élus et préservés de la damnation éternelle; qu'ils entrent un jour dans la société des Saints, et que Dieu, dès ce monde, les comble de toutes les bénédictions célestes; que, par une conduite toujours innocente et pure, ils évitent tout ce qui pourroit les séparer de lui, et qu'une fidélité inviolable, jusques au dernier soupir de la vie, les attache sans relâche à ses commandements. Mais parceque ces demandes sont générales, et que, suivant les diverses occurrences, nous avons plus de besoin, tantôt d'une grace et tantôt de l'autre, l'Église encore, dans le cours du sacrifice, a autant de prières propres pour demander, tantôt une foi vive, tantôt un ardent amour de Dieu, tantôt la charité envers le prochain, ou l'humilité dans les sentiments, ou la patience dans les peines, ou la force contre les tentations; quelquefois l'extirpation des vices et des habitudes criminelles, d'autres fois l'extinction des schismes et des hérésies: chaque chose en détail, selon qu'elle est plus nécessaire dans les conjonctures présentes. Quelle matière à nos réflexions, dans ces moments précieux où un Dieu s'immole pour nous! quelle occasion favorable pour lui exposer chacun les misères et les besoins de notre ame! Nous les éprouvons tous les jours, nous nous en plaignons amèrement : nous nous plaignons, dis-je, du penchant de notre cœur qui nous entraîne, de la tyrannie de nos passions qui nous dominent, des illusions du monde qui nous enchantent, de nos sécheresses, de notre indifférence pour Dieu et pour tout ce qui regarde son service, de l'instabilité de nos résolutions, du peu de progrès que nous faisons, C'est un bien de ressentir nos maux; et ce

seroit le dernier malheur de ne les pas connoître et de n'en être pas touchés. Mais si nous les ressentons et si nous les déplorons sincèrement, que ne courons-nous donc au remède? que ne profitons-nous d'un temps où nous pouvons avec plus de fruit réclamer l'assistance divine, et que n'assistons-nous à l'autel, tandis qu'on y cxerce l'ouvrage de notre rédemption (Offic. Eccl.)? N'est-ce pas là que se dispensent plus libéralement les graces du salut, et n'est-ce pas à ceux qui les demandent alors avec plus de recueillement, plus d'attention, plus de ferveur et de zèle, qu'elles sont accordées avec moins de ré serve?

2. Graces même temporelles. Elles peuvent être l'objet de nos prières, et Dieu ne nous défend point de les demander. Dans la loi de Moïse, il y avoit des hosties pacifiques, soit pour reconnoître les bienfaits de Dieu déja reçus, soit pour en obtenir de nouveaux ; et ces bienfaits n'étoient communément, dans cette loi de servitude, que des avantages humains. David obtint par des sacrifices que son empire fût délivré de la peste qui le désoloit; Onias obtint de même la santé d'Héliodore, et ainsi de bien d'autres dont il est parlé dans les saints livres. Or, suivant la pensée de saint Chrysostome et de saint Augustin, le sacrifice de la loi nouvelle contient éminemment et réunit en soi toutes les propriétés des anciens sacrifices; par conséquent il n'y a point à douter que Dieu ne l'agrée, lors même qu'il lui est offert pour des biens temporels, dès qu'ils ne sont point contraires aux desseins de sa providence. Saint Chrysostome explique du sacrifice de l'autel ces paroles de l'Apôtre à son disciple Timothée : Ayez soin, je vous en conjure, qu'on fasse des supplications, des vœux, des demandes pour les rois et pour toutes les personnes d'un haut rang, afin que nous vivions, eux et nous, dans la tranquillité et la paix (1. Timoth., 2). Quand nous sacrifions à Dieu, et que, sans effusion de sang, nous lui présentons la victime, dit saint Cyrille de Jérusalem, nous prions pour la prospérité des empereurs, pour le succès de leurs armes, pour la guérison des malades, pour la consolation des affligés, pour quelque sujet que ce soit de même nature, où nous voulons attirer sur nous le secours et la protection du ciel.

Ce n'est donc point traiter indignement les sacrés mystères, ni les profaner, que d'employer les mérites de Jésus-Christ même à obtenir de telles graces. Et n'est-ce pas ce que fait l'Église, et ce qu'elle a fait dans tous les temps? Elle offre le sacrifice pour les fruits de la terre et la fertilité des campagnes, pour l'heureuse issue d'une entreprise et le gain d'un procès, pour le soutien d'une famille, pour la conservation ou le rétablissement de sa santé, et le reste; en quoi nous ne pouvons assez admirer la condescendance toute paternelle et l'immense charité de notre Dieu. Il se prête, s'il m'est permis d'user de ce terme, et il veille à tous nos intérêts. Mais est-ce à lui que nous avons recours? Dans toutes les affaires qui nous surviennent, les pa

trons dont nous recherchons d'abord l'appui, sont-ce les ministres du Seigneur, sont-ce les prêtres? et parmi les moyens que nous prenons pour réussir, le sacrifice de nos autels est-il, comme il le devroit être, notre première ressource? C'est toutefois la plus convenable et la plus certaine; mais avec cette condition essentielle, qu'elle ne soit mise en œuvre que pour de justes causes et des intérêts légitimes. Car de présenter le sacrifice, ce sacrifice de louanges, ce sacrifice de propitiation, ce sacrifice d'impétration; de l'offrir, dis-je, pour avoir de quoi contenter nos passions, de quoi nourrir nos cupidités, de quoi flatter notre orgueil, de quoi fomenter tous nos désordres, ne seroit-ce pas l'usage le plus abominable? ne seroit-ce pas de tous les abus le plus énorme? Cependant, tout énorme qu'il est et qu'il nous doit paroître, est-il sans exemple?

QUATRIÈME JOUR. Jésus-Christ conversant avec les hommes dans l'Eucharistie.

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SERMON

SUR LES ENTRETIENS INTÉRIEURS AVEC JÉSUS-CHRIST DANS LE SAINT

SACREMENT.

In terris visus est, et cum hominibus conversatus est.

Il s'est fait voir sur la terre, et il y a conversé avec les hommes. BARUCH, chap. III.

Ce fut pendant sa vie mortelle que le Fils de Dieu parut sur la terre, et qu'il se fit entendre sensiblement aux hommes en leur annonçant son Évangile. Ce temps est passé : ce Dieu-Homme, depuis son ascension au ciel, a disparu : mais vous le savez, Chrétiens, il ne s'est point pour cela séparé de nous, il ne nous a point quittés; sa parole y étoit engagée, et il l'avoit promis solennellement à ses disciples assemblés sur la montagne des Olives, pour y être témoins de son triomphe. Car voilà, leur dit-il dans ce dernier adieu qu'il leur fit, voilà que je suis avec vous jusques à la fin des siècles (Matth., 28). Il y est en effet, et, ce qui doit plus nous toucher, il y est comme un ami qui se communique à nous, qui converse avec nous, et qui nous permet de traiter nous-mêmes et de converser avec lui. Pieux et saints entretiens, sacrés colloques entre Jésus-Christ et l'ame fidèle. Que n'en connoissons-nous toute la douceur et les avantages inestimables ! Il ne tient qu'à nous, puisqu'il ne dépend que de nous d'en faire l'épreuve, et qu'on ne peut mieux les connoître que par l'expérience. C'est ce qui faisoit dire au Prophète : Goûtez, et voyez combien le Seigneur est doux (Psalm. 33). Prenez garde; il ne disoit pas, Voyez d'abord, et puis vous goûterez; mais il disoit, Goûtez, et parlà vous verrez, vous apprendrez, vous connoîtrez. Je viens donc vous inviter, mes chers auditeurs, non point encore à la table de JésusChrist, mais à son autel et devant son tabernacle. C'est là qu'il vous attend pour vous faire part de ses plus intimes communications, et

c'est en son nom que je vous y appelle. Je viens vous expliquer quel heureux commerce vous pouvez avoir avec Jésus-Christ, soit en l'écoutant, soit en lui répondant; et, pour vous proposer tout mon dessein en deux paroles, je veux vous apprendre comment Jésus-Christ nous parle dans son sacrement, premier point; et comment nousmêmes, dans ce sacrement, nous devons parler à Jésus-Christ, second point. Matière dont peut-être vous n'avez point été jusques à présent assez instruits, et qui mérite par son importance toute votre réflexion.

PREMIER POINT. Comment nous parle Jésus-Christ dans son sacrement. Il nous parle intérieurement, il nous parle affectueusement, il nous parle utilement, il nous parle à tous et en tout temps. J'aurois dans ces quatre articles de quoi fournir à un discours entier. J'abrège, et je me contente d'en tracer ici une idée générale.

1. Il nous parle intérieurement. Il y a une voix de Dieu secrète et tout intérieure. Elle n'éclate point, elle ne fait sur les sens nulle impression; mais imperceptiblement et sans bruit, elle va jusques à l'oreille du cœur, et se fait entendre à l'ame. Ainsi Dieu se faisoit-il entendre à Jérusalem: Je la conduirai dans la solitude, et là je lui parlerai au cœur (OSÉE. 2). Ainsi se faisoit-il entendre au Prophète royal, comme ce saint roi nous le marque lui-même : J'écouterai ce que le Seigneur me dit au-dedans de moi-même (Psalm. 34). Ainsi le bon Pasteur se fait-il entendre à ses brebis: Je les connois, elles me connoissent, et elles entendent ma voix (JOAN., 10). Or voilà comment Jésus-Christ nous parle dans son sacrement. Certaines lumières dont il éclaire l'esprit, certains sentiments qu'il excite dans le cœur : tel est son langage. Langage muet, mais qui, dans un moment, en dit plus mille fois et en apprend plus que toute l'éloquence humaine n'en peut exprimer. Langage intelligible à l'ame fidèle, recueillie, comme Madeleine, aux pieds de Jésus-Christ, et, selon la comparaison de l'Écriture, recevant en silence la divine parole comme une rosée qui découle sur elle et la pénètre. Vous ne l'entendez pas, mondains, ce langage, vous ne le comprenez pas pourquoi? parceque vous ne vous mettez jamais en disposition de l'entendre ni de le comprendre; parceque vous êtes tout répandus au-dehors et tout extérieurs; parceque, dans la maison même de Dieu, et jusque dans le sanctuaire, vous ne savez point rentrer en vous-mêmes, que vous ne le voulez point; que, par mille pensées vaines et sans arrêt, par mille souvenirs, mille soins qui vous occupent, vous tenez toutes les avenues de votre cœur fermées à cette manne céleste. Mais ouvrez-le, autant qu'il est en votre pouvoir; mais appliquez-vous, et prenez toutes les mesures convenables pour vous rappeler à vous-mêmes devant l'autel du Seigneur, et pour éloigner les obstacles qui vous rendent sourds à sa voix : ce ne sera point en vain : ce qui n'étoit pour vous qu'obscurité

et que ténèbres se changera dans un plein jour; ce que vous traitiez de repos oisif et d'heures inutilement consumées vous deviendra un temps précieux; vous ferez vos plus chères délices de ce qui vous sembloit insipide et sans goût, et votre peine alors ne sera plus de demeurer en la présence du sacrement de Jésus-Christ, mais de vous en retirer.

2. Il nous parle affectueusement. Dans ce sacrement d'amour, peutil parler autrement que par amour et qu'avec amour? Il disoit à ses apòtres dans la dernière cène, et dans ce long et admirable discours qu'il leur tint: Je ne vous donnerai plus le nom de serviteurs, parceque le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais vous êtes mes amis, et comme entre les amis il n'y a rien de caché, c'est pour cela que je vous ai decouvert tout ce que j'ai appris de mon Père (JOAN., 15). Voilà ce qu'il dit encore aux ames devotes qui le viennent visiter, et voilà comment il se comporte à leur égard. En leur parlant, il accompagne, et, pour m'exprimer de la sorte, il assaisonne ses paroles de toute l'onction de sa grace. Qui peut dire quels sont les merveilleux effets de cette onction divine? Est-il une ame si froide que tout-à-coup elle n'enflamme, une ame si dure qu'elle ne fléchisse et n'attendrisse, une ame si lente et si endormie qu'elle ne renue, et dent elle ne réveille toute l'activité? David, à la seule vue de l'arche d'alliance, sentoit son cœur tressaillir d'une sainte joie, et ne la pouvoit même tellement contenir dans le secret de son ame, qu'elle ne se communiquát jusques à sa chair et à tous ses sens, Du moment que Marie, enceinte de Jésus et le portant dans ses chastes flancs, salua Élisabeth, JeanBaptiste, renfermé lui-même dans le sein de sa mère, ressentit la présence de ce Messie, et fut rempli d'une subite allégresse, Impressions vives et pénétrantes qui ravissoient les Saints, qui les transportoient hors d'eux-mêmes, qui les plongeoient dans les plus profondes et les plus douces contemplations, qui quelquefois leur faisoient verser des torrents de larmes, qui, sans fatigue, sans ennui, les attachoient devant l'adorable sacrement pendant les heures et presque les journées entières. Que votre parole est touchante, Seigneur! qu'elle est insinuante! C'est ce que chante l'Église dans l'office de cette fête. Mais, hélas! que sert-il que Jésus-Christ nous parle, ou qu'il soit ainsi disposé à nous parler, si nous n'allons à lui, si nous ne nous rendons assidus auprès de lui, si même nous le fuyons, bien loin de le rechercher, et si, par le plus injuste et le plus faux de tous les préjugés, nous regardons comme une gêne de converser quelques moments avec lui?

3. Il nous parle utilement, c'est pour notre bien. Et que nous ditil en effet? de quoi nous entretient-il? des voies où nous devons marcher, et qu'il nous enseigne; des écueils que nous devons éviter, et qu'il nous découvre; des vaines opinions, des erreurs dont nous nous laissons préoccuper, et dont il nous détrompe; des degrés de sain

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